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Quelques pistes de réflexion pour une scolarité obligatoire...

21 septembre 2016, 10:17

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Quelques pistes de réflexion pour une scolarité obligatoire...

 

«Une sélection prématurée et abusive, une forme d’apartheid scolaire ont laissé se développer une éducation à plusieurs vitesses…»

Nous avons à Maurice toutes les raisons de célébrer notre pluriculturalisme alors que dans beaucoup d’autres pays, le multiculturalisme et la multiethnicité ont été des causes d’instabilité et de violences. Nous avons certes connu quelques rares occasions où notre tissu social a été mis à rude épreuve avec des conséquences qui auraient pu être très graves. Notre besoin d’unité et d’harmonie est essentiel pour le progrès et la paix. La construction d’une identité nationale reste un défi permanent. Cette construction a pour fondation l’éducation.

Notre approche en matière d’éducation doit pouvoir donner à nos enfants les acquis nécessaires pour qu’ils puissent se responsabiliser et s’ouvrir aux autres ; cette approche doit permettre à l’enfant mauricien de se construire une vie et de gagner sa vie. L’enfant d’aujourd’hui vit dans une société où tout change et vite, une société globalisante qui influe sérieusement sur tous les peuples à une vitesse envahissante, conséquence des nouvelles technologies et du capitalisme international. En tant que nation, il nous faut donner à nos enfants une perspective réaliste de ce que le monde devient et le rôle de notre petit pays dans cette mouvance. L’éducation reste l’outil suprême pour donner aux futurs adultes un sens de continuité et un sens de direction.

Puisque les germes de division et d’instabilité se développent bien souvent au sein même de l’école, nous devons, en tant que nation, redéfinir les objectifs et le fonctionnement de notre système scolaire ; une sélection prématurée et abusive, une forme d’apartheid scolaire ont laissé se développer une éducation à plusieurs vitesses avec sous-jacent un volet ethnique dangereux pour notre vivre-ensemble – l’illettrisme, l’échec éducatif et social, la violence et une crise identitaire en sont les conséquences perceptibles.

«Notre approche en matière d’éducation doit pouvoir donner à nos enfants les acquis nécessaires.»

Il nous faut un système qui fait l’impasse sur nos vieux réflexes afin de faire de nos enfants de vrais citoyens de demain. Nous sommes déjà dans un scénario économique sans création d’emplois. Nos enfants doivent se construire une vie avec de nouvelles donnes économiques comme toile de fond. Or, nous avons un ancien Premier ministre qui a failli lamentablement dans sa mission, qui veut reprendre le pouvoir et qui a déclaré, au cours de cette semaine, qu’il allait complètement, une fois au pouvoir, abolir toutes les réformes éducatives de base que le présent gouvernement met en place – sans pouvoir nous proposer une alternative. C’est de la démagogie pure et du populisme à bon marché. L’économie d’une réforme valable a laissé perdurer un système qui, d’une année à l’autre, a laissé sur le carreau des milliers d’enfants innocents sans avenir, alors qu’en 1998 un plan complet de réforme avait été proposé à son gouvernement.

Le présent gouvernement nous propose un Nine-Year Schooling. C’est déjà un commencement. C’est déjà une indication de la volonté d’une réforme. Personne ne peut prétendre que la perfection sera au rendez-vous immédiatement. Il y aura certainement des rectifications à faire en cours de route. Nous n’avons d’autre choix, en tant que société, que de faciliter cette réforme tout en la nourrissant de critiques constructives et de propositions réalisables.

Il y a certainement des éclaircissements que la ministre serait bien avisée de donner dans le plus bref délai, ne serait-ce que pour rassurer toutes les parties concernées.

Selon quel système les élèves qui ont complété les six années de primaire seront dirigés vers les écoles gouvernementales et privées, et à partir de quels critères ? Il y a certes le Certificate of Achievement, mais quel crédit serons-nous à même de lui accorder ?

  • Dans le cas où il y a un surplus de demandes pour une école secondaire donnée, qui décidera de l’admission ? Et sur quelles bases ?
  • Quelles sont les passerelles que le gouvernement compte mettre en place pour une éducation inclusive, égalitaire et démocratique ?
  • Avec la réduction du nombre d’enfants admis en primaire d’année en année et le choix grandissant de parents pour le secondaire payant, quel sort sera réservé aux Institutions privées non payantes ? La refonte du systèmescolaire de base est une urgence, voire même un impératif avec la montée des castes, des sectes et d’autres dérives malsaines. Les idées phares d’une nouvelle école avec pour vocation d’être la pierre angulaire d’une nation moderne, d’une société juste se résument, à mon avis, comme suit :
  • Une scolarité obligatoire de trois à 16 ans, inclusive, égalitaire et démocratique avec une absence de catégorisation.
  • Des classes hétérogènes et un regroupement ponctuel homogène pour des activités spécifiées – théâtre, musique, poésie et autres activités extrascolaires qui enflamment l’imaginaire des enfants et ouvrent la voie à la créativité.
  • Une pédagogie différenciée selon le profil des intelligences multiples des enfants.
  • L’acquisition des compétences avec des objectifs linguistiques, culturels, technologiques, scientifiques, artistiques et sportifs, et une familiarisation avec une écologie socio-économique.
  • Un diplôme de fin d’études obligatoire, donnant accès au monde du travail ou aux études supérieures.

Je tiens à terminer cette communication sur ce prédicat que j’énonce en anglais : Management of teaching and learning should not be restricted to the logic of a national curriculum framework and the criteria of achievements but must be more focused on preset cognitive and creative skills.