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Hors des sentiers battus

5 mars 2015, 09:55

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Ne devrions-nous pas envisager une certaine forme de contrôle de capitaux lorsque les mesures prudentielles ne suffisent plus à circonscrire une crise financière ? Cette interpellation, dont l’auteur n’est autre que le ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, à l’ouverture d’un forum débat sur la gestion des flux de capitaux dans les «économies frontières» en début de semaine, vient jeter un véritable pavé dans la mare. D’autant plus qu’elle a été formulée en présence de professionnels de la finance, d’académiciens, de décideurs politiques, et surtout de hauts officiels du Fonds monétaire international – dont les dogmes en faveur de la libre circulation des capitaux ne sont plus à présenter.

 

Le fait est suffisamment rare pour être souligné. Car il plante le décor d’une réflexion économique qui se révèle de plus en plus à contre-courant des discours que nous avons connus durant la dernière décade.

 

Drôle de monde qu’est le nôtre, dira d’ailleurs le ministre des Finances en relevant que, d’un côté, les banques centrales des plus puissantes économies ont recours à la planche à billets pour relancer l’économie globale – sans faire grand cas des recommandations en matière de discipline fiscale et financière prônées par le FMI – tandis que, de l’autre, les économies «frontières» et émergentes ne manquent pas de se faire rappeler ces principes.

 

L’analyse est on ne peut plus claire. Les plus vulnérables sont contraints de subir les excès des grandes puissances. Maurice n’y échappe pas avec son économie ouverte tournée vers l’exportation. La dépréciation de l’euro face à la roupie en témoigne. Non seulement cette situation est en nette contradiction avec les fondamentaux économiques, mais aussi elle ne manque pas d’impacter sur la croissance et sur les finances de l’État.

 

Pour y faire face, les autorités mauriciennes ont pris plusieurs mesures. D’abord, maintenir un faible niveau de dette extérieure. La preuve : le ratio du service de cette dette représente moins de 5 % des recettes d’exportations. Une restructuration de la dette du gouvernement a aussi été entreprise avec pour résultat que le pays n’a pratiquement pas de dette extérieure à court terme, a assuré le ministre des Finances. Même le flux de capitaux étrangers à la Bourse de Maurice ne représente que 10 % de la capitalisation totale du marché.

 

Ce n’est pas pour autant que le pays a réussi à se mettre à l’abri des chocs financiers externes. Du coup, Vishnu Lutchmeenaraidoo estime que les réponses au flux de capitaux – devenu le talon d’Achille de la globalisation – se trouvent au-delà des mesures prudentielles.

 

Au grand dam de David Lipton, premier directeur général adjoint du FMI. Bien qu’il reconnaisse qu’un afflux massif de capitaux peut poser des défis majeurs en termes de poussée inflationniste, voire provoquer une surévaluation de la monnaie, le numéro deux de l’institution de Bretton Woods souligne que la solution n’est certainement pas de s’isoler. Ce faisant, ce serait renoncer aux avantages associés aux mouvements de capitaux. En revanche, il préconise une approche équilibrée pour contrer les effets contraires.

 

Certes, la tentation d’avoir recours à la régulation ne sera que plus grande pour les pays ayant épuisé les moyens conventionnels mais qui n’arrivent toujours pas à se protéger efficacement des risques inhérents aux fluctuations des flux internationaux de capitaux. Qu’on se le dise : tel n’est pas le cas de Maurice !

 

Nous avons de la marge en termes d’intervention sur le marché des changes, d’ajustement de nos politiques budgétaires et monétaires et d’accumulation de réserves.