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Automutilation

18 mai 2016, 15:00

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Il y a à peine quelques jours, nous croyions avoir décelé les premières esquisses de ce qui, à notre sens, aurait pu déboucher sur un cercle vertueux. Plusieurs raisons expliquent ce sentiment qui, malheureusement, a vite fait de changer. 

D’abord, il y a la célérité avec laquelle les pouvoirs publics ont réglé le problème des marchands ambulants dans la capitale. Cela alors que depuis des années, il est reproché à l’administration centrale et aux autorités régionales leur manque de volonté pour libérer les artères de Port-Louis.
 
Aujourd’hui c’est chose faite ! Une initiative qui mérite d’être saluée dans la mesure où son impact dépasse le simple cadre de la sécurité et de l’hygiène comme on aurait pu avoir tendance à penser. 

Elle peut, à terme, favoriser une évolution des mentalités car l’évacuation des trottoirs et des rues nous pousse également à changer nos habitudes. Il en est ainsi, d’ailleurs, depuis l’interdiction d’utiliser des sacs en plastique. 

Des émotions positives, il y en a eu aussi récemment lorsque le transporteur national s’est posé sur le tarmac des aéroports de Maputo et de Dar es-Salaam. Un événement de taille au regard des moyens limités, en termes de flotte ou de ressources financières d’Air Mauritius.

Ajouté à cela, la visite du Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à Maurice avait fini par donner des raisons d’espérer. Idem pour la dernière enquête de conjoncture de la Chambre de Commerce et d’Industrie qui a vu une amélioration de la confiance dans le milieu des affaires. 

Mais chassez le naturel, il revient au galop ! Le gouvernement, par l’entremise du ministre des Services financiers, a rapidement trouvé le mo-yen de changer l’humeur du pays, pour ne pas dire casser la dynamique qui se mettait en place à la veille de la présentation du Budget 2016-17. 

À peine le Secrétaire général des Nations unies avait-il pris place sur l’avion qui l’emmenait à Madagascar que le ministre Roshi Bhadain est venu annoncer la révision de la convention fiscale entre Maurice et l’Inde. Cette démarche, précipitée et inattendue mais présentée, lors d’une rencontre avec la presse, comme un tour de force majeur, modifiera à jamais la face du secteur du global business mauricien. 

Ceux qui ont décidé unilatéralement que Maurice «n’a pas à dépendre des conventions fiscales pour sa survie et encore moins à mendier car nous pouvons créer notre propre richesse» nous réservent peut-être quelques bonnes surprises pour nous permettre de «stand up on our own feet», comme dirait l’autre. Au cas contraire, ce serait de l’automutilation pure et simple ! 

Ce ne sont même pas les opérateurs locaux qui le disent, mais des institutions respectées comme Moody’s et le Fonds monétaire international. D’ailleurs, dans le sillage de la signature du protocole visant à amender le traité fiscal, l’agence de notation a jugé nécessaire de rappeler, par la voix d’un de ses vice-présidents, Constantinos Kypreos, que : «Any disruption to the offshore sector would expose the Mauritian economy and banking sector to contagion risks.» 

Et de préciser : «We estimate that a curtailment of new investment flows through Mauritius would cause a deterioration in the balance of payments equal to 1%-2% of GDP annually, and consequently put pressure on Mauritian foreign exchange reserves. How-ever, a sharper shift in investor sentiment would have more dire consequences».

En d’autres mots, l’impact de l’effondrement de la BAI ne serait qu’une réclame en comparaison à ce qui nous attend ! À moins, bien évidemment, que les opérateurs arrivent à prendre des «imaginative actions» comme le recommande vivement la Banque de Maurice.