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Réflexions stratégiques

19 juillet 2015, 10:50

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L’économie mauricienne fait du surplace depuis presque cinq ans. Aucun moyen de la remettre sur les rails d’une croissance solide. Les politiques formulées par les ministres des Finances qui se sont succédé à l’Hôtel du gouvernement se sont résumées jusqu’ici à des effets d’annonce. Pourquoi ?

 

Plusieurs analystes se sont penchés sur la question et il en est ressorti que le manque de volonté politique est un des facteurs à l’origine de cette stagnation. Soit !

 

Et s’il y avait autre chose ? Un mal beaucoup plus profond, voire des structures dépassées ? Il est plus que temps de se poser la question car nous ne pouvons plus continuer à rater systématiquement le coche. Le ministère des Finances et du développement économique est la tête de pont pour élaborer et dicter la politique économique dans le pays. Dans sa forme actuelle, le ministère répond-il aux exigences du nouvel ordre économique qui s’installe peu à peu dans le monde ? Il est permis de se le demander. D’autant plus que le gouvernement a clairement fait comprendre que ces dernières années ont vu un pourrissement de la fondation économique de l’île.

 

Autant donc aller jusqu’au bout de la logique de «nettoyage» en initiant cette fois-ci un processus de remise en question. La performance économique de ces dernières années est une raison suffisamment importante pour s’en convaincre. Un tel exercice devrait sans l’ombre d’un doute démontrer qu’il ne fait aucun sens en 2015 d’avoir un ministère qui se penche à la fois sur le Budget, la gestion des deniers publics tout en s’occupant de la réflexion stratégique.

 

Le fait de placer autant de responsabilités entre les mains d’une seule entité augmente le risque que certaines d’entre elles soient délaissées. C’est d’ailleurs l’impression qui se dégage. Le Budget bénéficie d’une attention particulière – ce qui est tout à fait justifié – alors que d’autres aspects aussi importants sont négligés. Nous pensons notamment à la planification. Ce qui fait qu’au final, le discours budgétaire ne se résume qu’à un exercice comptable malgré les tentatives de ceux qui le prononcent de lui donner une plus grande envergure. Les faits sont là pour le prouver. Chaque année, l’institut national des statistiques nous annonce des performances améliorées car les mesures budgétaires impacteront positivement la croissance économique. Ce qui n’a pas été vraiment le cas ces dernières années. Résultat : Statistics Mauritius est obligé de revoir ses prévisions à la baisse.

 

Or, certaines échéances nous imposent d’avoir beaucoup plus que de simples exer-cices comptables. Le Global business est désormais face à son destin avec l’annonce de la révision du traité de non-double imposition fiscale liant Maurice à l’Inde, tandis que le sucre sera confronté à une nouvelle période de turbulences en vue de la suppression prochaine des quotas européens. De gros bouleversements en perspective qui nécessitent une réflexion, afin d’essayer d’en atténuer au maximum les effets.

 

Sous ce chapitre, il y a aussi les objectifs annoncés de développer plusieurs Smart cities et de positionner Maurice dans le secteur portuaire. De très belles résolutions mais qui pourraient finir comme des slogans un peu à la manière de la fameuse Land-Based Oceanic Industry. En d’autres termes, avoir les meilleures intentions ne sert à rien sans une feuille de route élaborée sur la base d’une réflexion stratégique. C’est ce qui fait défaut. Contrairement aux pays comme l’Inde, Maurice ne dispose pas de think tank pour conseiller le gouvernement sur la voie à prendre sur des dossiers sensibles.

 

Même la Banque mondiale a attiré l’attention sur ce manquement de taille dans notre structure décisionnelle. «The merger of the Ministry of Economic Planning and Development, which used to develop the National Strategic Plan for 5 years, with the Ministry of Finance in 2003 resulted in a loss of strategic planning capacity within the government at national level», déploraient les analystes de l’institution de Bretton Woods dans un rapport en date de 2011.

 

Il est malheureux de constater que plus de trois ans après, ces commentaires sont toujours d’actualité.