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Vengeance à toutes les sauces ! Et la population dans tout ça ?

3 mai 2016, 10:06

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(De g. à dr.) Paul Bérenger, Pravind Jugnauth, Navin Ramgoolam et Rama Sithanen. Des personnages connus de la scène politique locale.

Tout a commencé après les élections de 2005, quand Rama Sithanen, fraîchement nommé ministre des Finances, lança sa fameuse formule de «squelettes dans le placard». Son prédécesseur, Pravind Jugnauth, en prit le mors aux dents et dans une série d’articles de presse s’efforça de contrer l’affirmation du premier et s’engagea à assurer la destruction politique de l’économiste.

Ce dernier utilisa sa trouvaille de squelettes pour imposer au pays un régime d’austérité, avec des mesures économiques très rudes. L’économie nationale étant, selon lui, dans le rouge. À peine un an plus tard, Rama Sithanen change son fusil d’épaule et déclare «un early harvest», l’économie nationale n’étant pas si malade que prévu. Ce duel se solda finalement par sa mise à l’écart par le PTR en 2010. Pravind Jugnauth le remplacera comme ministre des Finances, avec la vente de la clinique Medpoint à la clé, disent les mauvaises langues.

Medpoint allait toutefois être le boulet attaché au talon du gladiateur et finir par enclencher le deuxième épisode de la longue série de vengeance qui dure encore aujourd’hui. Medpoint allait s’avérer être l’os sec qu’attendait le chien maigre. En effet, Paul Bérenger avait rendu Pravind Jugnauth responsable de la défaite du MMM-MSM en 2005. Mais avait essuyé par la suite une série d’attaques du «p’tit frère» qui ne digérait pas que Bérenger ait essayé de le remplacer à la tête du MSM par son oncle Ashok Jugnauth et en faire l’éventuel Premier ministre d’un nouveau gouvernement MMM-MSM. Pravind Jugnauth se retrouva mêlé à la vente de Medpoint et le MMM s’engagea dans la dénonciation auprès de l’ICAC de la transaction qui, pourtant, a sûrement dû être l’affaire de tout le conseil des ministres d’alors. Le MMM qualifiait la transaction de «scandale du siècle». Dans un premier temps, la ministre de la Santé d’alors, Maya Hanoomanjee, fut arrêtée a la suite d’une accusation provisoire de corruption, ce qui provoqua la colère de Pravind Jugnauth qui démissionna de l’Assemblée en compagnie des autres membres du MSM.

Le PTR avec le Premier ministre, Navin Ramgoolam, qui avait dû avec ses ministres participer aux transactions menant à la vente de Medpoint, se dissocia de Pravind Jugnauth et du MSM et les laissa seuls porter le chapeau.

Dès lors s’engagea chez le MSM le besoin de vengeance qui perdure jusqu’à aujourd’hui. Beau joueur, Paul Bérenger ne trouva mieux, en 2012, que d’inviter le président de la République, sir Anerood Jugnauth (qui avait été humilié par Navin Ramgoolam lors de la prestation de serment des ministres en 2005), à démissionner pour former le Remake 2000, soit une résurrection de l’alliance MMM-MSM.

Navin Ramgoolam, qui s’attaqua uniquement au MSM tout en ménageant le MMM, présenta l’affaire Medpoint comme celle du MSM. Sir Anerood Jugnauth obtempéra à la demande de Bérenger et le Remake 2000 trouva le jour. Le King Maker Paul Bérenger en avait de plus belle dans sa poche, en 2014, alors que les élections générales étaient annoncées, il lâcha les Jugnauth et le MSM pour s’allier à… Ramgoolam et le PTR. Si ce n’était pas jeter de l’huile sur le feu de la vengeance…

Il appartenait donc à l’électorat de lancer un sévère avertissement aux uns et aux autres. La nouvelle alliance de Jugnauth and company, l’alliance Lepep, donna une leçon au tandem Bérenger-Ramgoolam durant ces législatives.

Une fois installé aux commandes du pays, l’alliance Lepep s’attela à nettoyer le pays, pour ne pas dire nettoyer Ramgoolam, le Parti travailliste et ses alliés: le BAI, Nandanee Soornack et les autres. Débuta alors une cascade d’affaires. Ramgoolam en a vu de toutes les couleurs, et avec lui, tous ceux qui s’étaient payés tant de bon temps entre 2005 et 2014. Sans doute que la prise fut telle qu’elle dépassait d’évidence ce que les Jugnauth et leurs compères espéraient. Pas le miracle économique, mais les affaires scandaleuses miraculeuses. Comme la richesse monte toujours à la tête des nouveaux riches, cette richesse d’affaires entre les mains des ministres de l’alliance Lepep monta à la tête de ces derniers.

Et voilà Monsieur Bonne gouvernance qui se met à nettoyer son propre camp. L’ex-ministre des Finances du gouvernement actuel, le plus Droit, du gouvernement actuel, n’en resta pas là. Un affidavit pour attaquer son frère/ adversaire tout en égratignant le Premier ministre et nous revoilà dans une nouvelle escalade de violence intellectuelle. L’ICAC est appelée à démêler l’écheveau et fait une demande d’injonction auprès de la Cour suprême, qui est vite rejetée. Ouf ! Arrêtons-nous là. Quel pays ! Pauvre peuple à qui on promet des élections anticipées. Pour élire qui ? Pour reprendre les mêmes et recommencer ? Le peuple ayant le gouvernement qu’il mérite, contentons-nous d’aller voter et puis d’assister au macaréna.