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Le débat public sur les affaires de la nation requiert une certaine noblesse d’âme

8 mai 2014, 09:57

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Dans son interview parue dans l’express-dimanche du 4 mai 2014, Mme Nathalia Vadamootoo allègue qu’«Ashok [Subron] est un agent du secteur privé, comme Jeff Lingaya ou d’autres imposteurs qui se font passer pour les défenseurs du ‘petit peuple’. Ces gens-là se battent pour leur chasse gardée avant tout ».

 

Ashok Subron et Jeff Lingaya sont assez grands pour se défendre, ils ont l’habitude des coups, je pense même qu’ils sont au-dessus de ce genre d’attaques. Toutefois, si je choisis de réagir aujourd’hui, c’est à la fois en tant qu’épouse de Jeff Lingaya et en tant que politologue et analyste de longue date du système sociopolitique mauricien.

 

Tout d’abord il convient de souligner que les propos proférés par Nathalia Vadamootoo relèvent du Code pénal. Pour rappel, selon l’article 296, toute allégation abusive portant atteinte à l’honneur d’une personne et qui n’est pas étayée par des preuves relève de l’injure («Any injurious expression or any term of contempt or invective, or other abusive language, not carrying with it the imputation of a fact, is an insult (‘injure’)») et est de ce fait passible deRs 10 000 d’amende et trois mois de prisonlorsque l’offense est commise par voie de presse.

 

Outre le fait que Nathalia Vadamootoo contrevient à la loi en injuriant publiquement MM. Ashok Subron et Jeff Lingaya en les traitant d’«imposteurs» et d’«agents du secteur privé», on peut se poser la question de la validité de la démarche intellectuelle de Mme Vadamootoo, lorsqu’elle prétend de la sorte apporter des éclairages sur la situation politique du pays et pratiquer la gestion de crise. Quelle sera la crédibilité de ses analyses et de ses expertises alors qu’elle se contente d’allégations infondées et même totalement délirantes ? La décence aurait au moins voulu que Nathalia Vadamootoo étaye ses propos par des faits concrets et des exemples précis (encore faudrait- il qu’elle en ait) et ne se contente pas d’une virulence de mauvais goût.

 

Il est vrai que ce genre de démarche infamante est devenue monnaie courante, sur Facebook surtout, sans compter les discours politiciens. Mais, avant de sortir les grands mots, pour parler de seconde République et alternance, n’est-il pas grand temps d’en finir d’abord avec les vieux schémas malsains, et d’assainir le débat public en s’interdisant, par exemple, les attaques en dessous de la ceinture ? Où peuvent donc mener les analyses de situation lorsqu’elles sont produites avec pour principal cadre conceptuel les egos surdimensionnés et les frustrations personnelles ? Tout de même, le débat public sur les affaires de l’État et de la nation requiert une certaine noblesse d’âme.