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L’exécutant

8 septembre 2014, 06:59

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Après le mini-amendement, le pays aura droit à un mini Premier ministre. C’est ce qui ressort du peu d’information que les leaders du PTr et du MMM ont laissé filtrer sur les termes de l’accord électoral entre les deux partis.

 

En attendant plus de détails sur les pouvoirs respectifs du Chef de l’État et du chef de l’exécutif, on peut avancer que le poste de Premier ministre sera presque un titre protocolaire honorifique. L’essentiel du pouvoir sera aux mains du Président.

 

Navin Ramgoolam, de Réduit, gardera le contrôle de pratiquement toutes les institutions du pays. C’est lui qui nommera le commissaire de police, le directeur de l’audit, le directeur général de la MBC et qui déterminera la composition du nouvel organisme anti-corruption.

 

En vérité, ce qui permettra au président de la République de s’imposer comme le véritable chef de l’exécutif, au détriment du Premier ministre, c’est le pouvoir de nommer les Chefs de Cabinet. Bien entendu, pour la forme, le Président aura à consulter le chef du gouvernement mais ces «consultations» se résument souvent à un rituel sans conséquence.

 

Tous les décideurs politiques, tant au sein du gouvernement que dans les administrations régionales, savent que le succès de leur mandat dépend en grande partie des administratifs qui

travaillent sous eux. Maintenant, si les secrétaires permanents sont nommés par le président, et non par le Premier ministre, on imagine à qui ils vont jurer allégeance.

 

Alors que le centre de gravité du pouvoir exécutif se déplacera vers Réduit, un problème de gouvernance pourrait se poser. En effet, le Parlement n’aura aucun droit de regard sur les décisions du Président tandis qu’un Premier ministre, lui, a des comptes à rendre au Parlement. En démocratie, peut-on gouverner sans être «accountable» ?

 

Ces questions n’ont sans doute pas figuré à l’agenda des négociations entre Navin Ramgoolam et Paul Bérenger. Elles ont probablement été reléguées à la catégorie des points non-fondamentaux de l’accord. Car, la priorité des deux protagonistes est, visiblement, liée à des considérations personnelles. A-t-on remarqué qu’aucun des deux n’a encore esquissé les grands axes du programme de leur alliance ?