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3 371 compatriotes forcés à l’exil: aveu d’incapacité

30 avril 2020, 07:48

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3 371 compatriotes forcés à l’exil: aveu d’incapacité

Incompréhension, colère et révolte : c’est ainsi que l’on peut résumer le sentiment qu’éprouvent aujourd’hui ces milliers de parents ou proches dont un des leurs se trouve en exil forcé depuis plus d’un mois. Ils ne savent plus vers qui se tourner puisque les autorités leur disent toujours une même rengaine : on est au courant, mais c’est difficile, on essaye. Des clichés qui ne font qu’exacerber les angoisses, les frustrations. Quant aux 3 371 Mauriciens que le pays laisse croupir ailleurs, loin de ses yeux, ils doivent bien avoir dans des instants pareils, ce sentiment négatif d’être rejetés par ceux responsables de leur calvaire.

Une certaine légèreté

Beaucoup a été dit sur cette décision prise dans la soirée du 18 mars pour la fermeture de l’aéroport du pays, même aux citoyens mauriciens, le lendemain, soit le 19 mars, à 10 heures. Mais ce qui demeure incompréhensible, c’est cette manière avec laquelle certains problèmes y relatifs sont traités. Alors que des drames se jouent pour nos compatriotes se trouvant sur un sol étranger, plane à Maurice une certaine légèreté, reléguant la situation précaire des victimes à un rang éloigné dans la liste des priorités du moment.

Évidemment, les victimes de la décision du 18 mars n’entendent pas prendre la place de la relance de l’économie et les quantum à verser au secteur privé sur l’agenda des préoccupations nationales. Ils veulent seulement être traités comme tout citoyen mauricien, dotés de droits, et d’un passeport mauricien, sur lequel on lit que le président de la République «requiert de laisser passer le titulaire librement et sans empêchement et de lui fournir toute assistance et protection si nécessaire». Avouez que ce serait paradoxale d’exiger aux pays étrangers de se plier à une telle demande alors que le pays émetteur du document de voyage lui-même empêche de «laisser passer le titulaire librement» ne lui offre aucune «assistance et protection» !

Inde, Malaisie, Éthiopie…

Elle était partie travailler en Zambie et devait rentrer à Maurice le 21 mars. Le 18 mars au soir, elle apprend la fermeture de l’aéroport de Maurice prévue pour le 19 mars à 10 heures. Impossibilité totale pour elle de rentrer au pays à temps. Imaginez le désarroi, dans un pays qu’elle doit impérativement quitter, mais aller où ? Elle s’est rendue à Addis Ababa, où elle est mise en «quatorzaine», période qu’elle a complétée, et elle attend toujours de pouvoir rentrer au pays. Elle n’est pas seule : plus de 3 371 Mauriciens sont dans la même galère, dans d’autres pays, et subissent les conséquences de la décision du 18 mars.

On l’a souvent répété dans cette chronique : cette lutte contre le Covid-19 ne se gagnera qu’avec la pleine participation de la population dans les mesures proposées par les autorités. Il est important que ceux qui nous dirigent comprennent que le peuple est l’élément clé, l’acteur déterminant dans le destin du pays face à cette pandémie dont la fin n’est pas si proche que l’on pourrait croire.

De la cohérence

Le Mauricien n’est pas un chiffre, ni une variable déshumanisée, un robot, un pion que l’on bouge sur l’échiquier de la lutte contre le Covid-19. Le Mauricien a des sensibilités, il regarde aussi ceux qui donne des ordres avant de les obéir. Il jouera son rôle de manière responsable s’il a confiance dans les donneurs de consignes. Et il importe à ces derniers de démontrer, par leurs actes, paroles et décisions, un degré élevé de cohérence. Il y va du destin d’un pays !