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Indianocéanie contrastée

14 octobre 2015, 09:11

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Indianocéanie contrastée

D’un point de vue géographique, ces îles se situent toutes dans le bassin de l’océan Indien. Mais sur le plan économique, il est difficile de comparer La Réunion, Madagascar, les Seychelles, les Comores et Maurice…

 


À l’exception de la première représentation géographique, les cartes redessinent, proportionnellement, les îles en fonction de leur PIB et de leur RNB/tête.

 

Les îles de l’océan Indien sont, on le sait, assez disparates et très différentes les unes des autres. C’est, bien évidemment, le résultat de cheminements historiques, de circuits de peuplement et de systèmes politiques contrastés, parfois opposés. On sait tous confusément que La Réunion est la plus riche de ces îles, étant un territoire français d’outre-mer, que les Seychelles ont probablement les plages et les lagons les mieux préservés, que Maurice a un bilan de débrouillardise économique sans commune mesure dans la région, que Madagascar est englué dans des complications politiques qui n’en finissent plus et que son potentiel économique est sans doute le plus grand de la région, alors que les Comores en sont à leurs premiers balbutiements dans le voisinage. Mais ce n’est pas tout et le rapport annuel de la Commission de l’océan Indien (COI) permet de rapporter certains des contrastes les moins connus.

 

Par exemple, saviez-vous que deux pays se targuent d’avoir un taux d’alphabétisation plus élevé que celui de La Réunion, qui est de 88,9% ? Il s’agit de Maurice, à 89,8%, et des Seychelles, à 91,8% et a priori ce constat est contre-intuitif. Les méthodes de mesure du taux d’alphabétisation sont-elles à ce point différentes ? Si l’on vous demandait quel est le pays qui a la plus forte densité de population dans la région, vous répondriez sans doute: Maurice, et vous auriez raison. À 641 citoyens/km2, c’est plus que le double du second, La Réunion, avec 336 citoyens/km2.

 

 

Par contre, si l’on vous demandait de classifier par RNB/tête (revenu national brut/tête) vous songeriez sans doute à mettre La Réunion en tête, alors que cette île ne se présente qu’en deuxième position (24 229 $) derrière les Seychelles (25 760 $), Maurice n’affichant que 8 766 $ à cet indice. Est-ce l’effet des populations étrangères travaillant aux Seychelles, proportionnellement importantes pour les Seychelles, dont on comptabilise le RNB, alors qu’elles ne font pas partie de la «population» ? Ce classement est à comparer à celui de l’Indice de Développement Humain où La Réunion est 54e sur 187 pays recensés, suivi de Maurice (63e) et des Seychelles, qui n’est plus, alors que 71e… (Tableau I)

 

C’est au niveau du chiffre du chômage que l’on est en droit d’être le plus stupéfait. En effet, aux côtés des 28,2% de chômage enregistrés à La Réunion, on trouve les 14,3% des Comores et les 8% de Maurice. Par contre, les Seychelles, il est vrai avec une population de 91 000 âmes, s’affiche à 2,3% alors que Madagascar insiste même que son taux de chômage est encore mieux que les 2,3% déclarés à la Commission de l’océan Indien!

 

On a peine à le croire, à moins de conclure que la «débrouille» pour ne pas crever de faim est comptabilisée dans la colonne emploi, alors qu’à La Réunion, la faim ne guettant pas, on attend tout simplement l’allocation de chômage si l’on n’a pas un emploi… D’ailleurs, la définition du Bureau international du travail utilisée, en passant, par Statistics Mauritius, alimente cette théorie car la définition du chômeur est une personne en âge de travailler (15 ans ou plus) qui répond simultanément à trois critères, soit :

 

• qui EST sans emploi, c’est-à-dire qui n’a pas travaillé, au moins UNE HEURE, dans une SEMAINE de référence ;

 

• qui est disponible pour prendre un emploi dans les 15 jours ;

 

• qui a activement cherché un emploi dans le mois précédent ou qui en a trouvé un qui commence dans moins de 3 mois.

 

Finalement, nous reproduisons ci-dessus trois cartes régionales qui font contraste. La première est la carte connue, géographique. Les deux autres redessinent, proportionnellement les îles de la région en fonction de leur RNB/tête et de leur produit intérieur brut et donnent ainsi une toute autre perspective régionale.

 

La surprise principale pourrait être que Maurice, avec 5,5% de la population et seulement 0,35% de la surface terrestre de Madagascar, produit 30% de plus en produit intérieur brut. De quoi ranimer, localement, un peu d’optimisme par ces temps plutôt moroses…