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Laurent Obadia: «L’État mauricien ne m’a jamais remboursé la moindre roupie»

27 avril 2016, 12:53

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Laurent Obadia: «L’État mauricien ne m’a jamais remboursé la moindre roupie»

L’article de l’express «les e-mails d’Air Mauritius, partie 2: des zones d’ombre autour de Laurent Obadia» publié le 18 avril a provoqué cette réponse cinglante du principal concerné...

Cher Monsieur Chenney,

J’ai lu avec beaucoup de plaisir votre récent article les e-mails d’Air Mauritius, partie 2: des zones d’ombre autour de Laurent Obadia.

Je ne sais pas encore, malgré ma lecture attentive, si je dois être flatté que vous m’accordiez assez d’importance pour que le titre et la photographie qui accompagne votre article me concernent directement, quand son contenu et votre plume précisent que vos éléments «ne constituent qu’un ensemble d’interrogations et ne prouvent pas qu’Airbus a effectivement été favorisé dans l’intérêt de Laurent Obadia et ceux cités dans cet article». N’ayant pas même reçu de la part de cette société un objet publicitaire comme une maquette d’avion Airbus, j’imagine qu’ils n’ont pas dû percevoir, contrairement à vous, l’influence que vous m’accordez… ou plutôt supposez.

À titre de «bonne gouvernance», je vais néanmoins vous apporter ici quelques vérités qui je l’espère vous feront vous interroger sur «la bonne gouvernance» des «lanceurs d’alerte qui ont fait parvenir une série d’emails à l’express», ainsi que sur la «bonne gouvernance» qu’impose le métier de journaliste.

Sur mes différents voyages à Maurice, lorsque ces déplacements, d’une durée d’un ou deux jours au plus, étaient effectués pour des raisons professionnelles, c’est en effet le gouvernement mauricien qui a pris en charge les frais liés à ces voyages. C’est tout à fait normal, et tous les gouvernements à travers le monde, lorsqu’ils sollicitent la venue dans le pays d’origine de l’un de leurs collaborateurs, posté à l’étranger, prennent de toute évidence en charge les frais liés à ces voyages.

J’attire également votre attention sur le fait que, durant les dix années où j’ai travaillé aux côtés du Premier ministre, l’État mauricien ne m’a jamais remboursé la moindre roupie pour les frais engagés liés à ma mission. Pas même lorsque chaque année, je me déplaçais au World Economic Forum à Davos, à l’Assemblée générale des Nations unies ou à tout autre sommet pendant lesquels ma présence était souhaitée.

Sachez aussi que j’ai toujours pris en charge les frais liés à mes séjours à titre personnel, lorsque je les ai passés, toujours avec grand plaisir, à l’île Maurice.

Par ailleurs, Paul Bérenger, alors leader de l’opposition, avait interpellé Navin Ramgoolam à l’Assemblée nationale, fin 2005-début 2006, sur mon recrutement. Le Premier ministre avait alors répondu avec beaucoup de clarté sur ce sujet. La question que vous vous posez, «Laurent Obadia a-t-il violé l’éthique en cumulant deux jobs?» trouve donc réponse dans les débats parlementaires de l’époque. Votre travail d’investigation en tant que journaliste aurait pu (ou aurait dû...) naturellement vous y conduire…

Enfin, je m’étonne que vous preniez autant de liberté avec les droits d’auteur applicables aux photographies. En effet, les visuels que vous utilisez ne sont pas libres de droits et sont, comme toute création artistique, protégés par le droit d’auteur. Le journaliste professionnel que vous êtes, bénéficiant lui-même de cette protection à travers le monde, devrait savoir ne pas s’en affranchir…

Une fois encore, je vous remercie de l’attention que vous portez à ma personne, quand bien même vos propres doutes, soulignés au fur et à mesure de l’article, n’auraient pu laisser présager d’un titre si affirmatif sans aucun élément tangible pour l’appuyer.

J’ose croire avec ce courrier que vous saurez, à l’occasion de vos prochains écrits, être vous-même le chantre et l’exemple incarné de «la bonne gouvernance»…

Recevez, cher Monsieur Chenney, mes sincères salutations.

Laurent OBADIA



 

LA RÉPONSE DE NOTRE JOURNALISTE

Fort de son talent de communicant, M. Obadia nous livre un vibrant exposé sur la bonne gouvernance, le journalisme d’investigation, et les droits d’auteurs, sans hélas, répondre à cette question fondamentale:

Les lanceurs d’alerte n’ont-ils pas raison d’affirmer que les e-mails démontrent que c’est bien lui qui a introduit Frank Gleeson, alias M. Sharp, à MK? Ce même M. Sharp, qui contre l’avis d’autres board members allait être un fervent partisan d’Airbus dont la «best and final offer does not match the competitive offer received from Boeing» telle que démontrée dans une première série d’e-mails publiés par l’express le 29 juillet 2015; ce même M. Sharp qui selon une enquête actuellement en cours – et ça, nous ne l’avions pas mentionné dans notre article de lundi dernier – serait mêlé avec M. Obadia, M. Gooljaury, et Mme Soornack dans une série de transactions avec les sociétés Dufry, Frydu, et Wigam Holding?

Je note aussi que M. Obadia ne nie pas avoir travaillé pour Euro RSCG, agence de pub et de comm privilégiée d’Airbus pendant un certain temps, pile à l’époque où éclatent des soupçons de financement occulte de la campagne de Lionel Jospin par Airbus.

Enfin, Si M. Obadia veut s’engager sur le terrain des réponses parlementaires, voici celle donnée par le ministre mauricien des Affaires étrangères à son sujet le 10 novembre 2015 : «Madam Speaker, from information obtained from the Commissioner of Police, 36 times were for holidays and four times for business purposes. (...)

I am informed, however, that expenses for his air tickets were, in no less than 30 cases, met from public funds and such benefits are nowhere to be found in his contract. But, as I said, Madam Speaker, the matter is still being looked into. (…) But the information I have up to now is that 22 of Mr L.O’s stays were at the Trou aux Biches Hotel, at the expense and courtesy of the Government of Mauritius

Axcel CHENNEY