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L’Afrique, ses défis et ses milliardaires

15 mars 2017, 10:22

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L’Afrique se réveille sans complexe pour mieux se repositionner dans la nouvelle configuration géopolitique. Hier, on parlait de Davos avec les grands seigneurs de la planète et les icônes de la finance internationale. Aujourd’hui, c’est un autre Davos, toutes proportions gardées, qui émerge, celui de l’Afrique, qui sera lancé à Maurice.

Réplique de la grand-messe de Davos, l’African Economic Plateform se veut un forum privilégié, initié par la Fondation de l’Union africaine, et qui réunira du 19 au 21, décideurs politiques, dirigeants d’entreprises, acteurs de développement et les membres de la société civile pour se pencher sur la problématique du développement économique. Mais aussi sur les enjeux d’un libéralisme économique mondial débridé qui fragilise chaque jour l’architecture de certaines sociétés africaines et pousse à la marginalisation des populations entières qui n’arrivent pas à prendre le train de développement.

Car la finalité de ce forum, qui s’inspire des aspirations de l’Agenda 2063, est d’avoir une Afrique prospère fondée sur une croissance inclusive et un développement durable. Ce qui implique une économie structurellement transformée menant à des opportunités économiques pour tous. Or, les spécialistes sont aujourd’hui catégoriques : l’Afrique n’a pas encore tiré pleinement profit de ses abondantes ressources naturelles comme moteurs de croissance. Selon la Banque africaine de développement, le continent africain possède 30 % des réserves minérales du monde, environ 10 % des réserves pétrolières et 8 % des ressources en gaz.

Il dispose également de la deuxième plus grande forêt tropicale au monde.

En même temps, l’Afrique vit mal sa transition politique, confondant souvent les caisses de l’État et les comptes bancaires personnels de ses dirigeants. Depuis la fin de la colonisation, presque tous les pays africains ont été dirigés par une élite sans vision politique à moyen ou long termes. Or, cette élite, qui s’est substituée aux anciens colonisateurs, a été incapable d’ambition politique et économique et s’est davantage préoccupée d’elle-même que des peuples dont elle prétend défendre les intérêts. Résultat : le système colonial a été purement et simplement perpétué au fil des années sous une autre forme dans les domaines politique et économique.

À cela, il faut ajouter la précarité de l’environnement économique qui ne favorise pas les investissements, et le poids des activités qui pullulent dans la filière informelle. Du coup, l’indépendance est donc devenue étrangement une véritable dépendance vis-à-vis des puissances étrangères, en particulier des anciennes puissances coloniales. Faute de réflexions en vue d’amorcer un changement de cap, les politiques actuelles naviguent à vue. Les États sont gérés à la petite semaine par les dirigeants, incapables d’incarner l’espoir des lendemains qui chantent pour leurs populations. Le réveil est entre-temps brutal avec les projections d’institutions financières comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international rappelant les réalités des performances économiques contrastées dans des pays du continent. Africa’s Pulse, publication semestrielle du Groupe de la Banque mondiale, note qu’après avoir ralenti à 3 % en 2015, le taux de croissance de l’Afrique subsaharienne devrait continuer de baisser à 1,6 % en 2016, son niveau le plus bas depuis vingt ans. Et ajoute que «les difficultés économiques rencontrées par les principales économies de la région (le Nigeria et l’Afrique du Sud en particulier), qui subissent toujours les contrecoups de la chute des cours des matières premières, expliquent ce ralentissement ».

Mais tout n’est pas perdu. La participation de deux milliardaires nigérians, Aliko Dangote et Tony Elumelu à cet Africa Economic Forum, demeure néanmoins une lueur d’espoir pour l’Afrique. Le continent compte aujourd’hui 165 000 millionnaires qui cumulent une fortune globale de 860 milliards de dollars. Un continent aux deux extrêmes… Quid d’un système qui favorise l’émergence des millionnaires ?