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Perspectives

11 mars 2015, 12:19

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C’est une tradition. Tous les ans, Business Magazine ouvre ses colonnes à des Guest Writers à l’occasion de la fête de l’Indépendance en vue d’engager le débat sur des sujets d’intérêt national. Cette année, le Business Yearbook vous propose des analyses de plus d’une quarantaine d’intervenants.

 

L’édition 2015 revêt toutefois une importance toute particulière car elle s’inscrit dans un contexte de changement, voire de renouvellement dans le sillage des consultations populaires de décembre 2014. Cette situation, quoique imprévisible au départ, devrait grandement influer sur les perspectives à divers points de vue. D’ailleurs, le pays semble respirer à nouveau. La preuve, avec le récent sondage sur le climat des affaires qui témoigne d’une décrispation généralisée. Un sentiment qui s’explique par la fin d’un cycle.

 

À tel point qu’aujourd’hui, le gouvernement est attendu au tournant sur le plan économique, notamment après les engagements pris lors de la campagne électorale. Les récents propos du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, au dîner annuel de la Chambre de Commerce et d’Industrie, selon lesquels la croissance atteindra 5,7 % d’ici à 2016 n’ont fait que renforcer les attentes.

 

Une annonce qui ne manque pas, cependant, de faire tiquer car dans la pratique, la mise en œuvre se révèle très souvent difficile. Nous en avons été témoins durant ces dix dernières années où les déclarations d’intention étaient légion. Qu’à cela ne tienne, nous sommes désormais dans une phase de rupture. N’est-ce pas ? Ce qui devrait donner des raisons d’espérer.

 

En attendant d’être fixé sur les moyens qui seront mis à contribution pour permettre à l’économie mauricienne de réaliser ce bond considérable qu’on nous a promis, après des années de vaches maigres, il est important de s’attarder sur l’environnement global. Car après tout, c’est de là que viendront les premiers signaux.

 

Or, les dernières données disponibles indiquent que l’économie mondiale demeure toujours sous pression. Résultat : les écarts se creusent entre différents pays de la planète, que ce soit en termes d’expansion du produit intérieur brut ou encore d’inflation. Le World Economic Outlook prévoit, à ce titre, une croissance de 3,5 % pour 2015 comparé à 3,3 % en 2014. Certes, ces prévisions augurent une amélioration, mais en même temps, il est important de souligner qu’elles puiseront en partie leur source, si progression il y aura, de la baisse des prix du pétrole. Donc, un facteur extrêmement volatil.

 

Dans la conjoncture actuelle, le principal moteur de la croissance globale sera les États-Unis, dont la reprise s’est confirmée lors des trois derniers trimestres. Si le pays de l’Oncle Sam se positionne comme catalyseur de la reprise mondiale, en revanche, la performance des économies de la zone euro et du Japon ne fera que freiner la marche en avant.

 

Les perspectives ne sont guère meilleures dans les pays émergents jadis présentés comme le centre de gravité en devenir de la croissance mondiale. La Chine, par exemple, connaîtra une croissance inférieure à 7 %, tandis que la Russie subira non seulement les contrecoups de la chute du prix de l’or noir, mais ressentira également les effets des sanctions économiques imposées par la communauté internationale dans le cadre du conflit avec l’Ukraine.

 

Notre voisin, l’Afrique du Sud, cinquième marché pour nos produits d’exportation en 2014, n’est pas mieux lotie, le FMI ayant même revu ses prévisions de croissance en janvier. Celles-ci sont passées de 2,3 % initialement à 2,1% pour cette année.

 

Quant à l’économie mauricienne, elle continue de faire preuve de résilience même si la croissance s’effrite d’année en année faute d’une vraie stratégie de relance. Le taux continue d’ailleurs de stagner autour de 3,5 %.

 

Étant donné que les mesures qui seront formulées dans le cadre du Budget 2015-2016, prévu pour le 23 mars, prendront du temps avant de trickle down, notre salut pour 2015, viendra sans aucun doute de la baisse du prix des produits pétroliers, plus précisément de son impact sur la consommation.

 

Certes, le présent modèle socio-économique nous a bien servis mais, en même temps, il nous impose de subir les événements. Tel sera le cas également à l’avenir. À moins que nous n’en décidions autrement.

 

47 ans après l’indépendance, il est plus que temps de renverser la tendance. À Business Magazine, nous croyons fermement qu’il y a une alternative possible. Reste à savoir si nous saurons prendre la bonne vague.