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PTr : l’autre Hindu House ?

27 février 2017, 14:30

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Ironie. Réalité. Entêtement. Voilà des termes qui pourraient résumer la situation de Brian Glover.

Ironie, car il nous semble qu’il est victime d’un traitement discriminatoire de la part des réactionnaires du PTr, qui n’apprécieront pas son franc-parler.

Réalité, triste réalité, car le jeune idéaliste qu’il est se retrouve confronté à la dure réalité des pensées sectaires et réelles de certains politiciens, qui pensent, ni plus ni moins, comme le sectaire Veeren Ramdhun, à Grand-Bassin, en fait.

Entêtement, parce qu’après avoir attendu, en vain, le ticket promis par Navin Ramgoolam, en décembre 2014, il persiste à croire, peut-être naïvement, mais, certainement, avec conviction, que l’interview qu’il nous a donnée, en fin de semaine, pourrait contribuer à changer le PTr en mieux. Nous sommes, nous, bien plus sceptiques que lui.

Celui qui était à la tête de l’Equal Opportunities Commission (EOC), renvoyé par le gouvernement Lepep malgré – ou précisément à cause – du bon travail qu’il accomplissait à l’EOC, en questionnant les nominations outrageantes de Vijaya Sumputh (Cardiac Center) et de Youshreen Choomka (IBA), a été nommé au Bureau politique des Rouges par le leader. Mais manifestement, cette nomination n’a pas plu à quelques caciques du parti – qui se sont mis en tête de lui rendre la vie difficile, et de l’éloigner, même physiquement, de Navin Ramgoolam. Lors d’une récente cérémonie, à Pointe-Canon, on a vu un trio venir s’intercaler entre lui et le leader. Plus d’un ont trouvé ce petit jeu ridicule, si ce n’est enfantin...

Et alors qu’il prenait la parole à La Louise, pour son baptême du feu politique, confiant que cela allait être sa circonscription, comme promis, Brian Glover, farouche adversaire de Xavier Duval, aura vu, sans doute, son ticket au nº 18, s’envoler, une deuxième fois, avec la cassure du PMSD du gouvernement Lepep. C’est un secret de Polichinelle. Le PMSD et le PTr vont finir par s’allier. C’est une question de survie, pour ces deux partis.

Et Ramgoolam, le stratège, va entre-temps s’accrocher au leadership du PTr, comme un bigorneau s’accroche à une roche noire. Il donnera l’illusion d’un renouveau en recrutant des Brian Glover, qu’il mettra, tantôt en avant, tantôt en retrait. Mais au fond, il va menacer les camps qui s’affrontent, en s’affichant avec Patrick Assirvaden, tout en rassurant Brian Glover, en se servant de la lutte des classes (un peu dépassée) d’un Dev Virahsawmy pour qu’Ezra Jhuboo, devenu silencieux, rentre tranquillement dans sa coquille, à Tamarin. Il va s’arranger pour que des dinosaures, comme Ah Fat, reviennent, et que des Jeetah et Bachoo restent dans les parages, et fera semblant d’écouter les critiques, devenues acerbes, d’Arvin Boolell, ou les conseils de Kailash Purryag, qui rêverait d’un retour en force…

Dans ce monde de mouvements, de courants, de campagnes et de suiveurs, Ramgoolam, malgré ses ennuis judiciaires (il n’est pas encore sorti de l’auberge !), demeure le maître de l’échiquier, en jouant les uns contre les autres, comme dans une pièce de théâtre. Après avoir manifesté publiquement sa colère due au fait que les quatre députés travaillistes s’allient, dans les couloirs du Parlement, avec le MMM et le PMSD – pour préparer la marche de l’opposition contre l’accession de Pravind Jugnauth–, Shakeel Mohamed nous donne l’impression d’avoir eu si peur de «Nuvin» qu’il a précipité une motion de censure contre Hanoomanjee, cette fois-ci, sans consulter le leader de l’opposition et celui du MMM. Du coup, la motion en question a bien moins de poids – car provenant d’un simple député – et pourrait être juste un pétar fizet face aux biscuits...

***

L’express n’est pas de ceux qui reprochent au PTr de ne plus être celui de 1936, celui des Curé, Rozemont, Anquetil, Seeneevassen, etc. D’ailleurs, s’il l’était encore, que ferait-on de ce fossile vivant, dont l’image ressemble de plus en plus à son QG, qui tombe en décrépitude (alors que ses membres caracolent en berlines allemandes) ? Peut-être, nous dira-t-on que c’est parce que les Rs 220 millions de Ramgoolam ont été saisies aux fins d’enquête ?!

Le PTr de Navin Ramgoolam n’a clairement ni l’honnêteté ni l’imagination d’appartenir à 2017. Face aux dérives des Jugnauth et de certaines associations socioculturelles, les travaillistes opposent un reflet quasi similaire, en refusant de se moderniser. Pour un parti qui aspire à revenir au pouvoir, à la tête d’un pays qui court vers ses 50 ans d’indépendance, c’est grave et dangereux. C’est notre humble avis de journaliste. Et il suffira au leader de déclarer devant ses fidèles qu’il ne lit pas la presse, comme le président de la Hindu House l’a dit à Grand-Bassin, sous le regard complice de Pravind Jugnauth, pour que Ramgoolam continue, impassible, sourd, à tirer son parti – et une partie du pays avec – vers le bas.