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À visage découvert

2 octobre 2016, 07:00

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 Un et un font deux. En 2010, l’alliance in extremis entre le Parti travailliste (au pouvoir depuis 2005) et le Mouvement socialiste militant remporte les législatives haut la main. Cette alliance stratégique, ethnique, qui a réveillé des instincts communaux chez certains (un peu comme en 1983), achève l’espoir du MMM de voir Paul Bérenger au PMO. Les gens sont dégoûtés par les discours politiques. Le taux d’indécis s’élève à plus de 40 %… le pays s’enlise.

 Même s’il ne faut jamais dire jamais en politique, cette alliance d’intérêts entre les deux dynasties qui nous dominent depuis l’indépendance ne risque plus de se produire. Après les épisodes MedPoint et Nandanee Soornack, il est aujourd’hui devenu impensable pour les Jugnauth et Ramgoolam de concevoir ensemble une alliance – même si leur ennemi commun demeure Bérenger, déterminé à aller «seul» contre tous, «arriv ki arriv». En s’affrontant avec autant de haine et de vengeance, les propriétaires du MSM et du PTr ont brûlé tous les ponts possibles entre le Sun Trust et le Square Guy Rozemont. Et il n’y a plus de Dawood Rawat (jusqu’à preuve du contraire ?) pour faire le lien entre eux…

Fuyant Navin Ramgoolam, comme la peste, et en maintenant la pression sur les Jugnauth, le leader de l’opposition est conscient qu’il doit se refaire une image, une image différente des deux fils de… C’est pour cela qu’il martèle, de plus en plus, les termes «dynastiques» et «monarchiques», dans le sillage de la passation de pouvoir. Et qu’il minimise Joomaye et ridiculise toute voix contestataire.

 En 1995, pour conquérir le pouvoir, Navin Ramgoolam avait misé sur Bérenger pour crédibiliser son programme gouvernemental et, accessoirement, venger le 60-0 de son père face à Anerood Jugnauth. Puis, une fois Premier ministre, après avoir investi les municipalités (dont les portes lui ont été ouvertes par les mauves), il s’est débarrassé du MMM car Bérenger marchait trop sur ses plates-bandes premierministérielles. Le leader mauve s’était alors jeté dans les bras des Jugnauth pour reconquérir le pouvoir et devenir, pour la première fois de sa longue carrière en 2003, grâce à un accord à l’israélienne, Premier ministre, pour deux ans. Même s’il a su prouver qu’il est à la hauteur de la fonction suprême, il devait mordre la poussière en 2005, concédant la défaite face à Ramgoolam, son challenger d’alors comme PM. Puis en 2010 (sans les Jugnauth) et 2014 (avec Ramgoolam). Dans l’interview qu’il nous accorde dans son bureau surchargé de dossiers, de livres et de notes de toutes sortes, sur tous les gouvernements constitués, Bérenger confie qu’il tourne la page sur les alliances et qu’il veut reconnecter ces indécis qui ne croient plus en nos partis actuels. Bérenger pourra-t-il moderniser son parti et le reconstruire avant 2019 ?

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Chez nous, on parle souvent du besoin d’approfondir notre démocratie, prise en otage depuis quatre décennies par quelques patronymes qui roulent des partis politiques. Face à ce paysage politique aussi immuable que ses acteurs, la demande pour de nouvelles têtes, idées et pratiques ne peut qu’être forte. Ces nouvelles voix promettent toutes de faire la politique autrement, même si certaines ressemblent étrangement à celles qu’elles veulent remplacer. Le temps nous dira si ces nouveaux acteurs susciteront ou pas l’adhésion des indécis. En tout cas, on ira à leur rencontre, si tant est qu’ils veulent sortir de leur cachette, et avancer, à visage découvert, et non pas uniquement derrière un écran et un pseudo, dans les méandres de notre microcosme politique…