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Smart dilo plutôt, svp…

1 mars 2016, 13:43

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Smart dilo plutôt, svp…

À chaque fois que le pays est arrosé de grosses pluies, s’ensuit une période de maladies dues à l’eau qui coule de nos robinets. Que le ministre du jour ne se sente pas offusqué, car c’est un phénomène qui a traversé des décennies et de multiples gouvernements. Les institutions responsables de cette situation ont évolué, PWD (Public Works Department), ministère des Travaux, CWA. Et elles ont englouti des milliards de roupies sans toutefois arriver à empêcher la population de contracter la gastro-entérite et d’autres maladies, après chaque averse.

Le système de filtrage sanitaire et de purification d’eau connaît de sérieux dysfonctionnements dont la récurrence doit nous interpeller. Il est évident que quelque chose ne va pas bien dans le système pour qu’aucun gouvernement qui s’installe et qui veut gouverner nos vies ne puisse trouver une solution à ce problème. Nous refusons de croire que cela n’a inquiété aucun de tous les ministres que le pays a connus.

On demande à la population de faire bouillir l’eau avant de la consommer. Mais le fait de bouillir, si on en a les moyens, n’enlève aucunement la boue qui s’y trouve. Oublions les autres impuretés, qu’il est impossible de voir à l’oeil nu et qui affectent notre santé. On nous conseille de consommer l’eau embouteillée si l’on ne veut pas être malade. Les pauvres riront bien de ce conseil qui relève pour eux d’un non-sens digne de ceux qui ne connaissent pas la réalité du pays. Cette publicité dirigée vers ceux qui ont les moyens uniquement traduit un triste dessein.

On ne sait pas si la qualité de l’eau est contrôlée régulièrement, ou bien ce sont les statistiques de nos dispensaires et des départements casualty des hôpitaux qui fournissent les indications de l’incidence des maladies dues à la consommation de l’eau insalubre. Heureusement que le ministère de la Santé tire la sonnette d’alarme à chaque fois. On n’a pas d’information de manière systématique sur la qualité de l’eau que l’on boit et les impuretés quelle contient. On a bien, on l’espère, un laboratoire fonctionnel à la CWA. Alors que fait-il de ses analyses? Il est important qu’il les communique à la population.

DES MILLIARDS ENGOUFFRÉS

Dans un pays qui se targue d’être moderne, avec des smart cities, en route vers un miracle économique, bientôt un high income country, donner de l’eau propre à boire à la population devrait relever du besoin basique. On ne de- mande pas le ciel, l’eau qu’il nous donne est suffisante. À nous de la mettre dans des tuyaux propres. C’est tout. Et si pendant presque un demi-siècle d’indépendance on n’arrive pas à le faire, ou que l’on fait semblant de ne pas voir, alors là… il y a un grave problème.

Et surtout que l’on ne vienne pas nous dire que nous n’avons pas les moyens, avec tous ces milliards engouffrés par les services des utilités publiques durant de longues années. Et surtout aussi, ne nous dites pas d’aller voir ailleurs, en Afrique ou ailleurs où les gens sont plus mal lotis et boivent de l’eau boueuse. Il est temps de se rappeler que l’accès à l’eau est un droit. Et l’on entend par eau, de l’eau potable, non porteuse de risques, de vecteurs de maladies des pays sous-développés, la gastro, entre autres.

On nous parle ces jours-ci de privatisation. Ce serait mieux si seulement on pouvait en premier lieu faire avancer un projet de la «débouetisation» du verre d’eau que nous buvons. Ce serait tellement bien. On sera ainsi épargné d’ingurgiter notre petite cuillerée de boue qui va loger chaque jour dans notre corps.

Ce cri n’a pas d’origine politique. Il vise le système et non le ministre. Celui-ci n’a donc pas de prétexte de battre son estomac et proclamer que tant qu’il serait ministre ceux qui ne peuvent se payer l’eau embouteillée boiront la tasse… d’eau sale.