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Let’s make the Smart Mauritius together with the people, for the people

13 mai 2015, 15:09

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Comparé aux autres pays d’Afrique, Maurice a accumulé beaucoup de retards dans le secteur des Technologies de l’information et de la communication. Il nous faut, entre autres, augmenter le taux de pénétration du haut débit et user des services e-government qui nous feront économiser du temps et de l’argent.

 

Le projet annoncé par le ministre Pravind Jugnauth lors de sa conférence de presse du 19 mars dernier est de placer le secteur des Technologies de l’information et de la communication (TIC) comme un important pilier de l’économie. Nous louons tous certainement la volonté du gouvernement dans ce projet ambitieux certes, mais pourvu de divers macadams. Ce texte a pour raison d’être la possible planification d’embûches… à venir.

 

Analysons l’état actuel des choses et les statistiques par rapport à nos défis et au continent africain. Après les Seychelles, Maurice est le plus petit État africain avec nos 1866 km2. Pour rappel, Singapour ne fait que 766 km2. Dans le monde des télécoms, la superficie d’un pays est importante quand il s’agit de stratégie de déploiement de technologies diverses et variées.

 

Si sur divers benchmarks, on se compare aux États africains qui sont 100 à 2 000 fois plus grands que nous, avec de vastes forêts et déserts, nous trichons. Tout simplement. Il est un fait que nous nous prenons souvent pour le nombril de l’Afrique, voire plus. Mais à force d’y croire, l’île Maurice s’est fait rattraper et dépasser par plusieurs pays d’Afrique ces dernières années, vérité cachée.

 

Le haut débit pour tous à un prix abordable et accessible à la population. À l’île de la Réunion, l’Internet haut débit à 50 Mbps se vend à Rs 1 000. À Madagascar,  l’Internet à 8 Mbps incluant la téléphonie est à Rs 1 400. À Maurice, seulement 15 % de la population a accès à l’Internet de plus de 512 kbps. Pourquoi cela? Sommes-nous des imbéciles ? Avons-nous moins de besoins que nos voisins de l’océan Indien ? Je ne le crois pas. C’est tout simplement une relation très incestueuse entre l’État mauricien et la Mauritius Telecom, soutenue par notre régulateur l’ICTA, qui est censé être indépendant.

 

L’île Maurice est tout simplement en situation de monopole, voire de duopole, où les puissants opérateurs ne se battent pas pour faire baisser les tarifs Internet, ni pour améliorer  la connexion, mais plutôt pour faire plus de profits aux dépens de l’avenir de la population.

 

D’après le dernier rapport de l’Union européenne commandité par la Commission de l’océan indien (mars 2015), l’île Maurice se place désormais parmi les derniers de tous les États africains, après le Liberia et la République du Congo, au classement de la bande passante internationale la plus élevée. Pour exemple, 1 Mbps international se vend à Maurice à USD 800 quand, chez nos voisins de la Réunion, il est à USD 50 et à Madagascar, cette même bande passante est à USD 80-100. Pour ceux qui penseront qu’il y a des subventions de l’État français concernant les tarifs à la Réunion, ils se trompent. Il n’y en a pas.

 

C’est ce qu’on appelle la «dérégulation propre». Le même tarif de USD 50 par Mégabits est applicable à Maurice, mais il faudrait baisser la marge opérationnelle. À USD 50, l’opérateur fonctionnerait à 100 % de marge, imaginez maintenant à USD 800 ! Au Maroc et en Tunisie (les pays concurrents de Maurice pour les centres d’appels et le BPO), ce même mégabit pur est à USD 25.

 

Le nouveau gouvernement Lepep est certainement conscient de l’enjeu. Il y a un choix à faire entre les profits des opérateurs et l’avenir de la nation mauricienne. D’après une étude de la Banque mondiale, une augmentation de 10 % du taux de pénétration du haut débit produirait 1,4 % d’augmentation de notre Produit intérieur brut (PIB). Nous sommes à ce jour à 15 %. Imaginez 55 %. Ce qui équivaudrait à 5,6 % de croissance supplémentaire uniquement grâce à Internet dans quelques années. Quel est le meilleur choix ?

 

En tant que président de la Mauritius IT Industry Association (MITIA), c’est un challenge afin de faire démarrer ce projet et surtout qu’il soit pérenne. Nous avons accumulé trop de retards qu’il faudrait essayer de combler en si peu de temps. Il y a certainement quelques entreprises locales qui exportent déjà leurs compétences en Afrique.

 

Ce sont essentiellement ces grandes firmes établies depuis plus de 25 ans localement. Elles développent principalement sous Oracle, Microsoft et vendent du support pour l’infrastructure. Nous pouvons aujourd’hui vendre de l’intégration technologique.

 

Mais afin de faire de Maurice un vrai ICT Hub, il faudrait que nous devenions un world class player à tous les niveaux. L’informatique n’est pas dans notre culture. Utiliser Facebook ou YouTube ne nous fait pas devenir des informaticiens smart. Devenir agents spécialistes de centres d’appels encore moins. Il faudrait revoir complètement les diverses stratégies afin que les différents métiers puissent fonctionner en parallèle. Un Web user n’apporte pas de valeur ajoutée, mais ne fait que diminuer le taux d’illettrisme.

 

Tout commence par l’éducation dans les TIC. En Estonie, toutes les écoles sont connectées à Internet depuis 2003 et dès le départ, les parents sont inclus dans le process d’éducation. Les jeunes de nos jours commencent à apprendre la programmation informatique à partir de 7 ans. En Angleterre et à Singapour, les enfants de 5 ans commenceront bientôt l’introduction à la programmation.

 

L’objectif est de donner un choix aux jeunes. Ils pourront ainsi choisir entre les différentes filières très tôt. On construit des écoles et on oublie d’y installer le réseau. Encore une fois, l’État a des choix à faire. Maurice future Smart Island où Skype est illégal (d’après notre ICT Act

2001 fait pour protéger les intérêts de Mauritius Telecom) ou essayer de voir l’avenir comme l’Estonie avec ses 1,4 million d’habitants, pays qui a créé Skype et où la population vote par Internet.

 

Il faudrait avant tout que notre gouvernement fasse un pacte avec ses citoyens et ses entreprises. Il doit y avoir interaction, via les services e-government. Pour l’instant, il n’y en a aucune, excepté la Mauritius Revenue Authority (MRA) qui a réellement produit de bons services aux citoyens. L’État doit très rapidement s’embarquer dans des investissements massifs avec de vrais services e-government qui feront économiser du temps et de l’argent.

 

Nos organisations liées aux TIC sont aussi complètement dépassées. Elles ont été créées sur le modèle singapourien dans les années 80-90. Rappelons qu’en 2000, Singapour a complètement réorganisé tous ses départements TIC et les a réunis sous une seule entité : Infocomm Development Authority (IDA), y compris leur régulateur et le vieux National Computer Board qui devenaient obsolètes et ne promouvaient pas l’innovation. L’IDA est aussi responsable de l’export des différents services TIC de Singapour. Réorganisons correctement nos services pour les dix années à venir.

 

Comme le disait il y a quelque temps le ministre des Finances, il faudrait avoir plus d’audace. Enlevons les macadams. Alors, uniquement alors, nous serons sur la voie d’une Smart Nation.