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2013, une année de perdue

26 décembre 2013, 10:17

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Avec l’année 2013 qui tire à sa fin, l’heure est désormais au bilan. Mais déjà, un constat s’impose. La reprise attendue par certains observateurs économiques n’a pas été au rendez-vous. Les derniers chiffres rendus publics par Statistics Mauritius font d’ailleurs état d’une croissance de 3,2 % pour cette année. Une performance largement en dessous des prévisions du Budget 2013 selon lesquelles le pays allait renouer avec une croissance de 4 % cette année. Évidemment, tel n’a pas été le cas. Ce qui est pire, c’est que le pays est non seulement passé très loin de cet objectif, mais il a également réalisé un taux de croissance inférieur à 2012. Du coup, il s’éloigne davantage des moyennes d’avant la crise.

 

Dès lors, une question se pose : avons-nous fait preuve de trop d’optimisme en annonçant 4 % de croissance pour cette année ? La cinglante réalité des chiffres indique, en effet, que tel a été le cas. Même si nous concédons que certains éléments échappent à notre contrôle.

 

Maurice étant une économie ouverte tournée vers l’extérieur, elle est totalement exposée aux aléas du commerce international et encore plus, maintenant, qu’il n’y a plus de filet de protection. Avec nos principaux marchés d’exportation de biens et services évoluant toujours dans un contexte de croissance très peu dynamique en 2013, il était clair que la crise de la demande allait perdurer. Cependant, il était difficile d’en prévoir l’ampleur et la durée. D’autant plus que vers la fin de 2012, ils étaient nombreux les économistes étrangers à annoncer une reprise pour cette année. Ce qui ne s’est pas avéré.

 

Clairement, nous faisons face à des niveaux d’incertitude sans précédent comme en témoignent les projections du Fonds monétaire international. Il faut savoir que l’institution de Bretton Woods a été amenée à charcuter ses prévisions de croissance mondiale en six occasions depuis le début de 2012. Dans sa livraison des Perspectives économiques mondiales en date du mois d’octobre, elle a ramené la prévision de croissance pour cette année à 2,9 %, reflétant une baisse de 0,3 % en comparaison aux prévisions initiales de juillet de cette année.

 

Certes, la crise mondiale a bon dos, mais elle n’est pas pour autant la seule responsable de l’érosion de la résilience économique et du creusement de l’écart de production. Il serait malhonnête d’y associer tous les malheurs de notre île. Alors que d’autres pays qui sont également confrontés au ralentissement économique global arrivent à tirer leurs épingles du jeu, à Maurice, nous ne sommes pas en mesure – et cela depuis plusieurs années déjà – d’atteindre nos objectifs de croissance.

 

Pourtant, les clefs de la relance sont à notre portée. Il suffit d’admettre que l’économie mauricienne se trouve en face d’un problème systémique et structurel, et qu’il faut apporter les modifications nécessaires pour la placer sur la trajectoire d’une croissance soutenue et durable.

Au lieu de cela, nous avons eu droit, durant toute l’année 2013, à une dispersion des efforts. L’économie n’a jamais pu s’imposer comme une priorité face à la vague de scandales qui a déferlé sur le pays, le bras de fer entre le Gouverneur de la Banque de Maurice, Rundheersing Bheenick, et le ministre des Finances, Xavier Duval, et la guerre intestinale qui ronge le gouvernement. Même le discours du Budget 2014 et les débats qui ont suivi se sont déroulés sur fond de tractations politiques.

 

Aussi longtemps que l’attention nécessaire ne sera pas accordée aux facteurs qui sont en train de peser sur la croissance, celle-ci continuera à évoluer en dessous de la moyenne.

 

Pour préparer la relance, il est impératif d’agir rapidement sur plusieurs fronts : la réforme des State-Owned Enterprises, la réglementation du secteur énergétique, la mise en place d’une structure pour permettre le Request for Proposal, la prise de décision dans des secteurs nécessitant des partenariats stratégiques pour améliorer notre potentiel de croissance et la mise en application des règles élémentaires de bonne gouvernance, entre autres. De ce point de vue, il ne fait aucun doute : 2013 a été une année de perdue.