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C’est pas du tout QI !

19 septembre 2021, 09:00

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«La naïveté démontre-t-elle une insuffisance intellectuelle ?» Cette phrase lue dans le magazine scientifique Voici m’a beaucoup troublé. Ma femme, qui a le don de porter des jugements habiles, m’a souvent reproché ma naïveté et ma tendance à voir l’innocence partout ; «Tu donnerais le Bon Dieu sans confession au premier Adolf qui passe !» me dit-elle souvent. Elle s’était même ouvertement moquée de moi pour avoir passé une journée entière, appareil à photo en bandoulière, à la recherche d’un éléphant blanc signalé à Côte-d’Or par un journal aux nouvelles fallacieuses. 

Tenez, je suis encore brouillé par l’histoire de madame Patah, épouse d’un ancien président nigérian, dont le mari avait été enlevé au nord du Niger et exécuté par les FARC. Elle m’avait écrit une poignante lettre de Conakry me demandant de l’aider à transférer 17,6 millions de dollars américains que son mari et elle avaient patiemment mis de côté pour leur retraite. Ma femme s’opposa froidement à cette transaction et la pauvre madame Patah en pâtit. Ainsi, pour éviter de froisser ma femme, je renonçais aussi à deux millions d’euros gagnés grâce au tirage au sort de mon adresse email et à trois milliards de yuans que j’avais hérités d’un oncle prénommé Chen, décédé de la fièvre Ebola à Kyoto. 

Tout comme l’épée retenue au-dessus de la tête de Damoclès par un crin de cheval, une question restait en suspens au sommet de mon crâne ; avais-je les neurones au ras des pâquerettes ? Je décidais de faire un test de QI (Quotient Intellectuel) afin de tirer cette question au clair et éviter de recevoir la question sur la tronche. Je me connectais sur «suis-je-un-cretin.com» et débutais mon test avec détermination. Les questions étaient d’une banalité déconcertante ; il fallait mettre des carrés dans des ronds ou des ronds dans des triangles, connaître la racine carrée du ginseng, compter combien d’allumettes entrent dans un container de six pieds et quand une personne entre dans un bus alors que trois autres en sortent, quel serait l’âge du chauffeur ? Finalement, à ma grande surprise j’obtenais un score de trente-neuf. Pensant que le test était sur quarante, je me mis à pavoiser, mais le rapport des experts me fit déchanter… 

Wechsler, qui comme Richter possédait une échelle, indiquait que les scores inférieurs ou égaux à 69 étaient classés dans la catégorie «extrêmement faible». Selon les spécialistes, j’étais intellectuellement plus proche de la poule que de Terence Tao, un mathématicien australien, dont le QI serait de 230. 69 était déjà un chiffre renversant, mais avec 39, il ne me restait plus qu’à passer le reste de ma vie à picorer dans la cour en poussant des cot-cot-cot déchirants à défaut de Qi-Qi-Qi joyeux. Le test avait coûté 250 euros ; j’avais vraiment l’impression de m’être fait plumer ! Ma femme tenta de désamorcer la situation en me disant : «Ce ne sont que des chiffres, ça ne veut rien dire… ne soit pas une poule mouillée et patati et patata…» mais au fond de mon cerveau de gallinacé, il fallait me rendre à l’évidence ; mon intellect était léger comme une plume et ma matière grise hautement volatile. Ma femme serait sans doute mieux dans les bras de Terence Tao que sous mon aile. 

Un neveu qui me voulait du bien passa un jour au poulailler et m’informa que le QI était chose du passé et que les entreprises modernes se penchaient désormais sur le QE (Quotient Émotionnel). Les chercheurs Mayer et Salovey avaient démontré qu’on pouvait être pauvre d’esprit, mais riche de coeur ! J’avais peut-être encore une chance de ne pas finir ma vie en «catless» ! Je passais le test avec mention et pouvais me targuer d’être désormais un crétin émotionnellement intelligent. 

En parcourant mon rapport de QI mon neveu découvrit aussi que j’avais en fait obtenu 93 à mon test de QI et non pas 39... 

Il semblerait qu’en plus j’ai tendance à voir les chiffres à srevne’l...