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L’humanité plurielle : un frein au populisme

18 mars 2017, 07:31

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Il y a eu un sursaut. Il y a donc encore de l’espoir. L’Europe peut recommencer à rêver d’un destin commun.

Après le Brexit et les élections américaines, l’effet domino ne s’est pas produit aux Pays-Bas. Les Néerlandais ont dit non, cette semaine, au populisme, alors que la menace Le Pen plane sur la France.

Un électorat, surtout jeune et féminin, a grandement soutenu les verts et a pu venir à bout de l’extrême droite néerlandaise.

Malgré sa défaite, Geert Wilders, député d’extrême droite, résolument anti-islam, dont le Parti pour la liberté (PVV) a quand même remporté 19 sièges aux législatives, ne cesse de revendiquer «un succès» malgré sa deuxième place ex-aequo avec deux autres formations derrière les libéraux du Premier ministre Mark Rutte. «Électeurs du PVV, merci ! Nous avons gagné des sièges ! Le premier succès est acquis !» a tweeté le député controversé, «et Rutte n’est pas encore débarrassé de moi !»

À un peu plus d’un mois de la présidentielle française et en amont des législatives allemandes, des yeux inquiets étaient braqués sur la formation de Wilders – dont la progression serait synonyme de celle du populisme en Europe.

Face aux enjeux divisionnistes et anti-européens, l’élection néerlandaise a été marquée par un taux de participation de 81 % des 12,9 millions d’électeurs, indique Ipsos. À titre de comparaison, aux dernières élections de 2010 et 2012, ces taux étaient nettement inférieurs, soit de 74,6 % et 75,3 % respectivement.

Fortement teintée par les sensibles dossiers de l’identité et de l’immigration, la campagne s’est intensifiée avec l’éclatement, le week-end dernier, d’une crise diplomatique avec Ankara, après l’interdiction faite par les autorités néerlandaises à des ministres turcs de participer à des meetings en faveur du président Recep Tayyip Erdogan.

Il est intéressant de rappeler que le système électoral néerlandais – à la proportionnelle presque intégrale – oblige à créer des coalitions. Avec 28 partis candidats, la formation du gouvernement pourrait prendre des mois – le record est de 208 jours – et nécessiter un accord à quatre ou cinq partis… pas facile !

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En France, la société veille au grain. Certains veulent protéger les emplois en éliminant les étrangers, un peu comme le fait Trump, mais en se servant d’une clause baptisée «clause Molière».

Née en mars 2016, la «clause Molière», une invention populiste, suscite actuellement la polémique dans l’Hexagone. Elle rend obligatoire l’utilisation de la langue française sur les chantiers de construction. À première vue, elle paraît être pratique mais, en fait, elle est vicieuse et porte, en elle, des germes de xénophobie, soit une vraie tartufferie au sein du pays des droits humains.

La «clause Molière», destinée à lutter contre l’afflux de travailleurs détachés en France (286 000 en 2015 contre 7 500 en 2000), s’est, bien évidemment, invitée dans le débat électoral.

Le Front de gauche estime que cette clause est «abusive», «discriminatoire» et représente «une tentative d’imposer la préférence nationale». La clause est aussi contestée par le Medef. «Vous commencez comme ça, et puis après vous commencez à faire du favoritisme, et puis ensuite vous fermez les frontières françaises, et puis vous finissez par sortir de l’euro», a averti son président, Pierre Gattaz.

Selon le quotidien Le Monde, l’objectif assumé de cette mesure est de favoriser les entreprises locales: le président d’Auvergne-Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez (Les Républicains), ne s’en cache pas. Depuis l’élargissement de l’Union européenne, la France cherche à échapper au «plombier polonais».

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Heureusement qu’au pays de Trump, les contrepouvoirs fonctionnent. Des juges et une cinquantaine d’entreprises américaines du numérique s’opposent en justice à un second décret présidentiel, interdisant l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de plusieurs pays. Ce qui a donné lieu à une suspension de la mesure, pour l’instant.

Mais, conformément aux promesses électorales (Trump est l’un des rares à s’y coller – contrairement à ceux de Lepep dont les promesses ne sont pas toujours tenues), la course à l’armement légal autour de l’immigration se poursuit...

… Le sursaut américain, comme celui des Néerlandais, vient des citoyens et des libres-penseurs qui échappent au populisme de bas étage.

L’initiative des 130 entreprises, dont Google et Facebook, souligne que l’idée d’un Internet mondial et la vision des technologies comme ouvrant les frontières demeurent des fondements de l’industrie technologique. Zuckerberg a même plaidé son cas personnel : «Mes arrière-grands-parents sont venus d’Allemagne, d’Autriche et de Pologne. Les parents de [mon épouse] Priscilla étaient des réfugiés venant de Chine et du Vietnam. Les États-Unis sont une nation d’immigrants, et nous devrions en être fiers.»

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Et chez nous, à Maurice, où le métissage se décline à chaque coin de rue, d’aucuns insistent toujours que seul un Vaish peut être Premier ministre ?!