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Sous l'oeil vigilant des citoyens

21 janvier 2015, 16:53

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L’intérêt que suscite actuellement l’affaire Roches-Noires, enveloppée dans son mystérieux manteau rempli de zones d’ombre, naviguant entre cambriolage, vol, agression réelle (ou pas), morts suspectes (ou pas), a ceci d’inédit : les puissants d’hier – et pas des moindres tant l’ancien Premier ministre semblait intouchable jusqu’au 10 décembre dernier –, ceux qui jusqu’ici paraissaient au-dessus des lois, sont redevenus des citoyens lambda au lendemain des élections générales. Les voilà donc dans le collimateur de la police qui n’avait rien vu de suspect jusqu’à l’arrivée d’un changement de régime.

 

Du coup, deux commissaires de police adjoints (DCP) ont été arrêtés et inculpés provisoirement de complot. Si cette affaire, qui soit dit en passant, prolonge l’industrie palabre de longues heures supplémentaires, fait couler beaucoup d’encre, c’est parce qu’une grande majorité de Mauriciens veulent savoir s’il y a, comme l’attestent certaines thèses, un lien entre la mort d’Anand Kumar Ramdhony et le cambriolage qui a eu lieu dans le campement de Navin Ramgoolam. Dans un pays où la Freedom of Information Act reste uniquement au stade de débat, dans un pays où les dirigeants politiques ont toujours préféré l’opacité à la transparence qu’ils prêchent pour la galerie, dans un pays où les hommes au pouvoir se prennent souvent pour les propriétaires du territoire sans qu’ils n’aient l’obligation de rendre des comptes, la réouverture de cette enquête augure des rayons encourageants sous le soleil politiquement nouveau de Maurice.

 

Par la même occasion, cette affaire donne du crédit au gouvernement, et surtout à son Premier ministre qui avait non seulement promis ce redémarrage d’enquête, mais qui avait aussi, lors de son message du Nouvel an, annoncé que «tous ceux qui auraient enfreint la loi feraient l’objet d’une enquête (…)» Parce qu’il «ne faut pas faire de préférence à l’égard de qui que ce soit», avait-il précisé. Un langage sévère qui ne peut que répondre aux attentes des citoyens, ceux qui, d’une manière générale, n’aiment ni les passe-droits, ni les abus de pouvoir, encore moins l’injustice.

 

Toutefois, les Mauriciens qui suivent ce feuilleton avec passion décèlent quelques différences dans les traitements. Arrestation, cellule policière, caution pour les deux DCP. Mais la possibilité de se faire interroger un dimanche et une remise en liberté malgré des aveux pour Rakesh Gooljaury, qui affirme avoir menti dans sa déposition antérieure, sur les ordres de l’ancien Premier ministre. Aux yeux du public, le constat est rapide. L’attitude de Gooljaury répond à une logique que connaissent tous les hommes de pouvoir : les amitiés politiques sont conjoncturelles et il a «vire mam» pour des raisons qui lui sont propres.

 

De là à penser que l’homme d’affaires règle aujourd’hui ses comptes avec son ancien ami Ramgoolam pour se protéger professionnellement, il y a un pas que traversent allègrement certains. Si d’autres voient dans toute cette histoire une vendetta politique, les Mauriciens, eux, ont une seule préoccupation : la vérité sur les circonstances exactes de la mort de Ramdhony et que la lumière soit faite sur toutes les zones d’ombre de cette affaire. Un mois après la prise de pouvoir du nouveau gouvernement, celui-ci tient parole avec cette réouverture d’enquête à Roches-Noires, dont les ramifications s’apparentent à un grand fait divers. Un fait divers que suivent avec attention et vigilance les citoyens qui savent faire les discernements nécessaires en n’avalant pas tout ce que les politiques tentent de leur faire croire…