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Quand les loups se mangent entre eux

24 avril 2016, 16:23

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Pourquoi éteindre le feu quand on peut l’attiser ? Au gouvernement, les pompiers, à part Pravind Jugnauth qui jouerait ce rôle, dit-on, sont quasi inexistants, les pyromanes ayant pris le contrôle. Pas un jour ne passe sans provoquer une nouvelle braise. Pendant que la guerre Bhadain/Lutchmeenaraidoo se poursuit en coulisses (tous retiennent le souffle en attendant la position du DPP), d’autres épisodes nous donnent des raisons de désespérer de l’Alliance Lepep qui fait tout sauf fonctionner comme une équipe solide et cohérente.
 
Les étonnants propos du ministre Collendavelloo sur quelques têtes fêlées du gouvernement et son warning à un député de la majorité témoignent de ce qui n’a échappé à personne : les ennemis des membres du gouvernement sont à l’intérieur de l’Alliance Lepep. À croire que l’opposition, disparate et éparse – qui arrive difficilement à convaincre de sa crédibilité malgré un terrain politique défavorable à un gouvernement devenu impopulaire plus vite que prévu –, peut se permettre des vacances. Tant en face la guerre fait rage entre des loups de la majorité qui ne se soucient même plus des apparences et respectent encore moins les titres, voire les institutions. 
 
À Rivière-du-Rempart, Collendavelloo, avant de faire sa violente sortie, avait choisi de saluer les élus présents pour exclure sciemment le député Jahangeer, celui-là même qui semble être visé par les propos du ministre après que les deux ont eu, en quelques occasions, de vifs échanges à l’Assemblée nationale. Et c’est ainsi que les petites querelles prennent le pas sur les fonctions que nos honorables représentent. Cheap politics ? Who cares ? N’a-t-on pas vu, mardi dernier, Lutchmeenaraidoo quitter l’hémicycle pendant que Bhadain répondait à une question parlementaire ? Qui a dit que le Parlement mérite d’être au-dessus d’une guerre impitoyable à laquelle se livrent deux ministres qui souffrent de respirer le même air ?
 
N’en déplaise à Bodha qui aura beau affirmer que «le Conseil des ministres n’est pas une salle de classe où le maître d’école a du mal à faire régner l’ordre», c’est la perception contraire que nous donnent ses camarades du Cabinet.
 
Pire, le maître d’école semble totalement absent de la classe qui s’est entre-temps transformée en une vilaine et dangereuse cour de récréation permanente. Où l’on passe son temps à se chamailler, sinon à surveiller et dénoncer l’autre et ses travers. Du coup, nous sommes devant une situation où le risque d’implosion ne se situe pas uniquement entre les trois formations d’une éprouvante direction tricéphale, mais il faut aussi compter avec les hostilités entre camarades d’un même parti.
 
D’où l’obligation des uns et des autres de s’organiser en réseaux, de faire partie d’un même clan, de choisir judicieusement son camp, tout en n’oubliant pas de témoigner d’une certaine solidarité avec des alliés conjoncturels qui renverront l’ascenseur attendu dans les moments difficiles. On aura ainsi entendu Collendavelloo soutenir Lutchmeenaraidoo contre les fameuses têtes fêlées, le même Lutchmeenaraidoo (croyant prématurément que le DPP avait pris une décision en sa faveur) remercier Pravind Jugnauth, donnant ainsi à croire qu’il serait dans les bons papiers du fils. Histoire d’envoyer un message à son ennemi Bhadain qui aurait, lui, le total appui de SAJ. Lequel SAJ peut, de son côté, compter sur son esclave Soodhun.
 
Dans les deux autres factions, ML et PMSD, on a aussi compris que l’union fait la force en ces temps conflictuels. Sangeet Fowdar, après avoir joué à l’effronté en critiquant ouvertement le gouvernement, allant jusqu’à menacer de démissionner, est, depuis, rentré dans le rang. Au PMSD, quelques députés bleus ont jugé utile de se montrer aux côtés de Thierry Henry à la cour de Pamplemousses, quand celui-ci y comparaissait après son accident qui a fait un mort.
 
Se rassembler, se regrouper, rester dans une meute pour ne pas se faire bouffer, cela semble être la position des uns et des autres parmi les membres de l’Alliance Lepep, qui ont définitivement une meilleure expérience de la méfiance que celle de la confiance. Des élus qui se réveillent chaque matin en ne sachant pas qui d’entre eux allumera l’étincelle du jour…