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Xavier Duval en territoire occupé

25 juillet 2015, 06:58

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Comme prévu, les tirs croisés entre institutions (DPP, Police et ICAC) s’intensifient. Le contre-affidavit de l’ICAC place désormais le judiciaire dans une situation des plus inconfortables : comment trancher entre le DPP et la commission anticorruption qui jouissent tous deux de pouvoirs statutaires ? Mais ce n’est pas notre propos du jour.

 

 À nos yeux, il y a une autre guerre, encore plus grave, qui s’est déclarée : celle entre les partenaires de l’exécutif, soit une crise interne au sein du gouvernement. Derrière la prise de bec entre le VPM Soodhun et le DPM Duval (que ce dernier cherche à tout prix à minimiser afin de ne pas gâcher son premier intérim en remplacement de sir Anerood), il y a une tension palpable, malsaine et porteuse de germes d’instabilité à la tête du pays, surtout dans un contexte post-MedPoint.

 

 La sortie de Soodhun, portée par Zam Zam et d’autres organisations socioreligieuses, en pleine célébration de la fin du ramadan, ressemble ni plus ni moins à une déclaration de guerre. Du genre : «Na pas rentre dan nou territoire, Xavier. Reste dan to paroisse !».

 

 Le flou perdure si effectivement Soodhun est réellement revenu à de meilleurs sentiments vis-à-vis de celui qu’il aurait dû respecter comme Premier ministre par intérim. Mais au lieu de respect, même feint, l’on sent une certaine hargne contre le PMSD car Xavier Duval a osé placarder des affiches de «Eid Mubarak». Le leader du PMSD pourrait toujours tenter de faire croire que c’est un «well wisher» des Bleus qui est à l’origine de la campagne d’affiches «Xavier wishes you Eid Mubarak» qui, en plein intérim, a un effet provocateur démultiplié. Effet qui n’a pas été pris en compte par les «têtespenchantes» du parti… qui ont trop tendance à vouloir réécrire l’histoire du PMSD (que ce soit son rôle dans les bagarres raciales pré et post-indépendance du pays, ou de sa contribution négative à l’essor de notre zone franche, comme vient de nous le rappeler José Poncini). 

 

Pour jouir du pouvoir et de ses privilèges, Xavier Duval doit rester sous-calife et non pas calife. Et il doit surtout la fermer. Sa surprenante conférence sur la Palestine, donnée devant de hauts dignitaires religieux du monde musulman à Plaine-Verte, au retour d’un voyage fort médiatisé au Proche-Orient, donnait déjà une indication de ses ambitions de s’approprier d’autres pans de l’électorat – un peu comme Israël (que Duval a vilipendé de manière opportuniste ce jour-là) le fait dans les territoires qu’il arrache sans vergogne dans la bande de Gaza…

 

 Et cette politique expansionniste vers le monde musulman n’a pas plu à beaucoup, dont, en premier, ses partenaires au sein du gouvernement qui redoutent son appétit démesuré pour le pouvoir. «Bizin vey li kouma dilé lor difé sannla-là», nous a souvent confié un ministre actuel.

 

En tant que PM par intérim, Duval n’a pas l’autorité politique pour condamner les dérives ministérielles dans la croisade de l’exécutif contre le judiciaire et le bureau du DPP. Son silence est complice – comme il l’était d’ailleurs sous le régime de Navin Ramgoolam dont il s’est abreuvé pendant plus d’une décennie. Car il sait fort bien que le MSM pourrait le botter hors du pouvoir car il y a le MP de Ganoo (autre opportuniste de premier grade) qui attend derrière la porte du Trésor. Duval, comme PM p.i., ne peut pas non plus sévir contre Prakash Maunthrooa, Chief of Staff au PMO et sérieusement mouillé dans l’affaire Boskalis.

 

 Et enfin, Duval ne pourra jamais ramener à l’ordre Ivan Collendavelloo qui n’hésite pas à délaisser ses dossiers aux Services publics pour venir s’ingérer dans l’administration de la justice (ce qui a provoqué la démission, pour la seconde fois, de Me Antoine Domingue de la FSC, après avoir été lui-même démis par Pravind Jugnauth comme avocat dans l’affaire Medpoint!).

 

 La crise au sein du gouvernement est réelle, même si nous ne croyons pas comme le rêveur Bérenger que des élections anticipées auront lieu en septembre. À moins que l’état de santé de sir Anerood ne se détériore soudainement. Ce qui va faire dégénérer davantage les rapports entre politiciens de factions rivales. Pourvu qu’ils ne transforment pas notre paisible pays en Proche-Orient !!!