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Interrogations

9 février 2015, 00:47

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Interrogations

Deux interrogations cette semaine.

D’abord, la question de l’impartialité des institutions. Faut-il rappeler qu’une démocratie ne peut être reconnue comme telle qu’à condition que ses institutions les plus importantes soient véritablement indépendantes et impartiales ? Faut-il encore rappeler que c’est notamment sur cette base que l’alliance Lepep s’est présentée à l’électorat comme une alternative aux travaillistes et que, à son grand étonnement, elle se retrouve au pouvoir, alors que l’alliance de l’Unité et de la Modernité (PTr-MMM) paraissait «imbattable» ? Dès lors, il n’y a qu’à lire les blogs ou écouter les citoyens sur les radios pour comprendre cette question fondamentale de l’indépendance de l’enquête de la police. Personne n’est au-dessus des lois, soit. La police aurait pu être moins théâtrale, c’est sûr. Ramgoolam a joué avec le feu en gardant autant d’argent chez lui et en ayant parlé à celui (ou celle…) qui l’a dénoncé ? C’est clair. La présence d’autant de partisans  Lepep à la rue Desforges vendredi interpelle. Comment savaient-ils ? Que devant un tel déploiement de forces de l’ordre ce jour-là, on ait pu agresser des hommes de loi et abîmer  une voiture laisse pantois. Demander à un tiers de «pran enn sarz» au motif que l’on est, soi, plus puissant suggère que toutes les dépravations sont possibles, manifestement. Mais en fin de compte, l’enquête de Roches-Noires menant aux perquisitions du week-end doit faire face à l’inconvenance suivante : soit l’enquête sur ces faits qui remontent à 2011 a repris après le 11 décembre 2014 à la demande du nouveau pouvoir, soit c’est la police qui fait du zèle et qui veut faire plaisir sur la base de ce qui s’est dit et qu’elle a entendu lors de la campagne électorale, soit encore la police, de son propre chef, se dit qu’avec le changement de gouvernement, les langues vont se délier et les témoignages se libérer et elle rouvre donc son enquête. Y a-t-il une autre explication ? Peut être bien, mais je ne la vois pas pour le moment. En attendant, les trois scénarios évoqués plus haut mènent à la même conclusion : la police, et notamment le CCID, ne peuvent pas enquêter librement et la toile de fond politique est par trop… envahissante.

 

C’est une mauvaise nouvelle pour notre pays.

 

La deuxième interrogation concerne la montagne de fric retrouvée à Riverwalk. Cela étonnerait vraiment si Ramgoolam tentait d’en expliquer la source comme étant autre que des «contributions politiques» pour les dernières élections générales. Ceux qui tentent de rationaliser en parlant de salaires et de «per diem» économisés sont clairement à côté de la plaque… Dès lors se posent deux vrais problèmes pour l’ex-PM.

 

(1) Comment expliquer que l’on conserve, après les élections, ne serait-ce que Rs 100 millions chez soi alors que les dépenses maximales permises aux travaillistes (50 % de l’alliance de l’Unité et de la Modernité) étaient de Rs 150 000 x 30 candidats, c’est-à-dire Rs 4,5 millions ? L’argent retrouvé chez Ramgoolam, si tant est qu’il appartienne au parti, ne vient-il pas prouver que la loi sur les dépenses électorales relève de la divagation ?

 

(2) Va-t-il accepter de couler seul avec son magot en faisant comme les journalistes, c’est-à-dire en protégeant ses «sources» ; financières dans ce cas-là, ou va-t-il les clouer au pilori et (certains de) ceux-ci vont-ils alors se «protéger» en rappelant aux autres partis et alliances du pays ce qu’ils leur ont donné; fût-ce par valises, par mallettes ou par «tente bazar» ?

 

Vivement que cette situation nous mène à une bonne loi pour inciser le furoncle récurrent du financement des partis politiques ! Les coffres-forts de Riverwalk ont choqué le public. Profitons-en pour nous affranchir (enfin !) du marécage des financements occultes (et massifs) des partis !

 

À n’en point douter, ce pays aura besoin de bien grandes doses de décence s’il veut vraiment s’en sortir. C’est d’ailleurs un des souhaits-clés du vote du 10 décembre. Comment, alors, ne pas reprendre ces paroles prophétiques et répéter que : «Ça ne peut plus se continuer» ?