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La nouvelle vie de Pravind Jugnauth

29 mai 2016, 09:00

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C’était une affaire de survie politique. Lui-même l’a reconnu, a avoué que cela aurait été fatal sur ce plan-là si le jugement n’avait pas été en sa faveur. Depuis mercredi dernier, Pravind Jugnauth, de ses propres dires, regarde vers l’avenir, après ce jugement qu’il qualifie de tournant dans sa carrière. Si parallèlement, le débat post-jugement fait rage, chacun ayant sa propre définition du conflit d’intérêts, ou analysant cette affaire d’une position différente, il s’avère qu’une décision a été rendue par la Cour suprême et que, par respect pour nos institutions, que cela nous plaise ou non, nous avons le devoir de la respecter. La question est maintenant de savoir si le DPP, avec son pouvoir décisionnel de contester ce jugement, aura recours ou pas au Privy Council.

Mais ça, c’est un autre débat et en attendant, c’est l’échiquier politique qui retrouve un certain bouillonnement. Qu’est-ce qui change à partir de maintenant ? Déjà, on notera qu’en une année et demie seulement, ce gouvernement a un troisième ministre des Finances, d’où l’impression, qui n’a échappé à personne, que SAJ s’était attribué ce portefeuille dans l’espoir d’un dénouement positif pour son fils. D’ailleurs, Lutchmeenaraidoo n’a pas manqué de faire ressortir (défi du 26 mai) que lorsqu’il est parti aux Affaires étrangères, «nous avions décidé que Pravind serait le ministre des Finances dès qu’il serait innocenté. J’avais exprimé des idées très fortes pour cela». 

En clair, Lutchmeenaraidoo a découvert être incapable de continuer à assumer le rôle pour lequel il a été élu par le peuple et a donc voulu refiler ce maroquin à Jugnauth fils. Sympa, non ? Mais ce n’est pas cela son message. Il veut convaincre qu’en dépit des propos de SAJ à son égard sur la plateforme du 1er mai, l’invitant à faire des révélations s’il en avait à faire, qu’il est toujours proche des Jugnauth et qu’il était même dans le secret des dieux. Un message envoyé, entre autres, à son meilleur ennemi Roshi Bhadain, qui lui aussi n’a pas raté une occasion de se faire bien voir et a voulu démontrer sa fidélité à travers un baisemain (immortalisé par une photo de l’express) qui a définitivement eu l’effet inverse de celui attendu par le ministre de la Bonne Gouvernance, couvert depuis ce geste de railleries et de moqueries sur les réseaux sociaux. Il y a comme une bousculade au portillon pour se faire bien voir par le chef revenu plus fort qu’avant.

Désormais, après la surréaliste guerre Lutchmeenaraidoo-Bhadain et les conflits internes auxquels le MSM faisait face, Pravind Jugnauth, débarrassé de l’épine Medpoint, pourra légitimement asseoir son autorité sur son parti en reprenant la main sur un leadership quasi inexistant ces derniers temps. À court terme, le leader du MSM sera jugé sur son prochain budget, dont on attend une relance économique – qui se fait toujours désirée malgré le précédent budget et la vision 2030 de SAJ – un dynamisme et une stabilité. En revanche, à long terme, Pravind Jugnauth, vu son relatif jeune âge comparé à Ramgoolam ou Bérenger, peut désormais, sur un plan strictement politique, avoir les yeux rivés sur les prochaines élections pour se présenter au poste de Premier ministre.

Mais s’il a l’ambition de se présenter dans le fauteuil Premier ministériel, qu’il ait le courage de retourner devant l’électorat avec un programme et le peuple décidera s’il mérite de devenir chef du gouvernement ou pas. Car ce serait se moquer des Mauriciens et pratiquer une arnaque pour laquelle nous n’avons pas voté si Pravind Jugnauth succédait à sir Aneerood (une question qui ne se pose pas, a-t-il précisé hier) en cours de mandat comme cela se dit ces jours-ci. Un fils succédant à son père sans passer par les urnes, on se croirait alors réellement en monarchie…

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Aujourd’hui, dimanche de Fête des mères, un petit garçon de 7 ans n’embrassera pas sa maman comme tous les enfants, un bébé de onze mois ne comprendra toujours pas pourquoi depuis quelques jours celle qui l’a mis au monde ne le tient plus dans ses bras. Vidhi Bumma,
28 ans, ajoute son nom à la longue liste des femmes victimes sans défenses de la violence de leur époux. Poignardée puis brûlée vive par un mari qui en sus, comme pour persister dans sa lâcheté, a voulu salir la mémoire de la mère de famille en l’accusant d’infidélité alors qu’il a fini par avouer que c’est lui qui était follement amoureux d’une autre. 

La semaine dernière, une autre victime, Cindy Jouan, 35 ans, a été ébouillantée et défigurée à l’acide par son concubin en présence de ses deux enfants. Si elle lutte toujours pour sa vie sur un lit d’hôpital, Cindy Jouan a perdu la vue et son état est jugé préoccupant. Malgré toutes les campagnes contre la violence, qui n’atteignent finalement pas les bourreaux potentiels, l’enfer continue pour des femmes qui voient soudainement leur maison où elles sont censées se sentir en sécurité se transformer en lieu de martyre. éduquons ensemble nos enfants dès leur plus jeune âge sur l’égalité des genres, les droits des femmes, ne les exposons pas aux violences conjugales. Mais éveillons leur conscience aux valeurs humaines…