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Pourquoi broyer du noir ?

3 avril 2016, 07:44

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En effet ! Pourquoi ? Ce n’est même pas «politically correct» d’ailleurs ! Broyons du blanc plus tôt…

Nous vivons dans un pays où le taux de croissance est de plus de 3 %. Tous les ans ! Depuis longtemps déjà ! Des pays tueraient pour ce taux-là ! Nous ne licencions jamais personne. Ou plutôt, si, ça nous arrive, pour des raisons bassement mercantiles ou parce que les limites de l’indiscipline ont été dépassées, mais nous avons alors des anges de la miséricorde qui revoient souvent ces décisions-là. Comme le ministre Callychurn pour les employés du casino en décembre dernier (ben, dis donc, c’était alors la période des «fêtes» tout de même !) et maintenant le conseil d’administration de la CHCL pour M. Alain Edouard. Leur mission ? Faire de l’humanitaire ! Non, non, ce n’est pas pour sauver ou aider des réfugiés syriens sans le sou et sans de quoi se nourrir. M. Edouard lui-même touchait déjà apparemment un bon salaire… avant PRB (non, ce n’est pas de lui que l’on parle !)

Broyer du blanc, de toute manière peut se traduire indifféremment par «whitewashing» ou «white bashing» d’ailleurs. On se sent donc autorisé à chanter les louanges de Madame Choomka, une petite futée celle-là, je vous dis, qui, ayant réalisé que de se faire nommer CEO par un conseil d’administration présidée par elle-même était un tantinet affligeant pour la gouvernance, a proposé, en lieu et place, de «whitewash», le tout en faisant un appel à candidatures tellement anonyme que la présidente elle-même ne savait pas qu’elle allait postuler pour un emploi dont elle ne connaissait pas la teneur ! Quoi ? Vous croyez qu’elle a fait chou blanc ? Pas du tout ! Elle a découvert, embarrassée comme tout, qu’elle avait en fait postulé pour un job qui lui était subalterne ! (sauf pour les salaires)… Quant aux lettres que l’on affichait jusqu’ici fièrement après son nom style : BSc, Ma, Att, ACCA, QPM, FIBM, MP, GOSK, PMO tout ça… Il semblerait que ce soit la nouvelle qualification «MSM» qui a la cote depuis fin 2014. Tout lecteur intéressé peut noter que l’université qui accorde ce diplôme se trouve au 31, rue Edith Cavell, Port-Louis.

QUANT AUX LETTRES QUE L’ON AFFICHAIT JUSQU’ICI FIÈREMENT APRÈS SON NOM STYLE : BSc, MA, ATT, ACCA, QPM, FIBM, MP, GOSK, PMO TOUT ÇA… IL SEMBLERAIT QUE CE SOIT LA NOUVELLE QUALIFICATION «MSM» QUI A LA COTE DEPUIS FIN 2014.

Pourquoi broyer du noir ? On n’a pas encore rencontré de djihadistes explosifs dans le pays, les migrants ne font pas la queue derrière nos frontières, les pluies torrentielles n’ont pas tué depuis mars 2013 (mais le ministre responsable n’étant plus disponible pour le moment – qu’est-ce qui peut bien nous pendre au bout du nez ?), les cyclones dévastateurs ont été domestiqués depuis Gervaise (1975) et Claudette (1979). Pas pour nous les pandémies de Zika ou d’Ebola. Ici, au paradis, on parle tout juste d’épidémie de gastro-entérite et de piqûres saisonnières de méduses ! Pas pour nous les prêts toxiques qui ferment Wall Street et qui enterrent Lehmann Brothers (600 milliards de dollars d’actifs). Nous ne sommes pas «assez malins» pour faire des prêts à 110 % de la valeur immobilière achetée, à des clients sans emploi fixe, bénéficiant de l’AAA d’agences de notation complaisantes, ce qui en permettait la titrisation ! Nous nous contentons de faire du Madoff-like. Du Madoff-lite ? Non, j’ai bien précisé «like»… Qui ne coûtera d’ailleurs RIEN du tout aux contribuables. Puisqu’il vous l’a dit… Chez nous, seulement quelques petits prêts légèrement sucrés à des amis bien chers : Gooljaury à la MPCB, BAI et Vishnu à la SBM, x, y, z à la DBM…

Pourquoi broyer du noir ? Pas pour nous l’extase des contribuables qui voient 30 M de dollars être dépensés sur la résidence privée de Bhai Zuma. Tout juste un petit cas en cour quant à la possibilité d’un double salaire pour quelqu’un qui n’a pas d’employeur. Pas pour nous la caque de Petrobas : nous n’avons pas de pétrole ! Bien peu pour nous l’air pollué de Shanghai, le Gange investi de coliformes, la pluie acide qui tue les forêts, les banquises qui fondent… Ça, c’est chez les autres, comme nous le rappelle la MBC chaque soir. Nous ici, nous avons la police de l’environnement et la Beach Authority, que diantre !

Pourquoi, en effet, broyer du noir ? Les couchers de soleil sont tout aussi beaux, la solidarité nationale quand il y a une catastrophe fait plaisir à voir, on vient de trouver encore Rs 3 milliards pour nos scribouillards tout productifs (ni tous scribouillards ni tous productifs), les volcans sont couchés et il n’y a pas de serpents venimeux.

Tout juste quelques serpents à chaussettes qui sifflent sur nos têtes et qui spéculent sur le prix de l’or, confirmant que notre «miracle» sera fait de… «câlin». Et (de) toc !

P.S : Dimanche dernier, dans cette chronique, il y avait une erreur. Le prêt de 6 % de Heritage City ne sera pas en dollars, comme on l’écrivait, à tort, mais en roupies. Le point à faire reste, cependant, le même. Par rapport à 1,5 %, il serait intéressant de savoir à quel taux notre pays peut, lui, emprunter en dollars ou… en euros.

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