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Douche écossaise

20 septembre 2014, 07:34

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Le document ratifiant les conditions d’alliance entre le PTr et le MMM sera finalement rendu public ce week-end. On espère que le public y verra, enfin, plus clair sur ce que concoctent Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Jusqu’ici, on a eu surtout droit à des bribes d’informations, à des spéculations et à des rectifications.

 

Cette mauvaise communication a perverti les débats sur les changements majeurs liés à notre gouvernance. Pourtant, de tels changements constitutionnels ont besoin d’être explicités au peuple, dans un climat de dialogue et d’échanges sereins. Pas dans une ambiance où pleuvent menaces et insultes envers ceux qui sont au service de l’information et qui font office de courroie de transmission entre une élite politique frileuse de partager ses plans et un public avide de comprendre cette IIe République qu’on lui vend en même temps qu’une alliance électorale.

 

Davantage que le fond, on a l’impression que l’alliance rouge-mauve privilégie la forme. Le «get together» au Hennessy Park était davantage qu’un «ice breaker» entre ennemis d’hier. C’était un show qui a pris des allures grotesques. Par exemple, quand on voit un Rajesh Bhagwan qui, au lieu d’ingurgiter du «poison» (comme il l’avait juré en cas d’alliance avec le PTr), fait la bise à une Nita Deerpalsing enjouée. Ou encore quand Bérenger «serre pour la première fois la main» à des rouges sous les objectifs des photographes ébahis. C’est un peu normal que la plupart des réactions qui ont suivi la publication de ces photos-People traduisent le sentiment de rejet, voire de dégoût, sur la plupart des réseaux sociaux.

 

Si l’argument que ce sont surtout les jeunes qui réagissent sur les réseaux sociaux tient, c’est que nombre de jeunes Mauriciens ne digèrent pas de voir les éternelles têtes d’affiche en train de trinquer alors que le Parlement, lui, reste fermé. C’est dire la rupture entre une classe de dirigeants – un club de 3e âge – et la tranche des 18-29 ans qui sont assoiffés de progrès social et de renouveau (selon le dernier sondage d’opinion de l’express sur l’évolution de la société mauricienne, réalisé il y a moins d’un an). Ces jeunes se disent déconnectés des méthodes et des programmes de nos dirigeants politiques actuels, dont la plupart ont un cumul de plus de trois mandats parlementaires...

 

Et s’il nous faut retenir une leçon du référendum de l’Écosse, c’est bien celle liée aux échanges démocratiques entre les «Oui» et les «Non» – (chez nous c’est plutôt «On» et «Off»). À un moment où les citoyens européens, désabusés par les pouvoirs politiques, ont tendance à déserter les urnes, près de 90 % – dont un nombre important de jeunes de plus de 16 ans – ont choisi de faire entendre massivement leur voix. Ce qui est encore plus remarquable, surtout en contraste aux discours hystériques et vulgaires de chez nous, c’est que tout le monde reconnaît que les débats étaient incessants mais argumentés, sereins et surtout respectueux entre les partisans des deux camps. Au final, indépendance ou pas, c’est l’Écosse qui sort gagnante, tout comme le Royaume-Uni.