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L’anormalité de notre démocratie

3 août 2014, 19:58

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Non, mais est-ce normal que le pouvoir décisionnel de la fixation de la date des élections générales soit le fait d’un seul homme, le Premier ministre du jour ? Est-ce normal que l’appel des Mauriciens aux urnes, exercice démocratique, dépende des tractations politiques des leaders ? Est-ce normal qu’entre maintenant et mai 2015, voire quelques mois plus tard, à n’importe quel moment, le Premier ministre puisse faire coïncider la dissolution du Parlement avec son calendrier politique ? Evidemment qu’on nous répondra que le système est ainsi, que Ramgoolam ne fait que respecter ses prérogatives de chef du gouvernement, tout comme l’ont fait les Premiers ministres qui lui ont succédé et bla-bla-bla.

 

Oui, mais voilà, ce système-là, qui ressemble à une prise d’otage du pays, est dépassé. D’autant que, sur le mur politique, l’encre des écrits sèche depuis quelque temps déjà ; après la période des mamours «camarade Navin- camarade Paul», et l’enterrement des scandales dont la mort a eu lieu en grande pompe en conférence de presse de samedi dernier, par le leader de l’opposition (hier, il a tenu à nuancer ses propos), il y a dans l’air un parfum, de plus en plus prononcé, qui fait accroire à des élections anticipées. Sauf que, si en coulisses, plusieurs dates sont avancées, si les observateurs prédisent et parient sur un appel aux urnes pour bientôt, personne, encore moins les politiciens, toutes couleurs confondues, y compris les rouges sang, ne peut affirmer fermement la véritable date.

 

Et ce n’est pas sain que ce pouvoir de décider du jour J soit concentré entre les mains d’un homme. Réclamer que la date des élections générales soit codifiée au travers d’une loi, comme c’est le cas en France ou ailleurs, voilà une des réformes sur lesquelles les partis émergeants qui veulent faire la politique autrement pourraient se pencher si tant est que ces nouveaux leaders privilégieront une démocratie participative moderne et non un leadership autocrate et totalitaire qu’est la polarisation des pouvoirs entre les mains d’un seul et unique chef.

 

Quand on vote pour une équipe, on devrait connaître, à l’avance, le début et la fin du mandat, afin de pouvoir juger de leurs actions/engagements du programme électoral présenté. Cela dit, il n’y a pas qu’à ce chapitre que les choses semblent anormales chez nous. Les vacances prolongées des parlementaires sont inacceptables. Ainsi, après une prorogation de presque deux mois de l’Assemblée nationale, voici que nos députés et ministres sont encore en congé et, cette fois, jusqu’au 7 octobre.

 

En clair, depuis la rentrée parlementaire de cette année, le 25 mars, le Parlement, nous apprend l’express du 27 juillet, n’a accueilli que huit séances. Hallucinant ! Et, nous, les Mauriciens qui payons la note des Rs 25 millions que coûte l’Assemblée nationale mensuellement, nous devons être en mesure de réclamer des comptes et d’affirmer haut et fort que non, nous n’avons pas value for money avec une démocratie parlementaire en mode régulière de congé. C’est l’illustration concrète d’un gaspillage de nos fonds publics.

 

Enfin, remarquez qu’il n’y a pas que le Parlement qui ne siège plus dans ce pays. Vendredi dernier, c’est le Conseil des ministres qui n’a pas eu lieu. Motif : si on en croit la version officielle, à cause du jour férié de mardi dernier, il y a eu un manque de temps pour la préparation de leurs dossiers. Donc, déjà en vacances de l’Assemblée nationale, on leur donne un jour de congé, mardi dernier, et ils trouvent quand même l’indécence de ne pas se rendre au Conseil des ministres vendredi.

 

Conclusion, ils ne peuvent même pas préparer leurs dossiers quand il y a un jour de congé et ils veulent gouverner… C’est l’anormalité de notre démocratie !