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Maurice au ralenti

19 novembre 2014, 10:26

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Alors que Statistics Mauritius a maintenu sa prévision de croissance pour l’année en cours à 3,5 %, tous les yeux sont rivés sur le quatrième trimestre. Car toute baisse de régime durant ce trimestre décisif, et généralement le meilleur de l’année, se répercutera automatiquement sur la performance générale du pays. D’où la nécessité de s’assurer que les moteurs tournent à plein gaz durant cette période.

 

Or, il se trouve que la conjoncture actuelle n’est nullement favorable à l’épanouissement de l’économie. Le vent d’incertitude qui souffle sur le pays depuis le début de l’année continue de plus belle et n’est pas près de s’estomper avec la campagne électorale qui bat son plein, ouvrant la voie à un sentiment d’attentisme.

 

La preuve, même le marché boursier n’y a pas échappé. Sa réaction est intervenue à peine la date des élections générales fixée. En effet, après s’être envolé vers des niveaux record le mois dernier, l’indice général de la Bourse de Port-Louis, le Semdex, est descendu, la semaine dernière, de son all time high avec les investisseurs basculant en mode wait and see. Cette frilosité se traduit par des décisions de ventes de la part des locaux, mais aussi et surtout des étrangers.

 

Depuis le début de juillet, les investisseurs étrangers ont été net vendeurs, et leur participation aux échanges sur le marché officiel n’a été que de 36 %. L’objectif étant de conserver du liquide en attendant le verdict des urnes. Les bilans trimestriels des compagnies publiés ces derniers jours ne sont pas pour arranger les choses. Une analyse du courtier Axys Stockbroking indique que 60 % des entreprises cotées à la Bourse de Maurice ont enregistré une baisse des bénéfices au troisième trimestre.

 

Chez les consommateurs, non plus, le moral n’est pas au beau fixe en cette période festive. D’ailleurs, anticipant la morosité, les centres commerciaux ont cherché l’aide de consultants pour élaborer des stratégies afin d’attirer les visiteurs, par extension les consommateurs.

 

Cette faiblesse de la demande a été observée au troisième trimestre également par 60 % des entrepreneurs interrogés dans le cadre du sondage trimestriel de la Chambre de Commerce et d’Industrie. Le taux de croissance de la consommation n’est jamais parvenu à se hisser à son niveau d’avant la crise, soit d’environ 6,5 % en moyenne. Entre 2009 et 2013, il a oscillé autour de 2,5 % en moyenne.

 

Déjà en période d’incertitude, le consommateur a tendance à adopter un comportement prudent. Maintenant, avec les élections générales coïncidant avec la high spending season, il est certain que les attitudes de consommation seront influencées à la baisse. L’institut national des statistiques table, d’ailleurs, sur un taux de consommation avoisinant les 2,7 % pour cette année. Donc, pas de rebond en vue !

 

C’est le même sentiment d’attentisme dans le milieu des affaires avec le report des décisions majeures d’investissement. Cette situation n’est pas étrangère à la forte contraction attendue au niveau de l’investissement privé. Si au départ, Statistics Mauritius avait prévu une baisse de 3,7 % pour cette année, il a vite fait de revoir sa position initiale. Désormais, les analystes de cette institution s’attendent à un recul de 4,3 % de l’investissement privé.

 

Le secteur de la construction, un des moteurs de croissance par excellence, témoigne également de ce climat de ralentissement général. Face aux retards enregistrés dans l’exécution de certains projets, que ce soit au niveau du public ou du privé, les comptes nationaux ont été amendés. Il est maintenant estimé que la décroissance dans cette industrie sera de l’ordre de 6,7 % et non pas de 4,7 % comme calculé en juin.

 

Nous pensons que pratiquement une année avec la politique au centre des préoccupations, c’est amplement suffisant ! Le pays en a eu sa dose. Il est plus que temps de rétablir la confiance. Vivement la fin des législatives 2014 pour que Maurice puisse se remettre au travail !