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Ceux qui s’entre-tuent et ceux qui s’allient…

28 juin 2014, 07:32

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On est nombreux à s’interroger sur les conflits meurtriers en regardant les images terrifiantes qui se déplacent de la Syrie vers le coeur de l’Irak. La troisième guerre de Bagdad – qui sera asymétrique – va-t-elle éclater ? Le monde arabe et le Proche- Orient vont-ils s’enflammer ? En raison d’une conjonction d’intérêts, les États-Unis, la Syrie et l’Iran vont-ils s’allier pour contrer les combattants sunnites de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ?

 

Afin de cerner cette longue et sanguinaire rivalité entre chiites et sunnites et l’enfer qui se dessine pour des millions de familles en Irak, il importe de remonter le temps pour recueillir quelques repères et autres marqueurs aussi objectifs que possible. Notons par exemple que la situation risque de s’embraser trois ans après les printemps arabes et onze ans après l’intervention américaine contre Saddam Hussein. Alors qu’on nous annonçait, en 2011, un Irak «stable» et «capable de se gouverner seul», on constate surtout que l’ancienne Mésopotamie est aujourd’hui au bord de l’effondrement avec un Bagdad qui se prépare à l’affrontement. Avec le recul, d’aucuns soulignent que les accords Sykes-Picot du début du 20e siècle ont dessiné maladroitement la carte du monde arabe sur les vestiges de l’empire Ottoman et que c’est pour cela que la région demeure une poudrière. Jusqu’où doit-on remonter pour cerner les sources de cet énième conflit ?

 

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Que l’on observe le conflit chiite-sunnite en Syrie et en Irak ou – toutes proportions gardées, bien sûr – l’ambivalence historique chez nous entre le PTr et MMM, on a besoin de clés de lecture. Celles-ci pourraient être la philosophie de l’histoire, qui est une partie essentielle de la philosophie, ou encore, ce qui nous intéresse le plus ici, prôner la perspective historique, qui est l’étude des événements du passé pour éclairer le présent.

 

Plusieurs études, à différentes périodes de l’histoire, nous livrent plusieurs théories, les unes plus divergentes que les autres. Ceux qui nous rapportent les faits (historiens, chercheurs, journalistes, médias de tous horizons confondus, organisations internationales, etc.) portent avec eux un certain nombre d’a priori et de savoir. D’où le besoin de soigner constamment sa longue-vue et son microscope, de s’efforcer de porter un regard neuf, sinon on risque surtout de perpétuer certaines certitudes acquises dans un contexte autre.

 

S’il appartient à chacun de forger ses propres outils d’analyse, on devrait, un tant soit peu, essayer de le faire à partir de critères clairement définis et objectifs. Il est évident qu’avec un corpus grandissant avec le temps et les moyens de communication, la compréhension de bien de terrains (géostratégiques ou politiques) progresse. Mais les solutions ne sont jamais aussi faciles, surtout des siècles ou des décennies plus tard.

 

Et pour cerner les devenirs des deux plus grands partis de Maurice, il faut aller au-delà de la série d’analyses et de projections (qui commencent à devenir une overdose), au-delà de l’insuffisante perspective historique. Ce tango à deux, personne, même les plus fins analystes, n’arrive à le suivre. Si désormais les robots, expérimentés par le MIT, permettent à des personnes d’être dans deux endroits simultanément – qui constitue comme l’invisibilité, l’immortalité, ou la capacité de voler comme les oiseaux, un désir profond de l’humanité – il n’y a pas encore une technologie, du moins certainement pas à l’université de Maurice, qui permette de rentrer dans la tête des deux leaders pour comprendre l’agencement des pas de leur drôle de tango. Même s’ils n’en donnent pas l’air, ils doivent avoir une stratégie en phase avec leurs expériences passées et le contexte qui évolue. Espérons, car avec les faits se mélangeant à la psychologie qui elle-même dépend d’un environnement fluctuant, les prédictions de Mme Kwok ou du Sud-Coréen Lee Young-pyo (successeur humain de Paul le poulpe) risquent de devenir plus précises que toutes les analyses scientifiques.