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Bizin rann kont

2 février 2015, 07:58

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Bizin rann kont

Le mot scandale reste définitivement trop faible pour qualifier l’incroyable tournure prise par la route Terre-Rouge/Verdun. Car si tous ceux concernés : constructeur, ministère des Infrastructures publiques, consultant, RDA, jouent indécemment aujourd’hui au fameux «pa mwa sa li sa», il importe, après les révélations accablantes du ministre Bodha, que le gouvernement institue une enquête urgente. Les Mauriciens, révoltés, s’attendent à ce que le nouveau régime, qui prône la bonne gouvernance et l’arrêt des gaspillages de fonds publics, sanctionne les irresponsabilités. Les coupables doivent répondre de leurs actes. Il y a donc un sérieux devoir d’accountability. Bizin rann kont.

 

Et à ce propos, il est totalement inopportun qu’au moment où la RDA est pointée du doigt, son directeur choisisse de faire ses valises pour partir tranquillement à la retraite, comme si de rien n’était. C’est tout simplement impensable. La situation est loin d’être business as usual. D’autant que l’on a appris avec effroi que les responsables de la RDA ont été mis au courant de la situation dès février 2013. Ainsi, après les premières fissures apparues d’ailleurs au même endroit, soit sur le tronçon Ripailles-Valton. Une constatation des dégâts avait déjà été effectuée. 

 

Aujourd’hui, avec les correspondances échangées entre les parties concernées et rendues publiques par le ministre Bodha (nous ne pouvons que souhaiter cette même transparence au niveau de tous les autres dossiers à venir de ce ministère et des autres), le public sait qu’il y avait des recommandations émises par le constructeur, mais rejetées par le consultant : «Contractor considers that this trench drain was essential for the prevention of cracks in road surface in the future and unable to understand the reason for this refection.» Rien que ça !!! Et aussi incroyable que cela puisse paraître, la RDA n’avait pas jugé utile de réagir face à ce constat.

 

En clair, toutes les parties concernées avaient le temps de prévenir les dégâts, puisque la nouvelle autoroute n’était pas encore inaugurée alors. C’est à se demander, devant cette attitude plutôt insensée et incompréhensible, si l’on n’a pas mis la vie des automobilistes en danger en toute connaissance de cause. Il est donc dans l’intérêt public que toutes les parties s’expliquent : quelles sont les raisons de ces énormes manquements (et on ne serait qu’au début de nos peines avec les crevasses), alors qu’une première sonnette d’alarme a été tirée en février 2013 ? Les Mauriciens ont le droit de connaître la vérité. Car ce sont les citoyens qui payent lourdement le prix de la fermeture du tronçon Ripailles-Valton, dont les travaux de réparation dureront, selon le ministre Bodha, trois (longs) mois. 

 

Désormais, avec les embouteillages qui ont repris leurs droits chaque matin, les automobilistes vivent un vrai calvaire tous les jours. Retard au travail, stress, gaspillage d’essence, fatigue, impatience, agacement... tout y est pour faire exploser de rage le plus patient des conducteurs. Mercredi dernier, la colère était palpable avec le test de la police qui avait pris la décision de bloquer une voie entre le Quai D et Riche-Terre. Bien que cela partait d’une bonne intention, car les solutions ne courent pas les rues, le résultat a créé, paradoxalement, un énorme bouchon qui a fait perdre plus de deux heures à une grande majorité de Mauriciens qui sont arrivés exténués à Port-Louis. Désormais, on peut imaginer l’embouteillage que provoquera le moindre petit accident, un carambolage ou alors les grosses pluies. On vous le disait, le mot scandale est bien trop faible…