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A la recherche de nos démocrates

13 septembre 2014, 08:25

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Dans deux jours, on célébrera la Journée internationale de la démocratie. Au-delà d’une commémoration, c’est une remise en question qui ne peut mieux tomber vu la conjoncture actuelle. L’objectif de chaque 15 septembre (depuis 2007) est d’engager les gouvernements, à travers le monde, à «approfondir» (terme cher à notre leader de l’opposition en partance) sans cesse la démocratie – cette valeur universelle à géométrie variable qui veut tout ou rien dire, dépendant des contextes et des acteurs.

 

Sur le papier, la démocratie, terme fourre-tout, signifie le libre arbitre des peuples à choisir leur système politique, économique, social et culturel. Dans la pratique, c’est autre chose. À Maurice, par exemple, on a tendance à croire que la démocratie se résume à la tenue des élections tous les cinq ans. D’ailleurs c’est sur cet unique critère que Maurice est classée en tête de liste des pays démocratiques en Afrique. Mais à bien y voir, nous ne sommes pas encore une démocratie. Puisque la démocratie est loin d’être une fin en soi. La démocratie est un processus.

 

Fait intéressant : le thème de cette année – qui est de «Faire participer les jeunes à la démocratie» – ambitionne de mettre l’accent sur les défis et les opportunités que représente la participation des jeunes au processus démocratique. Mais au collège Royal de Curepipe, hier, la moyenne d’âge de la quinzaine de personnes (seulement !), réunies pour discuter de la démocratie et de la bonne gouvernance, était de plus de 55 ans. «Où sont les jeunes ?», se demandaient les organisateurs (Royals and Friends Action Line).

 

À Maurice, comme ailleurs, on constate la défiance des jeunes envers la vie politique et ses politiciens – des personnes qui usent des tactiques électoralistes qui sont loin d’être démocratiques (copinage, communalisme, castéisme, achat de tickets et autres financements occultes, etc.). Une étude de l’ONU observe que cette triste constatation s’applique «tant aux démocraties établies qu’émergentes». Mais tout n’est pas perdu. Les forums ont changé de forme. Grâce à Internet, il existe aujourd’hui un nombre grandissant de mouvements informels qui militent pour un changement démocratique.

 

Face à ces échanges tous azimuts, une question revient sans cesse : Internet, qui favorise l’expression de la participation citoyenne pour des échanges sur l’actualité et les sujets de société, se traduira-t-il dans le décompte des urnes ? Se dirige-t-on vraiment vers un troisième 60-0 ? Réalise-t-on qu’on changera de statut constitutionnel sans débats parlementaires et sans référendum ? Et qu’une fois ces changements majeurs apportés, il sera très difficile – avec un système à la proportionnelle – d’avoir les ¾ des élus pour revenir en arrière si jamais le système qu’on nous imposera ne fonctionne pas ? Sommes-nous condamnés à être une démocratie sans vrais démocrates ?

 

***

 

Réagissant à notre éditorial – «Approfondir la démocratie, comme ça ?!», publié le mercredi 10 septembre – un internaute a eu la réaction suivante :«Quand Bérenger dit qu’il n’y aura ni un Premier ministre marionnette ni un président vase à fleurs, n’est-il pas en train de manquer de respect vis-à-vis du président Kailash Purryag ?» On laissera à Bérenger le soin de répondre, de peur qu’il nous traite, nous aussi, de «bourriques» !