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Spectacle gratuit du cirque politique

27 octobre 2014, 09:45

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La nouveauté de la campagne 2014 ? Justement, rien de nouveau. Au-delà de la singulière situation dans laquelle se retrouve le pays – dissolution du Parlement, lancement de la campagne électorale, mais toujours sans date d’élections, sans liste officielle de candidats –, tout le reste (à part la fraîche partition des petits partis) n’est qu’une répétition du grand cirque politique mauricien… De virulentes attaques, si ce ne sont des insultes, qui ne choquent plus personne, d’un camp à l’autre, des propos témoignant d’une certaine arrogance illustrée par le «bon débarras», dixit Rajesh Bhagwan, après la démission de Fowdar, le lobbying des tickets provoquant frustration et colère à des promis qui, du jour au lendemain, passent de grâce en disgrâce et qui finissent par claquer la porte, comme en témoigne le bref passage de Vassen Kauppaymuthoo au MSM. 

 

Sans compter la pression des dirigeants des organisations socioculturelles, qui peuvent se flatter d’avoir l’oreille de Ramgoolam. Celui-ci, pendant deux heures, a tenu à les rassurer, lundi dernier, sur les éventuels pouvoirs accrus du président dans le cadre de la IIe République. La campagne n’en serait pas une sans les chantages de ceux qui sont conscients de rester sur la touche, les retournements de veste façon Fowdar, Gowressoo ou Mario Bienvenu, celui-ci qui, après s’être accroché sans pudeur à son siège de maire alors que le PTr avait contracté une alliance avec le MMM, est passé au camp rouge sous prétexte que «lorsque le PM (il a oublié de préciser sortant)vous tend la main, vous ne pouvez pas refuser…» 

 

En sus de cela, nous avons eu droit au disque usé de la diabolisation des uns qui détestent subitement ceux qu’ils adoraient jusqu’à tout récemment, au début des feux de l’amour entre nouveaux partenaires de circonstances et à quelques dérapages, notamment l’évocation de la santé de l’adversaire Collendavelloo par Ramgoolam. L’incontournable et dangereux jeu ethnique et réflexe identitaire pratiqué par des politiciens quand ça les arrange est, sans surprise, au cœur de la campagne : «Mo tia kontan kone ki sa mizilman ki pou vinn président avek SAJ…» n’a pas hésité à lancer Navin Ramgoolam qui se présente, lui, comme un champion de l’unité : «Dan mo lavenn pena disan kominalis.» Avec l’évocation du nom d’Ameenah Gurib-Fakim, le leader du PTr a eu droit à un début  de réponse. 

 

Aussi surréaliste que cela puisse paraître, cette campagne riche, ou plutôt appauvrie de petitesses, d’obscénités et de bassesses, est menée principalement par des leaders qui promettent, d’un côté, la modernité, et de l’autre, un vrai changement. Comment ? Difficile à dire en l’absence de programmes et de projets de société, si ce ne sont quelques mesures populaires, notamment les Rs 5 000 de pension de vieillesse annoncées principalement par l’alliance Lepep, accusée de démagogie par l’alliance de l’Unité et de la modernité qui, paradoxalement, a été forcée de revoir sa copie, promettant désormais de «faire le maximum», pas seulement pour les vieux, mais également pour les veuves et les autrement capables. 

 

C’est dire que, quand il s’agit d’accéder au pouvoir, ils y vont avec une énergie inégalable. Et pendant que ces messieurs et dames vocifèrent, nous mentent en faisant de fausses promesses, les citoyens, eux, vivent au rythme des vrais maux. Voyons l’enfer que beaucoup d’entre nous subissons avec ces rageuses coupures d’eau… Mais de ce cauchemar-là, les politiciens se foutent. On vous le dit : la campagne 2014, rien de nouveau…