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Souhaits de la Nation pour 2017

4 janvier 2017, 10:44

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C’est en quelque sorte le message retour du peuple au Premier ministre, en réponse au message qui lui a été adressé, au premier jour de la nouvelle année 2017.

Cher compatriote, bonjour

Nous, le peuple, nous vous présentons ici nos voeux pour la nouvelle année. Nous allons vous citer quelques-unes de nos réalisations effectuées durant l’an 2016, avant de formuler nos souhaits. Vous comprendrez que nous n’avons pas eu la chance, comme vous, d’aller à la télé nationale et que nous n’avons que l’écrit comme moyen pour vous adresser ces quelques mots. Aussi, ce message va pécher par manque de légitimité, car tous les Mauriciens peuvent ne pas l’approuver. Mais s’il se trouve que 24 % de l’électorat y souscrit, il vaudra la peine d’être lu !

Réalisations

En tant que peuple, nous avons réalisé beaucoup en termes de résilience, de tolérance, d’oubli, d’indifférence, afin que vous viviez mieux, que vous puissiez mener à bien votre tâche. Nous savons qu’on aurait pu faire mieux, mais un miracle ne peut se faire en deux ans : nous, le peuple, ne pouvons fermer les yeux sur tout, et sommeiller en permanence. Nous avons dû, des fois, écrire sur le mur, quitte d’être traités d’ingrats.

Sur le plan économique, le peuple a produit une richesse de 600 millions de roupies par jour. C’est l’expert du secteur privé qui nous a dit ce que le pays perd si le 3 janvier était férié. Mais même avec tous ces milliards accumulés sur une année, nous avons accepté une pitance de compensation de Rs 200. Avec autant de milliards produits, vous voyez bien de quoi est capable un peuple admirable : résultats sur résultats. Surtout, n’écoutez pas nos adversaires qui disent que nous sommes des paresseux cherchant à être compensés pour le 1er janvier qui, par malchance, tombe un dimanche.

Autres réalisations du peuple : nous avons fait preuve de mémoire courte sans que vous nous le demandiez. Nous avons feint d’oublier vos promesses électorales, comme si elles n’avaient jamais été faites. Nous avons compris que la situation économique dans le monde n’a jamais été aussi difficile et qu’en plus, il vous a fallu dépenser beaucoup d’énergie pour passer une loi antiterroriste, vu la menace qui pèse sur notre pays.

Nous avons construit dans nos pensées une Heritage City, et même si cette folie comportait des zones d’ombre, nous avons continué à aller à vos congrès et autres manifestations. Et lorsque le projet a été abandonné, nous avons applaudi votre capacité de prévoir l’écroulement du Bagatelle Dam, et, en quelques jours, de confirmer sa solidité.

Nous sommes restés tranquilles, étouffant nos révoltes, lorsque le judiciaire était mis sous pression, ou lors de l’injuste révocation du Chief Executive Officer d’Air Mauritius. Nous avons gobé les déclarations de vos mandarins, leur laissant croire que nous sommes des couillons. On en a vu de toutes les couleurs, sans les balles, bien sûr : l’usage du jet privé arabe ; la cession de nos plages publiques pour ne pas avoir à manger du sable ; les commentaires sur les voyages de la Présidente ; la baisse, en termes de rang, sur l’indice Doing Business, à cause du secteur privé qui souffre de maladie chronique, selon votre conseiller ; les malades psychiatriques qui critiquent le gouvernement. Nous, le peuple, nous avons aussi apporté l’eau au moulin de votre ministre qui disait que la situation concernant la drogue de synthèse n’est pas alarmante à Maurice : on a mis qu’un nombre restreint de morts devant sa porte et sa conscience.

Lorsque vous avez fait enlever des speed cameras, on vous a aidé à prouver que c’était une mauvaise idée de l’ancien régime. Nous avons produit un nombre d’accidents et de morts plus élevé, pour vous donner une justification à remettre les caméras.

Inquiétudes

Au vu de ce qui s’est passé en 2016, nous avons de fortes inquiétudes quant à notre sort. On ne sait pas si vos priorités en 2017 seront les mêmes que celles de 2016. Et que nous aurons droit aux mêmes projets, déclarations, attitudes et ambitions des individus qui aspirent tant à gouverner nos vies. On ne sait pas ce que vous comptez faire de la Constitution du pays et de nos institutions, et si les changements que vous pensez apporter affecteront nos libertés et la démocratie.

Souhaits

Nos souhaits pour 2017 se résument à peu de chose. On souhaite que 2017 soit l’année du respect du peuple et de son intelligence. Qu’on ne nous traite plus comme peuple mou, incapable de réagir aux provocations ; tolérant à outrance ; indifférent aux excès de vos ministres, et à leurs ridicules déclarations, et capable de danser au gré des caprices des politiques que nous avons choisis comme maîtres. Nous souhaitons également que nos inquiétudes s’apaisent et que toute menace sur la démocratie soit enlevée.

À vous et à votre équipe, le peuple vous souhaite une bonne année quand même.