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2017 ou l’obligation des résultats

8 janvier 2017, 10:35

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2017 ou l’obligation des résultats

Donc, à écouter le Premier ministre, 2017 sera l’année des grands chantiers, soit celle qui sera témoin de la sortie de terre de quatre smart cities, celle qui verra également le début des travaux du projet Metro Express et du Road Decongestion Programme. Donc, après avoir «nettoyé» le pays en 2015 et «posé», dit-il, «les premiers soubassements» en 2016, SAJ affirme que nous serons cette fois témoins de la transformation du pays. Et ajoute qu’il est confiant de réaliser un deuxième miracle économique.  

Même si l’on peut sourire devant son message de fin d’année parfois candide, parfois curieux et qui relève plutôt d’un exercice de communication, reste une certitude à laquelle le chef du gouvernement et les siens ne peuvent échapper cette année : son équipe est condamnée à produire des résultats. Si comme le Premier ministre l’a affirmé le 31 décembre dernier, son gouvernement ira «jusqu’au bout de son mandat», si tant est vrai que l’alliance au pouvoir apportera «beaucoup d’opportunités pour la population et aux jeunes en particulier», lui et ses pairs n’ont d’autre choix que d’illustrer à travers des faits concrets ses affirmations.

Et ce ne serait pas trop tôt. Car SAJ aura beau dire qu’il a nettoyé le pays, l’on retient qu’il a enlevé la clique d’avant pour placer les membres de son clan, l’on n’arrive toujours pas à comprendre le raisonnement derrière le «nettoyage» de la BAI, tout comme il est surprenant que la plupart des charges retenues contre Ramgoolam, principale cible visée par l’opération karcher, soient rayées par manque de preuve. SAJ aura beau dire que le peuple a eu raison de sanctionner la gestion catastrophique de l’ancien gouvernement «kot ti ena skandal par seri», l’on pourrait répondre qu’en seulement deux ans, son équipe a battu le record des scandales quand les membres de son gouvernement n’ont pas illustré publiquement leur incompétence dans la gestion du pays. Le Premier ministre aura beau dénoncer le «complot» qui mettait notre démocratie en danger, quand Ramgoolam négociait avec Bérenger sur le partage des rôles au sommet de l’État, l’on pourrait opposer qu’une éventuelle succession au pouvoir, sans passer par des élections générales à la tête du pays, représente également un gros danger pour notre démocratie.

D’ailleurs, à ce propos, les élus de la majorité seraient bien inspirés d’arrêter de se substituer au vœu du peuple. À l’exemple du ministre Yogida Sawminaden qui a cru utile de préciser, lors d’une interview dans les colonnes du Défi vendredi dernier, que «l’ensemble des Mauriciens s’attend  à ce que Pravind Jugnauth devienne Premier ministre». Que le ministre des Sports – qui, certes, ne fait qu’ajouter sa voix à celle de ses collègues ayant fait la même déclaration publique avant lui – sache qu’en tant qu’admirateur de son leader, il peut espérer que celui-ci devienne le Premier ministre du pays mais il ne peut s’arroger le droit de confondre son rôle de partisan avec le désir de la population.

Une population suffisamment déçue, après seulement deux ans de gouvernance d’une équipe qui aura réussi à concentrer le maximum de points négatifs contre son camp : querelles internes, scandales, témoins complices d’arrestations injustes de citoyens, un Premier ministre qui soit «rest lwin», soit «pa konn nanye» de ce qui se passe au sein de son propre gouvernement, la dernière illustration en date étant celle de la révocation de Megh Pillay. Bref, aura-t-on déjà vu un gouvernement si enthousiaste à se rendre impopulaire ?

C’est dire que s’il n’y a pas un changement en cette année de mi-mandat, s’il n’y a pas la transformation promise et si 2017 n’est pas l’année des grands chantiers, il ne sera pas difficile de deviner dans quelles conditions ce gouvernement «ira jusqu’au bout de son mandat».