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Rois et résurrections

16 octobre 2016, 07:28

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Toute la Thaïlande ou presque pleure son roi, Bhumibol Adulyadej, qui est mort ce jeudi après… 70 ans de règne. Depuis, ce pays est plongé dans un deuil national dont les rites vont durer près d’une année. La crémation du corps n’est pas prévue avant plusieurs années. Les vêtements noirs sont en rupture de stock : les fonctionnaires ne vont porter que du noir pendant 12 mois.

C’est dire à quel point la mort d’un roi vénéré, gage de stabilité au milieu des coups d’État, vient chambouler la vie de tout un peuple, aujourd’hui à genoux et en larmes, priant pour sa résurrection…

Bien entendu, la fortune royale dépasse notre entendement. Parmi les joyaux de la couronne : le Jubilé d’Or, un diamant de 545 carats, qui serait l’un des plus gros au monde et le Crown Property Bureau, une agence qui contrôlerait des actifs de plus de 30 milliards d’euros.

Devant une fortune aussi colossale et tant de vénération, l’on aurait pensé que les successeurs du roi se battraient entre eux. Or le prince héritier, Maha Vajiralongkorn, 64 ans, a surpris plus d’un, cette semaine, en réclamant un «délai» et une période de «réflexion» avant de monter sur le trône, laissant pour l’instant le pays sans monarque : une situation imprévue, voire kafkaïenne, qui vient accentuer la douleur du peuple orphelin. À tel point qu’une régence «qui sera temporaire» s’avère nécessaire, le temps que le prince se décide.

Pourquoi un tel élan de sympathie alors que la démocratie est encouragée presque partout ailleurs ? Le roi Bhumibol Adulyadej était la figure tutélaire du royaume, rassurante pour de nombreux Thaïlandais, un «père de la nation». C’est devenu ainsi après des décennies de propagande, renforcée par une loi de lèsemajesté très stricte !

Pour sa part, le prince, lui, n’inspire pas du tout confiance. Les médias thaïlandais font ressortir qu’il passe le plus clair de son temps en Europe, surtout en Allemagne. Réputé instable et peu responsable, le prince divise les conseillers du palais. Certains veulent l’encadrer mais d’autres sont persuadés qu’il ne pourra pas se hisser à la hauteur de la fonction car il est réfractaire aux traditions royales.

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 À Maurice aussi, nous avons nos rois (politiques/ ethniques). Si Navin Ramgoolam a été ramené de Londres, pratiquement cinq ans après la mort de SSR et qu’il a dû affronter l’électorat et mordre la poussière en 1991, Pravind Jugnauth, lui, entend monter sur le trône, sans hésitation aucune, et sans passer par les urnes – en plein mandat de son père. Si celui-ci ne semble pas pressé de partir, ceux qui gravitent autour du prince de l’empire Soleil veulent précipiter les choses. Isolé, le vieil homme n’a d’autre choix que de tenter une sortie honorable, afin de marquer l’Histoire de manière positive. Mais au train où vont les choses pour Lepep, il est peu probable que les Mauriciens prient pour sa résurrection…