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Covid: Le gratuit, le bon-marché ou le «négociable»

13 novembre 2021, 09:46

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Le Covid-19 a pris la forme d’un fléau exceptionnel et a tout bousculé dans le monde entier. Maurice qui s’est toujours présenté comme une entité exceptionnelle, bref, le nombril du monde, se retouve maintenant parmi les pays les plus affectés par le Covid-19.

Les maladresses, les contorsions et les graves manquements des autorités ne se comptent plus avec le dernier numéro de gymnastique auquel s’est livré le gouvernement dans la soirée du jeudi 11 novembre. 48 heures auparavant, ce fut le chassé-croisé entre le Premier ministre par intérim et son ministre de l’Education sur la situation dans les écoles. «Pas chaotique» selon le Premier ministre p.i., «assez grave» pour qu’on ferme les écoles, selon la cousine Leela Devi.

Ce qu’il faut comprendre avant tout dans la gestion officielle du Covid-19, c’est a-t-on vraiment mobilisé toutes les ressources scientifiques professionnelles et techniques pour protéger la population de ce fléau ? Ensuite, a-t-on utilisé toutes les ressources financières disponibles à l’Etat pour se procurer les meilleurs vaccins, les meilleurs médicaments et les meilleurs équipements ?

Hélas, au niveau des ressources scientifiques et professionnelles, on s’est comporté comme un corps paraétatique où «noubann» sert de principal critère de fonctionnement. Cela pourrait aussi être expliqué par le fait que de gros contrats sont en jeu.

Pour ce qui est de la mobilisation des ressources financières comme on l’a fait avec Rs 4 milliards pour le stade de Côte-d’Or, Rs 19 milliards pour les caméras de Safe City, les Rs 400 millions pour Liverpool, pour le Covid on a opté pour le gratuit ou le bon marché. Ce qui explique les dons reçus de l’Inde et de la Chine. L’argent est toujours conservé pour le «négociable». D’où l’achat massif du vaccin Sinopharm ou les équipements genre Pack & Blister. Il n’est pas impossible qu’à un certain niveau s’est produite une opération de «kass-fann».

Dans la mobilisation des ressources professionnelles, il faudrait saluer tout bas celui ou celle qui a conçu la formule Catherine Gaud dans l’exercice de communication du gouvernement sur le Covid19. Le coup a été savamment calculé. En effet, les Mauriciens dans leur écrasante majorité éprouvent un profond sentiment d’infériorité par rapport aux Européens et ils avalent goulûment tout ce qu’ils entendent de la bouche de ces personnes. Le coup Gaud a sans doute contribué dans une grande mesure à amener les Mauriciens à apprécier les efforts qu’entreprenait le gouvernement pour leur venir en aide. Surtout au moment des premiers morts mauriciens. On devait apprendre que les Mauriciens sont morts d’autres causes que du Covid-19. Non, le Covid n’avait pas tué la jeune Sonia Dip et les dialysés comme Habib Unjore. Les fameuses «comorbidités» ont servi de prétexte à bien de crimes dans le passé.

On s’est débarrassé bien vite du Dr Vasantrao Gujadhur mais la question reste posée si le gouvernement a vraiment fait appel aux meilleurs professionnels du service public de même que du privé. Par contre, le politicien et homme d’affaires Zouberr Joomaye reste une pièce maîtresse. Il devrait être un homme scientifiquement très doué et un super expert en gestion pour qu’il fasse partie du comité national sur le Covid tout en présidant le comité sur la vaccination tout en montant deux grandes cliniques privées à coups de quelques milliards qui pourraient éventuellement «dépanner» le service public en cas d’urgence. Il n’est pas donné à tout le monde de se montrer aussi patriotique que le Dr Joomaye. On ne finira jamais de faire le compte de tous les sacrifices que lui et sa famille ont faits pour la nation depuis 2020.

Il serait bien malhonnête de mettre tous les manquements sur le dos du Premier ministre, Pravind Kumar Jugnauth (PKJ) comme on le fait sur les réseaux sociaux. Mais PKJ est l’homme tout puissant, capable de hire and fire tout responsable dans le service public. Il n’est pas trop tard pour PKJ de bien faire surtout quand on réalise que le gouvernement s’assoit sur d’immenses ressources financières, rien que Rs 80 milliards destinées à des compagnies privées en difficulté. Le gouvernement dispose de moyens pour affréter des avions-cargo pour faire rapidement rentrer au pays des stocks massifs de vaccins de Pfizer, de médicaments dont la formule antivirale de Pfizer et de respirateurs des grands fabricants. Le ministre Kailesh Jagutpal a déclaré le jeudi 11 novembre qu’on peut dorénavant traiter des cas de Covid-19 avec des médicaments. On pourrait même mettre les compteurs à zéro et offrir le Pfizer ou tout autre vaccin digne de ce nom à tout le monde.

PKJ devrait aussi songer à faire venir au pays de grands professionnels étrangers, surtout indiens mais aussi russes et européens de l’Est pour venir épauler les médecins et les infirmiers mauriciens qui sont littéralement submergés sous le poids d’un grand nombre de cas. Maurice ne manque pas de ressources financières à cet effet. Cela coûterait certainement moins cher que le contrat avec Liverpool.

La vie d’un Mauricien, y compris du Rodriguais, n’a pas de prix. Pour cette raison, PKJ devrait tout mettre en œuvre pour que le bijou de la République, l’île Rodrigues, soit épargné de la catastrophe Covid-19 qui s’est abattue sur l’île principale.