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Recadrage

15 septembre 2016, 08:39

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La cohabitation au sommet de l’État se révèle de plus en plus compliquée. D’un côté, un chef de gouvernement qui n’a pas dit son dernier mot et, de l’autre, un chef de parti cherchant à s’affirmer auprès de ses troupes. Au centre : une opinion publique désemparée.

Le scénario n’a rien à envier aux séries américaines. House of Cards, vous vous souvenez ? Malheureusement, ici il ne s’agit pas de la fiction. Mis en minorité le 5 août dernier au Conseil des ministres, lorsque celui-ci avait décidé de geler le projet Heritage City, le Premier ministre n’a pas attendu longtemps pour reprendre la main. Ses propos lors de sa conférence de presse, lundi, sont on ne peut plus clairs : «Tant que je serai le chef, c’est moi qui décide.»

En fait, nous n’avions pas pris la mesure de ses commentaires dans le sillage de la présentation du Budget 2016/17 lorsqu’il avait déclaré en référence au projet Heritage City : “I am really sad by the turn of events. It was a project that would have portrayed the advanced country we want Mauritius to become. It would have been the icon of our future development path. It would have been a model in terms of public sector efficiency and productivity”.

Comme il l’a expliqué ce jour-là, la décision a été de mettre le projet de côté. Ceux qui croyaient avoir offert un enterrement de première classe à Heritage City ont crié victoire trop vite. Car sir Anerood Jugnauth ne compte pas lâcher prise. Il veut et croit dans ce projet. Et pour parvenir à ses fins, il présidera lui-même un comité pour aplanir les obstacles. Cela en dépit des différends avec son fils. Alors que ce dernier n’a pas caché sonagacement après que le communiqué du Conseil des ministres est venu, vendredi dernier, parler de ressusciter le fameux projet, le chef du gouvernement cherche à ménager la chèvre et le chou. «Pravind a raison d’être encolère», dit-il.Mais ce n’est pas pour autant qu’il se ravisera.

La preuve : il a essayé de convaincre l’opinion que ce cafouillage relève tout simplement de l’utilisation d’un terme inapproprié, revive au lieu de consider. Des explications comme celles portant sur le fait que de fortes sommes d’argent ont déjà été engagées témoignentencore plus de l’attachement du Premier ministre à ce projet. Que dire également des piques lancéesà l’égard des détracteurs de Heritage City– ceuxse trouvant au sein du cabinet ministériel en ont aussi pris pour leur grade–sinonqu’elles traduisent cette même volonté de ne pas se laisser marcher sur les pieds.

En attendant de remettre les clefs du bâtiment du Trésorà son fils – avecou sans la bénédiction populaire –,sir AneroodJugnauth entend exercer pleinement ses prérogatives de Premier ministre. Tel a été le message, lundi, avec sa prise de position sur Heritage City.

Toutefois, le Premier ministre aurait tort de croire que la période de confusion ne sera que «temporaire». Au contraire, maintenant qu’il afait son ‘coming out’au sujet de la passation de pouvoir – aprèsque l’avocat d’affaires Penny Hacka remis le débat sur le tapis dans Business Magazine– la marmite politique est de nouveau en ébullition.

Et l’économie ?Pour connaître la réponse,il n’y a qu’à voir les chiffres de l’inflation pour le mois d’août. Le passage du taux voire des taux year-on-year et headlinesous 1% démontrent que l’offre est toujours supérieure à la demande. Aussi longtemps que la morosité liée à la faiblesse de la consommation perdurera,les investisseurs continueront à reporter les décisions d’investissements. En d’autres termes, les perspectives d’une croissance supérieure à la barre psychologique de 4% s’éloignent.