Publicité

Ces automatismes qui tournent à la farce

2 avril 2016, 07:27

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

Veut-on éviter des conflits genre Robert Desvaux-Sen Ramsamy ? La MSM Youshreen Choomka a trouvé la solution : en tant que présidente de l’Independent Broadcasting Authority (IBA), elle s’est ni plus ni moins auto-recrutée en tant que directrice de l’IBA ! Comme cela, il n’y aura pas de décalage possible entre le board et la direction. Après l’auto-recrutement, enchaînons sur une autre farce : l’auto-expulsion avortée au sein du Muvman Liberater. Après s’être disputés en public, Sangeet Fowdar et Ivan Collendavelloo ont ravalé leur crachat respectif en privé. Et chacun ne trouve désormais que des qualités à dire sur l’autre. Et bientôt ils tiendront une conférence de presse pour témoigner de leur amour retrouvé.

Pour ceux qui sont friands de partielle, il faudra, donc, lorgner plutôt du côté des circonscriptions 7 (en attendant une décision de SAJ ou de Vishnu Lutchmeenaraidoo) ou 9 (dépendant de la progression de l’enquête de l’ICAC par rapport à Raj Dayal). Oublions le nº 8, car Pravind Jugnauth, déjà hors du Conseil des ministres, ne compte nullement abandonner sa circonscription, ou encore la chose politique, indépendamment du jugement de la Cour suprême sur le dossier MedPoint.

Élections partielles ou pas, meetings du 1er Mai au bazar de Vacoas ou ailleurs, c’est contre-productif pour un pays d’être ainsi en campagne électorale permanente. Quand on est en campagne, c’est impossible de réfléchir ensemble, de manière dépassionnée, car il s’agit avant tout de scorer des points contre l’autre.

Prenons le cas de Port-Louis, par exemple. Si l’alliance Lepep, à la page 38 de son manifeste électoral, avait évoqué le redémarrage du projet Highlands City, elle n’avait, par contre, pas détaillé le transfert du Parlement, du PMO et d’autres bureaux importants de Port-Louis.

Et aujourd’hui, entre l’opposition qui parle de «ville portuaire ou ville mortuaire?», et un gouvernement qui ne veut pas retarder la sortie des terres de Heritage City, le débat est faussé à la base. Pourtant il est capital. On parle de notre capitale, de la vitrine du pays et de notre histoire commune. Peut-être que ce serait une bonne chose de décentraliser Port-Louis qui est aujourd’hui asphyxiée, ou peut-être pas ? Mais pour trancher cette question complexe, il nous faut dépolitiser la question et discuter, à tête reposée, des aspects historiques, culturels, légaux, constitutionnels, économiques entourant le projet de transférer le cœur politique de Port-Louis ailleurs… Je suis de ceux qui croient qu’on a d’autres priorités pour le moment.

Il est aussi important de se pencher sur le financement de Heritage City. Que veulent les généreux donateurs ou bailleurs de fonds que nous présente le tandem Bhadain-Soodhun ? Souvent on se laisse aveugler par le don et les maquettes futuristes, et on ne regarde pas suffisamment les strings attached. Le cas du siège de l’Union africaine (UA), un imposant immeuble de 20 étages à Addis-Abeba, est particulièrement parlant. La Chine avait pris en charge les frais de construction (200 millions de dollars) du complexe ultramoderne qui sort de l’ordinaire africain. Achevé en décembre 2011, à temps pour un sommet de l’UA organisé le mois suivant, le bâtiment dernier cri comprend une salle de conférence de 2 500 places. Mais ce cadeau n’a pas été salué par tous. De nombreux Africains considèrent que c’est une insulte au continent qu’un bâtiment aussi symbolique que le siège de l’UA soit conçu, construit et entretenu par un pays étranger qui a des intérêts autres que ceux des Africains.

***

Cette semaine, deux faits politiques méritent que l’on s’y attarde. D’abord la rentrée parlementaire, où l’on a vu un Premier ministre irrité, répondant aux questions sur ses ministres et le travail de son équipe avec un certain mépris, face à un Paul Bérenger requinqué et déterminé à faire feu sans pitié sur un gouvernement en perte de vitesse. Aujourd’hui, il devient de plus en plus évident que le souhait de Lepep de «gouverner pour le peuple, avec le peuple» se fait de plus en plus sans ce dernier. C’est normal, les promesses de changement et de renouveau ne se matérialisent pas.

Et puis il y a eu la décision du DPP de traduire en justice Gooljaury et Ramgoolam ainsi que les DCP Jokhoo et Sooroojebally dans l’affaire Roches-Noires. En matérialisant cette première poursuite contre le leader du PTr, le DPP démontre-t-il ainsi son indépendance et ce, contrairement aux allégations de certains au gouvernement selon lesquelles il avait les mains liées ? En refusant d’accorder l’immunité à Gooljaury (devenu proche du MSM entre-temps, qui a pu consigner sa déposition contre Ramgoolam un dimanche aux Casernes), le DPP évite-t-il le procès d’intention que c’est une affaire avant tout politique ?

***

Terminons sur ce coup de gueule de Roshi Bhadain sur sa page Facebook. Publiant des photos de son leader et de lui s’entrelaçant, comme deux amoureux, il écrit: «Reading l’express this morning, I was shocked to see an article about Pravind and myself not being on good terms. Nothing could be further from the truth (...)» Pourtant, un journaliste de l’express faisait le pied de grue devant son bureau, justement pour qu’il nous donne sa version des faits. Mais il n’a pas voulu lui parler.