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Un mois pour (dis)courir

8 novembre 2014, 07:34

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Maintenant que la date des élections est (finalement) connue, il s’avère intéressant de tâter le pouls de l’électorat pour comprendre les tendances et les dynamiques qui se dessinent au-delà des affabulations des uns et des émotions des autres. D’abord, il est temps d’avoir enfin accès aux manifestes électoraux de ceux qui vont briguer les suffrages. Concrètement, sur la base de quel programme devrait-on ou non leur accorder nos votes dans 32 jours ? Leurs vociférations, entendues jusqu’ici sur les caisses de camion,constituent, la plupart du temps, une insulte à l’intelligence d’un nombre grandissant de Mauriciens.

 

Au-delà des promesses démagogiques – à croire, parfois, que nous avons,ici, à Maurice le budget des États-Unis –, il s’avère crucial de comparer l’offre relative et contrastée des politiciens par rapport à la demande éclectique de l’électorat. On sait ce que veulent ceux-là (le pouvoir vaille que vaille), mais qu’espère celui-ci ? Le métro léger ? Un meilleur service d’approvisionnement en eau potable ? Ou tout simplement des dirigeants capables de nous garantir un meilleur service à tous les niveaux ?

 

Sur le plan de la gouvernance, l’électorat est-il en faveur de la nébuleuse IIe République (entre autres réformes électorales et constitutionnelles), qui ferait, en cas de victoire du couple Ramgoolam-Bérenger, de notre système un régime présidentiel (ou semi), comme évoqué dans l’accord du second mariage du PTr et du MMM ? Ou souhaite-t-il, avant les élections, un référendum (comme le prévoit l’article 47(3) de notre Constitution – c’est, du reste, la seule mention du terme ‘référendum’) afin de bien comprendre les tenants et aboutissants de ces triturages structurels, surtout le fameux mandat de sept ans pour un président ?

 

Ceux qui vont voter vont-ils sanctionner l’usure du pouvoir d’un régime (qui multiplie les astuces légales pour jouer les prolongations) ou va-t-il cautionner une alternance (qui veut revenir aux affaires) ? Les enjeux du scrutin sont ils économiques, politiques, sociétaux, ou tout cela à la fois ? Finalement, ne serait-ce pas un match de chefs issus de la caste des Premiers ministres, soit Jugnauth contre Ramgoolam, en attendant le duel présidentiel, de plus en plus improbable, entre les deux hommes ?

 

Enfin, en l’absence d’un renouvellement des dirigeants politiques, incapables d’approfondir la démocratie au sein de leur propre parti (écoutez les pleurs de tous ceux qui ne voient pas le bout du ticket), de quel côté se penchera le bloc des indécis, lui qui dépasse déjà les 30 % depuis plusieurs années ? Quels seront les derniers arguments massue ou dossiers compromettants qui vont faire pencher la balance électorale ? Le compte à rebours est enclenché !

 

***

 

À travers le monde, différentes causes socio-économiques provoquent différents résultats pour ceux qui atteignent le sommet du pouvoir politique. Dans les pays démocratiques avancés, le nombre de mandats limité (pour de bonnes raisons d’ailleurs !) protège, en fait, les présidents qui sont drogués au pouvoir afin de leur éviter de finir leur carrière comme Blaise Compaoré ou Marc Ravalomanana. Encore heureux pour certains que les paramilitaires de Maurice ne sachent pas fomenter des coups...

 

À mi-mandat de son second terme, Barack Obama mesure pleinement le phénomène de l’usure du pouvoir (après six ans seulement). La nette victoire des Républicains, qui prennent le contrôle des deux chambres du Congrès, est un désaveu de son leadership malgré l’embellie économique des États-Unis. Un taux de croissance de 3,5 % au troisième trimestre et un taux de chômage ramené sous la barre de 6 % n’ont pu éviter la débâcle démocrate aux mid-term elections – qui sont a priori sans importance, mais essentielles à l’élaboration de la politique nationale et extérieure américaine des prochaines années. Notons que Barack Obama aura un Sénat gonflé à bloc pour le bloquer. Il est à parier que son plan «Énergie propre», promulgué grâce à la prérogative exécutive de la Maison-Blanche, sera remis en cause par un Congrès qui contrôle, ni plus ni moins, le Budget.

 

Pour sa part, François Hollande, à mi-chemin de son premier quinquennat, patauge au plus bas dans les sondages de popularité, principalement à cause de son incapacité à inverser la courbe du chômage (qui atteindra 9,9 % de la population active contre 9,7 % au 2e trimestre 2012, soit un nombre record de plus de 3,4 millions de sans-emploi). Un autre «échec» du gouvernement français concerne le déficit public qui devait, selon une promesse de François Hollande, être réduit à 3 %, mais qui pointe aujourd’hui à 4,4 %.

 

Aujourd’hui, seulement 18 % des Français estiment que Hollande pourra redresser la situation au cours de la seconde partie du quinquennat, car le président français demeure, en fait, un dirigeant sous influence, soumis aux marchés internationaux, aux politiques de Bruxelles, de Berlin ou de Washington, DC...

 

Et nos super politiciens à nous, nous montrent-ils leurs mains liées, ou se contentent-ils de nous raconter quelques bobards le temps d’une campagne ?