Publicité

Photo opp

27 janvier 2017, 07:29

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

Réunion de l’opposition parlementaire, lundi dernier, pour décider de la tenue de la manifestation pacifique de cet après-midi.

 

Il y a des photos qui ne meurent jamais. Par exemple, celle faite le 11 février 1945, devant le palais de Livadia, à proximité de Yalta, réunissant Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et Joseph Staline, les chefs des trois puissances alliées contre l’Allemagne nazie. Une photo qui a généré beaucoup d’interprétations et de mythes par rapport au «partage du monde». Elle continue de faire parler étudiants, historiens et stratèges de par le globe.

Toutes proportions gardées, chez nous, nos photographes ne pourront pas immortaliser aujourd’hui, sur la Place d’Armes, nos trois chefs de l’opposition, en l’occurrence, Xavier Duval, Paul Bérenger et Navin Ramgoolam, marchant côte à côte pour protester contre le deal «papa-piti» des Jugnauth. Ce n’est pas parce que deux des trois souffrent eux-mêmes, à des degrés divers certes, du syndrome dynastique «papa-piti», mais simplement parce que leurs intérêts sont trop divergents pour montrer un front uni, même si c’est un «one off», une manifestation ponctuelle, et pacifique.

Opportuniste, le nouveau leader de l’opposition a tenté, en début de semaine, de jouer au rassembleur en animant une conférence de presse conjointe entre les parlementaires de l’opposition pour annoncer le «sit-in» d’aujourd’hui. Flanqué des parlementaires Bérenger, Mohamed et Ganoo, Duval a laissé, subtilement, entendre que ce «sit-in» serait «parliamentary led». Ce qui devait, stratégiquement, arranger le leader du MMM, étant donné que le leader du PTr n’est pas parlementaire, et que Bérenger a, plus d’une fois, fait comprendre qu’il n’était pas question pour lui de s’afficher aux côtés de Ramgoolam – le goût de la déroute de décembre 2014 étant encore amer…

Soufflant le chaud et le froid, Duval a ensuite essayé de dissuader Ramgoolam en arguant, mardi, sur les ondes de Radio Plus, que c’était mieux que le leader du PTr, «à cause de ses ‘issues’», ne participe pas à la marche. Une façon de garder Bérenger «on board». Sauf que cette déclaration de Duval, couplée à son aveu qu’il avait, plus que jamais, des visées premier ministérielles, aura, tout de suite, mis les rouges en boule.

Par conséquent, Ramgoolam a, non seulement fait reculer Duval, en qualifiant la déclaration de ce dernier de «simple malentendu», mais le leader rouge, qui n’apprécie pas trop qu’on lui fasse de l’ombre, a aussi délibérément haussé les enchères : «Non seulement nous serons présents au sit-in, mais c’est nous qui allons réunir la plus grosse foule.» C’était suffisant pour casser le momentum de l’opposition. Et c’était fait exprès!

En prenant ainsi les devants, Ramgoolam démontre clairement que ce n’est pas Duval, mais lui qui donne le la au sein de l’opposition, même s’il n’est pas présent au Parlement. En essayant de réunir Ramgoolam et Bérenger, Duval a joué gros et a perdu.

En s’éloignant du PMSD et du PTr, Bérenger, même s’il est également contre le deal «papa-piti», ne veut pas que son parti soit assimilé au tandem rouge-bleu. Au final, au-delà des signaux de protestation qu’elle voulait envoyer, l’opposition révèle, surtout, qu’elle avance en rangs dispersés. Car, manifestement, il y a trop de chefs dans l’opposition… En face, les stratèges du pouvoir célèbrent une demi-victoire (ils ont semé la zizanie parmi les opposants) et une demi-défaite (ils n’auront pas leur «photo opportunity» Navin-Paul)…