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Notre liberté dépendra de nos smartphones…

29 avril 2015, 07:30

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Notre liberté dépendra de nos smartphones…

Le frère de l’ex-ministre Anil Bachoo nous l’a rappelé cette semaine : malgré tous les discours possibles pour souligner le rôle crucial que joue la presse libre dans une  démocratie, de Jefferson à Charb, des journalistes indépendants sont attaqués au quotidien par des gouvernements et des individus qui veulent orienter la vérité des faits.

 

En 2014, la liberté de la presse dans le monde a atteint son plus bas niveau en dix ans, selon le dernier rapport du groupe Freedom House, publié cette semaine : «Les journalistes ont été confrontés l’an dernier à une intensification des pressions émanant de toutes parts.» Il en ressort que seuls 14 % des habitants de la planète vivent dans un pays ayant une presse libre (et 42 % dans un pays avec une presse partiellement libre ; 44 % dans des pays n’autorisant pas la liberté de la presse).

 

Constat : alors qu’ils donnent une voix à ceux qui n’en ont pas, qu’ils exposent des injustices et obligent les dirigeants à rendre des comptes, des journalistes sont persécutés, parfois même tués, et leurs journaux réduits au silence.

 

Chez nous, la chute du tandem Ramgoolam–Bérenger aux dernières législatives aura contribué à améliorer les rapports entre dirigeants politiques et journalistes. Alors que leur défaite se profilait, Ramgoolam et Bérenger avaient tendance à traiter de tous les noms les journalistes et les journaux qui n’étaient pas d’accord avec eux. Ils voulaient nous intimider. L’ancien Premier ministre est allé encore plus loin : utilisant l’argent public à des fins bassement politiciennes, il a tenté d’asphyxier financièrement des organes indépendants, dont notre groupe de presse qui, pourtant, est attendu par ses nombreux lecteurs tous les jours depuis avril 1963. En parallèle, Ramgoolam et Bérenger ont soutenu des titres de presse et des sites Web qui faisaient leur communication (au lieu de faire de l’information). L’affaire des publicités gouvernementales est toujours devant la justice, puisque le gouvernement Ramgoolam n’a pas daigné respecter un ordre de la Cour suprême lui ordonnant de rétablir nos «legitimate expectations» en raison de notre large audience. Il faut noter cependant que le travailliste Reza Issack se démarque. Sa lettre, publiée sur lexpress.mu à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse célébrée aujourd’hui, est salutaire à plus d’un titre.

 

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Face à un régime qui veut bâillonner la presse et qui garde le monopole des ondes audiovisuelles, Internet peut offrir des solutions innovantes. C’est ce que La Sentinelle a choisi de faire en se tournant vers l’offre Web et le mobile. Ce qui nous a permis de prendre de vitesse le gouvernement (qui a paralysé le Media Trust) et de lancer, coup sur coup, LSL Video et LSL Radio. «Cette transformation, partout dans le monde, n’est pas toujours évidente à mener : il faut inventer de nouveaux modes de narration, créer un autre modèle économique. Les médias français n’y parviennent pas toujours. L’express innove et pourrait bien réussir son pari numérique car la rédaction bénéficie de la puissance de frappe d’un immense groupe de presse qui a su implémenter un esprit start-up», note élodie Vialle, rédactrice en chef de Youphil, qui a coanimé avec nos responsables de rédaction plusieurs ateliers de travail au sein du groupe. (voir en pages 8 et 9) Bien évidemment, il reste encore du chemin numérique à faire. La MBC doit se repenser dans un environnement libéralisé. Le Media Trust doit, enfin, fonctionner sans ingérence politicienne et en toute indépendance. À l’ère de WhatsApp (qui a tué le SMS) et des réseaux sociaux, le très haut débit doit enfin devenir une réalité afin de rendre possible le chargement rapide des images et des vidéos – et la connexion à l’Internet mobile.

 

À ceux qui résistent au changement, pas de salut possible. Nous ne sommes pas en train de devenir une société numérique. Nous le SOMMES DÉJÀ. Et même ce constat-là est vieux. Nous sommes, à vrai dire, une société mobile : 80 % des adultes de la planète auront un smartphone d’ici 2020.