Publicité

Désarroi

1 mai 2014, 08:02

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

 

 

Quatre mois se sont écoulés depuis le début de l’année. Non seulement les signes de la reprise économique attendue pour cette année ne sont toujours pas perceptibles à l’œil nu, mais il y a pire. La confusion politique qui règne dans le pays est venue se greffer sur l’épais brouillard qui a assombri depuis des mois les perspectives économiques locales.

 

Les déclarations dans le cadre des tractations particulières à notre démocratie entre gouvernants et opposants en vue de réformer le présent système électoral, à l’effet que la priorité des priorités dans la conjoncture actuelle est la réforme, n’ont fait qu’amplifier ce sentiment de désarroi. Car nos politiciens, plus particulièrement ceux qui nous dirigent et ceux qui sont censés représenter l’alternance, donnent l’impression d’avoir mieux à faire que de songer à autre chose qu’à leur propre intérêt. Cela, alors que l’économie ne cesse de péricliter.

 

La preuve a été faite avec le niveau de croissance. Celui-ci, évalué à 5,7 % en 2007 s’établit désormais à 3,2 % (2013). Certes, nous avons été confrontés à la crise globale, mais le fait demeure que le potentiel de croissance du pays s’est également effrité au point qu’aujourd’hui les analystes l’estiment autour de 4 %.

 

Reléguée, une fois de plus, au second plan par la politique, l’économie devrait à nouveau en pâtir cette année. Les chiffres publiés ces derniers jours par les différentes institutions locales et internationales laissent d’ailleurs peu d’espoir quant à une véritable relance de l’économie cette année. À commencer par le Fonds monétaire international qui n’a pas voulu prendre de risques dans ses prévisions, l’institution de Bretton Woods préférant s’aligner sur la position affichée par Statistics Mauritius en calculant la croissance pour 2014 à 3,7%.

 

Toutefois, l’analyse des officiels du FMI dans le World Economic Outlook en dit long sur leur état d’esprit, notamment lorsqu’ils évoquent le fait que « tight glo-bal financing conditions or a slowdown in emerging market economies could generate some external headwinds, especially for middle-income countries with large external linkages, producers of natural resources, and frontier economies ». Une analyse qui devrait nous donner à réfléchir car il faut savoir que Maurice est placé dans la catégorie des « frontier economies » par le FMI.

 

Pour y voir plus clair, il faut également se référer aux commentaires du conseil exécutif du FMI dans le sillage de la conclusion des consultations sur l’Article IV avec les autorités mauriciennes. Ce dernier remarque que les perspectives dans le court terme sont favorables mais les incertitudes continuent de planer. Ce qui fait que les directeurs du FMI recommandent la poursuite de la diversification économique à travers des réformes structurelles pour améliorer la résilience de l’économie.

 

Un point de vue que partage la Mauritius Commercial Bank. Dans le dernier MCB Focus , les analystes de la banque prévoient d’ailleurs une croissance de 3,6 % pour cette année, soit un taux légèrement moins optimiste que Statistics Mauritius et le FMI. Toutefois, cette prévision, bien qu’elle soit supérieure à la performance réalisée l’an passé, ne représentera qu’un rebond technique si jamais elle se concrétise.

 

Tout comme le FMI, les analystes de la MCB observent que la planche de salut pour une économie mauricienne qui s’éloigne de plus en plus de son potentiel de croissance d’avant la crise viendra de la mise à exécution d’un agenda de réformes pouvant ouvrir le potentiel de tous les secteurs en termes de productivité et de compétitivité. C’est le seul moyen d’augmenter nos chances de réaliser une croissance supérieure à 4 % dans le moyen terme.

 

Des recommandations qui tomberont certainement dans l’oreille de sourds car 2014 est une année politique avec, d’un côté, un gouvernement cherchant à assurer sa survie et, de l’autre, une opposition en pleine cacophonie tentant de se frayer un chemin vers l’Hôtel du gouvernement.

 

Face à des signaux brouillés émanant de la classe politique, la communauté des affaires semble également avoir perdu la boussole économique. D’où l’attentisme affiché et les déclarations contradictoires sur l’impact du climat politique sur l’économie.