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Parfum de revanche

13 juillet 2015, 06:47

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Dire que Maurice a entamé une marche vers un État policier est sans doute farfelu. Certes, il y a eu une ou deux actions quelque peu intempestives lors des enquêtes du CCID sur les frasques des anciens dirigeants, mais la police reste globalement soumise aux règles de l’État de droit. En revanche, la façon dont les autorités traitent l’affaire mettant en cause le DPP a de quoi troubler l’opinion publique.

 

Voyons la séquence des événements. Le mardi 30 juin, Pravind Jugnauth est reconnu coupable de conflit d’intérêts par la Cour. Le lundi 6 juillet, l’ICAC reçoit une communication du ministère des Terres sur la compagnie Sun Tan Hotels, dont l’épouse du DPP est actionnaire. Aussitôt après, la commission anticorruption ouvre une enquête préliminaire visant le DPP. Les enquêteurs cherchent à établir si celui-ci a enfreint l’article 13 (2) du POCA portant justement sur le conflit d’intérêts.

 

La coïncidence est flagrante. Elle laisse supposer un désir de vengeance.

 

Il est reproché à Satyajit Boolell de s’être opposé, lors d’une réunion au ministère des Terres en juillet 2011, à l’augmentation du loyer annuel du bail détenu par Sun Tan Hotels à Palmar. L’État réclamait Rs 1,6 million tandis que la société insistait sur un montant de Rs 45 000. C’est parce que le citoyen Boolell avait participé à cette réunion à titre privé qu’il est difficile de comprendre en quoi il est passible de poursuites sous le POCA.

 

Pour autant, il y a des zones d’ombre dans ce dossier. En octobre 2008, Satyajit Boolell, en sa capacité de Parliamentary Counsel, avait donné le feu vert à l’augmentation du loyer. Quand le litige refait surface en 2012, le ministère envoie une lettre au Parquet pour demander son avis sur la révision du loyer. Le ministère prend soin de signaler qu’un avis a déjà été rendu par le Parquet en 2008 autorisant l’augmentation. Quelques jours après, cette lettre est annulée et une nouvelle lettre est adressée mais, cette fois, sans la référence au précédent «ruling». Pourquoi ?

 

Quelques rayons de soleil sont nécessaires pour éclairer le dossier Sun Tan, mais gardons-nous de traîner dans la mare politicienne les institutions nationales.