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Investir dans la relance

2 août 2015, 14:27

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Ce serait faire preuve d’une grande naïveté que de placer tout espoir d’une reprise économique dans le court-moyen terme sur les marchés traditionnels.

 

Les mauvaises nouvelles quotidiennes en provenance de la zone euro mais aussi des pays émergents sont là pour nous le rappeler. Statistics Mauritius et la Banque de Maurice s’en sont également rendu compte assez vite, malgré l’optimisme affiché en début d’année. Ils ont d’ailleurs intégré cette réalité dans leurs équations.

 

Comme ces institutions, les autorités publiques ont aussi le choix : continuer de subir les événements en misant sur un revirement inattendu de la situation pour ne pas dire attendre un miracle, ou agir directement sur la courbe de la croissance économique.

 

Dans la conjoncture actuelle, il n’y a pas 36 solutions pour faire repartir une économie à bout de souffle. Le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, à qui l’on prête l’intention de coordonner un plan de relance, n’est pas censé l’ignorer, ayant été l’un des artisans d’un programme d’investissements massifs dans les infrastructures publiques entre 2000 et 2005. Un quinquennat qui a vu sortir de terre la cybercité d’Ébène et le décaissement de plusieurs milliards de roupies à l’intention du secteur éducatif, avec à la clé la construction de nombreux collèges d’État à travers l’île.

 

Encore une fois, le gouvernement est appelé à montrer la voie car malgré un taux directeur stable à 4,65 % depuis juin 2013 et l’excès de liquidité qui caractérise le circuit bancaire, le secteur privé hésite toujours à délier les cordons de la bourse. Selon les dernières projections, le taux d’investissement progressera légèrement en 2015 pour atteindre 19,5 %, contre 19,2 % en 2014. Nous sommes donc très loin des taux nécessaires pour impacter significativement la croissance.

 

Compte tenu du fait que les méga projets annoncés par le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, dans le Budget 2015-16 n’auront pas d’incidence majeure sur l’investissement dans le court terme – l’institut des statistiques table sur un recul de l’investissement privé à 70,7 % cette année –, il est temps d’envisager sérieusement une relance des projets d’infrastructures.

 

C’est l’option la plus évidente face à la morosité ambiante. Non seulement c’est un moyen de stimuler l’activité et de créer des emplois, mais les investissements publics permettent également d’accroître la capacité de production du pays et d’améliorer la productivité nationale. Il est cependant nécessaire de veiller à la qualité des investissements.

 

L’État a annoncé de grands travaux d’infrastructures dans la zone portuaire mais très souvent, comme l’ont souligné les professionnels de la construction, la semaine dernière, il y a un fossé entre l’annonce, la conception et le premier coup de pioche.

 

Toutefois, pour bénéficier pleinement de l’effet multiplicateur des dépenses d’investissement, les autorités publiques doivent s’assurer de l’efficacité du mécanisme d’exécution des travaux infrastructurels. Tel n’est pas le cas actuellement. Plusieurs failles ont été décelées dans le système mais n’ont pas été corrigées jusqu’ici, expliquant ainsi un retentissement relativement modéré sur le produit intérieur brut. Des études menées par les institutions de Bretton Woods ont d’ailleurs démontré que de manière générale, environ 30 % de la valeur d’un investissement public est perdue pour cause de mauvaise gestion.

 

En d’autres mots, il est possible d’optimiser l’impact socio-économique d’une relance de l’infrastructure à condition d’appliquer les règles de bonne gouvernance.