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Rodrigues : une bombe sanitaire à retardement

9 août 2016, 07:15

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Rodrigues en danger. Rodrigues une menace sanitaire pour Maurice. Le secteur de l’élevage au bord de la faillite. Rodrigues à terre. Les éleveurs rodriguais complètement désarmés. Elle est longue la liste de termes pour qualifier la situation provoquée par la fièvre aphteuse à Rodrigues.

Les chances que l’île puisse être le foyer d’une épidémie virale étaient pratiquement inexistantes vu que les animaux importés touchent d’abord le port de Port-Louis avant d’être acheminés vers Rodrigues. Plusieurs questions restent sans réponse. Cette épidémie a-t-elle été transmise à Rodrigues par le port de Port-Louis ? Si tel est le cas, pourquoi alors Maurice n’a-t-elle pas été affectée ? Les produits alimentaires destinés aux animaux en seraient-ils la cause ? La source de cette épidémie aurait-elle pu provenir de la viande congelée trop tôt après l’abattage à partir des bateaux de plaisance qui transitent dans l’île ? Ces questions exigent que les autorités fassent tout ce qui leur est possible pour retracer la provenance de cette épidémie. Quitte à recourir à l’aide d’experts étrangers en la matière.

S’il s’avère que la présence de la fièvre aphteuse est directement liée à des initiatives favorisant une plus grande ouverture de Rodrigues vers le monde extérieur, l’île devrait alors être équipée pour faire face à toutes les éventualités. Désormais, elle devrait être considérée comme une porte d’entrée potentielle de danger sur le plan sanitaire. Ce qui entraîne l’obligation de relever le niveau de vigilance dans l’île Rodrigues, tout comme c’est le cas à Maurice. Ce qui devrait également se traduire par une augmentation substantielle du nombre de vétérinaires dans l’île, l’installation d’un laboratoire moderne capable de détecter la présence de facteurs de risque dans l’air, sur terre et en mer. Et le souci de veiller qu’en termes de vigilance sanitaire, Rodrigues bénéficie régulièrement d’un programme de mise à jour des compétences et de savoir-faire.

Il y a peut-être un paradoxe dans l’état de la situation. Vu que le danger était attendu plutôt à Port-Louis qu’à Rodrigues. Examiné dans une autre perspective, ce pourrait ne pas être un paradoxe. Cela si on devait faire la démonstration que la situation actuelle résulte du fait que le statut d’île autonome accordée à Rodrigues n’a pas permis de combler les nombreux fossés qui perdurent avec Maurice. La République paie chère l’absence d’un système de surveillance sanitaire à Rodrigues.

Qu’à cela ne tienne, il n’est jamais trop tard pour mieux faire à l’avenir. Le pire qui pourrait se produire, ce serait le refus de tirer les enseignements de la présente situation. Si la posture se manifeste par une tendance à se réfugier dans une réticence à prendre les initiatives qui s’imposent, Rodrigues constituera alors une véritable bombe sanitaire à retardement pour Maurice.