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Déceptions

15 avril 2015, 10:44

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Ils sont fraîchement désignés pour être des ambassadeurs dans les principales capitales diplomatiques… Les noms de ces nominés suscitent des interrogations. Pas qu’ils ne soient pas à la hauteur de leurs nouvelles responsabilités, mais tout simplement que leur parcours professionnel est loin de correspondre aux ambitions du pays pour ces centres économiques internationaux.

 

À commencer par Washington, où le renouvellement de l’Africa Growth and Opportunity Act pour une nouvelle période de 15 ans n’est pas gagné d’avance. La complexité des débats – couplée aux campagnes de lobbying dans les arcanes du pouvoir américain – requiert une maîtrise du dossier qui ne peut être laissé à un profane ou à un simple nominé politique. L’accès au marché américain des produits textiles Made In Mauritius hors quota et hors frais de douane a permis  à de nombreuses usines textiles de garder la tête hors de l’eau ces dernières années… Mais il n’y a pas que le dossier commercial qui pèsera de tout son poids dans la capitale américaine. Les discussions avec les autorités américaines autour de la rétrocession de Diego Garcia, qui doivent théoriquement démarrer l’année prochaine, sont d’une importance capitale pour la diplomatie mauricienne. Le choix de notre représentant diplomatique à Washington relève donc d’une considération qui dépasse largement l’allégeance au gouvernement en place ou à un parti politique.

 

Évidemment, il y a New Delhi et la volonté du nouveau Premier ministre indien Narendra Modi de recadrer sa politique étrangère pour mieux faire entendre sa voix en tant que puissance économique et militaire dans le monde. L’Inde veut jouer un rôle de puissance riveraine dans le bassin de l’océan Indien et souhaite s’appuyer sur un partenariat durable avec Maurice et l’Afrique pour contenir l’influence chinoise dans cette partie du monde. Finies les relations basées uniquement sur les liens culturels et de peuplement.

 

L’Inde de Modi est résolue à accompagner Maurice dans sa nouvelle phase de développement. La chancellerie mauricienne à New Delhi revêt donc toute son importance pour mettre la diplomatie du pays au service des intérêts économiques. Idem pour Bruxelles qui définit actuellement les contours des nouvelles relations économiques et commerciales suivant la fin du quota pour le sucre mauricien exporté vers le marché européen à partir de 2017. Mais aussi plus largement sur les nouvelles relations ACP-UE, avec en ligne de mire l’avenir de plusieurs fonds de développement destinés aux pays jouissant du même statut que Maurice. Dès lors, on peut se demander si le profil de notre représentant diplomatique sera à la hauteur des enjeux économiques qui se profilent.

 

Reste Berlin, qui s’affirme aujourd’hui comme la capitale politique de l’Europe et assoit son influence comme le  centre où les grandes questions politiques et économiques sont discutées par les leaders européens. Du coup, Berlin reste une carte maîtresse dans le nouveau dispositif diplomatique de Maurice. L’Allemagne, comme moteur de croissance de l’Europe, reste par ailleurs un des plus gros réservoirs touristiques de Maurice. Manifestement, les nominés qui se sont succédé à Berlin n’ont pas vu plus loin que le salon touristique ITB de Berlin !

 

L’Alliance Lepep a promis des nominations qui font honneur à Maurice. Pour le moment, on peut compter sur les doigts de la main les nominés qui ne souffrent pas de contestations. La nouvelle liste des ambassadeurs nominés pour certaines chancelleries comme New Delhi, Washington, Berlin, etc., que le nouveau gouvernement vient de nous servir relève visiblement d’un autre temps.