Publicité
Les «pa konpran», ... pas seulement chez le petit peuple
Par
Partager cet article
Les «pa konpran», ... pas seulement chez le petit peuple
La proposition est pourtant simple : il n’y a pas de remède, pas de vaccin, pour l’heure, contre le Covid-19. Il ne nous reste qu’à empêcher la contagion. Et pour cela, la clé se trouve entre les mains du peuple. Et si l’on veut que le peuple suit les consignes, faut compter sur sa participation, gagner sa confiance. Et pour ça, il faut lui dire les vérités, répondre aux questions qu’il se pose, tout lui exposer, en transparence, sinon, il construira sa propre vérité, des fois par la rumeur et les on-dit. Si l’on veut que le peuple comprenne, que sa conscience soit éveillée, donnons-lui des raisons pour croire en ceux qui lui donnent des ordres, afin qu’il n’ait pas à cultiver des doutes et qu’il se mette à violer le couvre-feu, à tricher pour une bouteille de gaz ou une boite de sardine, à défier les consignes.
À se demander de quels doutes s’agit-il, ou de quelle vérité à faire connaître au peuple, signifierait que l’on n’a rien compris de sa nature, de son comportement. Si le peuple ne connait pas les motifs derrière la fermeture des portes du pays sans préavis décent, aux fils et filles du sol, leur laissant moisir ailleurs, comment peut-il soutenir un tel acte et ceux qui en ont décidé ainsi ? Si le peuple ne connaît pas aujourd’hui le plan de réponse, le modelling, travaillé à ce jour, pour les différents scénarios à venir, avec 300, 500 ou 1 000 cas de Covid-19, comment veut-on qu’il soit solidaire des restrictions encore plus sévères de sa liberté ?
Et pourtant, il n’est pas nécessaire d’être expert pour comprendre que le peuple a besoin de préparation afin de consentir à des sacrifices. Et que le prendre par surprise rend son adhésion à toute consigne bouleversant ses habitudes, difficile.
Le mythe de l’unité politique
Depuis le début de la crise, on entend, sous différentes variances, des appels selon lequels tous les partis politiques se mettent ensemble pour aider dans la lutte contre le Covid-19. Certains demandent au gouvernement de mettre le leader de l’opposition à contribution, d’autres proposent un high-level committee, ou vont même jusqu’à proposer un gouvernement d’unité nationale.
L’audace de ces propositions fait abstraction du rapport très particulier que tiennent nos élites politiques avec le pouvoir, toujours considéré comme étant une propriété personnelle, voire clanique ou familiale. On voit mal comment des souhaits qui insinuent indirectement un partage de pouvoir vont être compris, entretenus et acceptés par ceux qui sont sur le trône, même avec un soutien populaire minoritaire. Et sans compter que la moindre parcelle de pouvoir cédée risque d’être interprétée comme un aveu de faiblesse dans notre univers politique local.
Quant à la proposition d’un gouvernement d’unité nationale, même si elle est farfelue – heureusement d’ailleurs –, elle mérite qu’elle soit farouchement repoussée dès le départ. Déjà la situation de crise provoquée par le Covid-19 peut donner des prétextes au pouvoir, tel qu’il est présentement constitué, pour renforcer son emprise sur la liberté de l’individu. Veut-on rendre le pouvoir encore plus puissant et laisser le peuple seul dans ses revendications ? Non au parti unique, crise ou pas crise !
Publicité
Les plus récents