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Politique: le pouvoir de père en fils

11 octobre 2016, 15:54

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Politique: le pouvoir de père en fils

«Si le leader du parti majoritaire  veut être Premier ministre comme son père, qu’il passe par les urnes d’abord.»

Quand je lis les journaux de ces dernières semaines, je me dis que Maurice est quand même un pays politiquement fou ! Comme une monarchie : après le père vient le fils. Pas de chichi chez nous, c’est aussi simple que ça ! Le sang royal coule dans les veines des Jugnauth, donc il est totalement logique que Jugnauth fils devienne Premier ministre d’après l’annonce de son père.

Nombreux sont ceux qui se sont penchés sur le sujet. Certains d’un point de vue constitutionnel, et d’autres d’un point de vue, je dirais, purement politique.

Bérenger et Ramgoolam, comme à leur habitude, mettent évidemment la pression sur Pravind ! Ils demandent que le député du n°8 passe par la grande porte pour devenir Premier ministre. En d’autres mots, ils exigent la tenue d’élections générales qui prouveront si, oui ou non, le peuple accepte ce gouvernement avec, à la tête de celui-ci, le leader du MSM. Refaire des élections après deux ans ? Réélire 60 députés, est-ce qu’on a dépensé l’argent du peuple afin d’assouvir quelques calculs politiques ?

Je pense que nous avons clairement mieux à faire. Le vrai schéma qui se dessine est que Ramgoolam profite de cette déstabilisation pour revenir en force sur le devant de la scène politique. Le peuple de moutons que nous sommes semble oublier ce qu’il est. Nous avons fait et défait des personnages monstrueux, et nous prenons un plaisir fou à les installer à nouveau au pouvoir… Nous dénonçons les familles politiques, et nous sommes les premiers à accepter qu’un fils prenne la relève d’un père.

Le point de vue constitutionnel que je juge beaucoup plus noble met en exergue le fonctionnement même de notre État, de notre démocratie. Il n’y a pas de doute là-dessus, le leader du parti majoritaire, soit Pravind Jugnauth, est constitutionnellement celui qui deviendra Premier ministre, après le départ de SAJ. Toutefois, qui dit Constitution, dit démocratie… La Constitution peut dire quelque chose, tout en ne s’appliquant pas forcément démocratiquement.

J’estime donc que ce serait undemocratic que monsieur Jugnauth devienne Premier ministre. Premièrement, j’ai plus l’impression d’être dans une monarchie que dans un système républicain. Le sang royal coule dans ses veines ! Deuxièmement, rien ne stipulait, au moment du vote, que Pravind Jugnauth prendrait la place de Premier ministre. Demain, je signe un contrat d’abonnement qui me dit que je paierai Rs 300 par mois. Si on m’avait dit qu’après deux ans de contrat je paierais Rs 700, je ne suis pas sûr que j’aurais signé celui-ci. C’est la même chose ! Le contrat moral qui existe entre le peuple et le gouvernement est rompu, et c’est précisément ce qui fait que cet acte va à l’encontre de notre démocratie !

Pour les pourfendeurs de la chose, continuez à assimiler notre système au système britannique (westminstérien) si vous le souhaitez, mais à l’heure où on parle de l’Indépendance de Maurice sur l’ensemble de son territoire (dont le cas des Chagos), ne devrions-nous pas commencer à repenser la situation dans laquelle un Premier ministre se démet de ses fonctions ? Renforcer l’aspect démocratique, plutôt que de laisser place à un trompe-l’oeil entièrement monarchiste, par exemple.

D’une part, les politiciens de l’opposition quémandent la tenue d’élections. De l’autre, la Constitution est claire, mais l’avis du peuple pourrait aller à l’encontre de celle-ci. Lorsque les choses ne vont pas dans le sens de la démocratie, c’est notre devoir de citoyen de rectifier ce qui est incohérent. Je le dis haut et fort : en tant que citoyens, nous sommes en droit de remettre en question le fonctionnement même de notre Constitution ! «Nous voulons que vous, en tant que citoyens et en tant qu’électeurs, repreniez les commandes.» Ce n’est pas moi qui le dis, mais le manifeste électoral de l’alliance Lepep. Si le leader du parti majoritaire souhaite devenir Premier ministre, qu’il passe par les méthodes napoléoniennes. Il s’avère que la réforme électorale est un sujet d’actualité et de Constitution. S’il souhaite montrer la légitimité de ce poste en devenir, qu’il organise un référendum sur cette réforme ! Il semblerait que son parti et son alliance aient déjà choisi leur position.