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Triste rencontre un jour de Divali

29 octobre 2014, 10:00

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Triste rencontre un jour de Divali

L’homme avait besoin de ventiler ce jour-là le rêve brisé d’un père de famille. Il marchait d’un pas pressé le long de Old Moka Road, à Sorèze, en fin d’après-midi. Il avait l’air surpris quand je lui ai proposé de le déposer à l’arrêt le plus proche. Dans la voiture, la conversation a vite tourné sur la raison de sa présence dans le quartier, tard en ce jour férié. «Mo fet zordi, me mo inn gagn enn ti travay pou mo kapav gagn enn ti kas», raconte le sexagénaire.

 

Le passager inconnu poursuit d’une voix émue, les larmes aux yeux. «Mo leker gro azordi. Mo tifi inn fer enn MSc an aeronotik depi 6 ans. Me li pa inn gagn travay. Seki ena BSc inn gagn travay. Mo inn pran loan pou fi nans so liniversite. Mo pe ankor ranbours sa loan-la, sa mem mo bizin travay azordi.» Il tient dans la main une bouteille en plastique. «Ena dilo koko ladan. Mo patron inn donn mwa. Sa mo amenn sa pou mo madam», raconte-t-il d’une voix chargée d’émotion. Émouvante conversation qui n’a pas cessé de me hanter.

 

Depuis, les questions s’enchaînent. Combien de familles mauriciennes vivent cette même désillusion ? Combien de parents portent sur leurs petites épaules un poids semblable ? Et combien d’enfants modestes, qui rêvaient d’un avenir meilleur et d’honorer ces parents qui ont tout sacrifié, découvrent que l’horizon est bouché aujourd’hui ? Maurice n’a pas su se réinventer pour répondre aux aspirations des nouvelles générations. Parce que pendant que les parents se sacrifient, ceux qui nous gouvernent (et qui étaient dans l’opposition) n’ont qu’une obsession, le pouvoir.