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Mala Chetty : Tracer son chemin et donner un sens à sa vie

6 mai 2014, 16:30

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Mala Chetty : Tracer son chemin et donner un sens à sa vie

« Nous sommes tous des entrepreneurs à notre manière ! Entreprendre, c’est construire, accomplir, mettre en œuvre un projet durable…», c’est la vision exprimée par Mala Chetty, consultante en entrepreneuriat. Celle-ci nous présente les diverses opportunités qu’offre ce secteur.

 

L’esprit d’entreprise conduit à l’émancipation. Au-delà de la création de richesse, l’entrepreneuriat est un acte qui crée du sens pour celui qui entreprend. L’intelligence humaine est, en priorité, orientée vers la matière. Elle sait la comprendre, la transformer et en tirer le maximum d’utilité pour l’homme. L’homme est un « homo faber », un fabricant.

 

Nous sommes tous des entrepreneurs à notre manière ! Entreprendre, c’est construire, accomplir, mettre en oeuvre un projet durable. Entreprendre c’est créer de richesse à partir d’une idée, d’un talent. Entreprendre, c’est aussi se mobiliser avec les autres autour d’une idée, d’une action, d’un projet. Entreprendre ne se réduit donc pas à l’action de création d’entreprise au sens économique du terme. Chacun, à son échelle, est entrepreneur.

 

Dans le contexte mauricien, il est malheureux de constater que le nombre de diplômés qui se retrouvent au chômage est en nette croissance. Ils demeurent dans cette situation précaire pendant des années en attente d’un poste de salarié dans une entreprise ou un poste de fonctionnaire de l’État.

 

L’entrepreneuriat classique n’attire plus les jeunes. La raison, entre autres, est que la compétition est féroce et qu’il n’y a plus d’espace pour les jeunes entrepreneurs. Les grandes entreprises accaparent les marchés et font de l’ombre aux petites structures. Les marchés sont inondés des produits venant d’autres pays, libéralisation oblige.

 

Par manque d’information et de visibilité, il y a souvent un mismatch entre la production et la demande du marché. Bref, les obstacles sont nombreux sur le parcours d’un entrepreneur. En d’autres mots, les secteurs traditionnels de création sont saturés.

 

Cette situation morose n’incite, par conséquent, pas les jeunes à entreprendre. La viabilité d’un business est constamment remise en question. Ces derniers temps, elles sont nombreuses les petites entreprises qui ferment en moins de cinq années d’opération.

 

En business comme pour les vêtements, il y a des modes. Et pour connaître le succès commercial, il faut savoir apparaître sur le marché au bon moment et avec la bonne offre. Le secteur du e-commerce poursuit une croissance qui n’est pas prête de s’arrêter. À l’île Maurice, tout reste encore à faire. E-boutiques, solutions innovantes pour améliorer le canal d’achat sur Internet, sécurisation des paiements, logistique, transport… Les idées de business liées au e-commerce abondent.

 

La population des séniors est par ailleurs en croissance. Le marché des services aux séniors et de la dépendance va exploser dans les années à venir. Toutes les idées de services ou loisirs dédiés aux séniors, les hôtels équipés, ou les voyages organisés pour cette cible sont à exploiter.

 

S’agissant des nouvelles énergies, c’est le domaine sur lequel il faut se positionner aujourd’hui. C’est un marché qui démarre doucement, mais qui va rapidement devenir incontournable ! Le secteur de l’efficacité énergétique est promis à un brillant avenir. Concernant l’informatique, ce marché continue sa croissance entamée depuis déjà plusieurs années. Les informaticiens-entrepreneurs peuvent se lancer dans le secteur des logiciels libres qui se développe à grande vitesse, ou encore dans les SSII, valeur sûre du domaine informatique.

 

Qu’en est-il du tourisme ? Il faut savoir que le développement touristique à l’île Maurice s’est fait autour du cliché « sun, sea andsand ». On pourrait développer d’autres produits touristiques. Je pense notamment à l’écotourisme, au tourisme éthique et solidaire, aux voyages à thème ou aux circuits dédiés à des cibles précises : les séniors, par exemple.

 

Dans le domaine des loisirs, il est intelligent de se placer dans des offres Low cost car les consommateurs cherchent à s’amuser, mais à des prix inférieurs à ceux actuellement proposés sur le marché. Les services ont toujours le vent en poupe. Mais pour réussir cette année dans ce domaine, il faut se placer sur le bon marché. Des idées et services novateurs émergent chaque année. Les services dédiés aux parents qui travaillent se développent. Les crèches-bureaux ou taxis pour enfants sont des idées qui connaissent de forts succès à l’étranger.

 

Dans le secteur de l’alimentaire, la tendance est à un retour vers l’alimentation naturelle et à la nutrition. En somme, il y a des nouveaux créneaux qui demandent à être exploités. On peut se poser la question de savoir pourquoi nos jeunes talents ne s’orientent pas vers la création d’entreprise. Une nouvelle vision de l’entrepreneuriat serait que l’entrepreneur recherche son autonomie dans la gouvernance de son business et une indépendance vis-à-vis des banques et de l’endettement en général. Le but de l’entreprise serait de créer de la valeur, tant financière, que sociale, mais aussi de servir et d’être utile.

 

On constate avec appréhension l’ampleur que prend l’assistanat à l’île Maurice. Si la solidarité est souvent nécessaire et, à ce titre, le CSR remplit bien son rôle, l’assistanat à outrance va dévaloriser l’être humain. Nous avons l’exemple d’autres pays où l’assistanat est devenu un réel problème pour les gouvernants.

 

Afin d’enrayer la précarité grandissante dans notre pays, il existe un autre modèle reposant sur l’altruisme : les « entreprises solidaires de développement», dont la réussite se mesure à l’aune de leur impact dans la lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion, et où l’essentiel, voire la totalité des profits est réinvestie dans l’entreprise pour en accentuer l’impact social.

 

Plus encore que dans l’entrepreneuriat classique, le succès des entreprises solidaires de développement repose sur l’innovation : elles inventent dans les modes de production, de distribution et de financement pour mettre produits et services à la portée des plus défavorisés tout en assurant leur équilibre économique. Elles créent des mécanismes originaux de partage de la valeur ajoutée pour associer les acteurs locaux dans une véritable co-création.

 

À mon avis, il y a nécessité à faire de la sensibilisation autour de la question de l’entrepreneuriat comme voie de carrière. La sensibilisation aux avantages de l’entrepreneuriat devrait être entreprise auprès des jeunes, ainsi qu’auprès des enseignants et des parents d’élèves.

 

 

On pourrait imaginer un cursus scolaire qui englobe un environnement porteur pour développer l’esprit d’innovation chez les jeunes, pour développer la culture entrepreneuriale à travers des activités pédagogiques permettant l’acquisition d’attitudes et de comportements de créativité. Un environnement qui permet d’évaluer le potentiel entrepreneurial à travers des exercices de sensibilisation.

 

Une autre proposition serait de soutenir les initiatives des jeunes entrepreneurs par le biais de programme de mentorat. Un soutien qui doit aussi trouver sa place par la promotion des entrepreneurs en les rendant plus visibles, notamment via des programmes TV, comme cela se fait en Chine. La recherche de sens dans la vie professionnelle passe par une nouvelle relation à la valeur du travail, dont les programmes de nos établissements d’enseignement doivent se ressaisir. Le monde de l’entreprise restera celui qui crée la richesse des nations, mais il ne doit pas avoir raison à tout prix et, dans la société, il doit prendre sa place à côté de l’État.

 

Le travail au sein de l’entreprise ne peut pas être réduit à la recherche du gain personnel, mais doit être partagé avec d’autres pour la réussite d’un projet collectif. La richesse doit bien être comprise comme étant une valeur réelle et non immatérielle.

 

Entreprendre, c’est donner du sens à ce que l’on fait. La perte de sens se vérifie dans de nombreuses sociétés, où les salariés ont perdu le sens de leur travail. Cet état des choses est dramatique pour les entreprises! Comment innover si l’on ne sait pas qui l’on est ?

 

Source : Business Year Book, édition spéciale de Business Magazine